Evaluer à partir de ce qu’observent les gens depuis leurs villages
06 / 2001
Karaïba SONKO nous présente l’association au sein de laquelle il est responsable de la commission Formation-Communication : "La Coordination des Organisations Professionnelles et Rurales (CORD) du département de Bignona est composée, en mai 2001, de 11 associations paysannes. Cette coordination a été mise en place depuis 1988, suite à l’émergence massive d’organisations paysannes et également à des interventions des partenaires au niveau de ce département. La concurrence aveugle entre ces organisations paysannes donnait l’impression que les organisations ne voulaient pas partager l’espace géographique. Chacune voulait tirer le maximum de membres vers elle et ces conflits avaient un peu freiné le développement au niveau des villages où évoluaient ces organisations paysannes. Voilà les raisons qui ont poussé les leaders à se retrouver et à discuter de la possibilité de créer une coordination au niveau départemental pour défendre les intérêts des membres des associations, orienter les interventions des bailleurs ou des partenaires au développement au sein par exemple, CORD pouvait appuyer la négociation des programmes, leur élaboration, négocier la formation pour ces organisations membres.
CORD a mis en place un outil de communication la Maison du Paysan, à Bignona, administrée par un directeur. C’était un outil d’appui technique entre les organisations. Les membres pouvaient venir demander des services ou des informations. CORD en ce moment avait son bureau exécutif et un conseil d’administration.
Cette Maison du Paysan a fonctionné de 1988 jusqu’au 20 mai 1994. Au départ, il y avait assez de programmes que CORD a piloté avec l’appui de son principal partenaire, le département de l’Aveyron. Par exemple, on a mis en place beaucoup d’ateliers, notamment l’atelier mécanique et forge. CORD a aussi entretenu des relations avec certaines ONG de la région dans le cadre du suivi de leurs programmes. Et tout ça permettait à CORD de jouer son rôle. A un moment donné, il y a eu une sorte de crise institutionnelle. Quand il y avait convocation aux réunions, on ne voyait pas certaines associations, certains responsables de la coordination n’étaient plus fonctionnels et certains responsables de CORD issus des quelques Organisations Paysannes (AJAC, Entente, CADEF) se sont sentis un peu marginalisés. De même pour les responsables, on ne savait plus qui était responsable de quoi et tout ça a motivé le démarrage de ce processus de diagnostic organisationnel.
Ceci a permis à la coordination de se mettre en cause. Grâce à l’appui d’un partenaire, un projet de l’aide allemande, nous nous sommes lancés dans un processus de diagnostic organisationnel pour décanter cette crise. Ce processus avait pour objectif de réorganiser les instances de CORD mais également de redéfinir sa mission.
Quelle a été l’approche, la démarche ? On a identifié une consultante et ensuite les responsables ont été impliqués dans ce processus pour descendre au niveau des organisations paysannes. Pour prendre en compte d’abord ce que disaient les membres à la base. Ensuite à tous les niveaux on devait faire un diagnostic. Les gens ont dit que CORD était mort et cela c’est la base qui l’a dit. Cela parce que certains se sentaient marginalisés. D’autres ont dit qu’ils ne voyaient pas de rapport entre CORD et ses membres.
Ce processus de diagnostic organisationnel a provoqué un nouvel élan. On a re-convoqué pour une restitution de l’évaluation. Celle-ci a permis aux responsables des organisations paysannes membres de dire "Ok, CORD est simplement malade mais n’est pas mort, il vit mais à condition qu’une solution urgente soit envisagée". La solution était celle-ci : organiser immédiatement une assemblée générale de renouvellement car depuis 10 ans que CORD a existé, il n’y a jamais eu d’assemblée de renouvellement. Il est ressorti également qu’il n’y avait aucun papier formel (pas de statuts, pas de règlement intérieur) auquel se référer à un moment donné pour dire telle ou telle chose. Enfin on voulait que des procédures de gestion soient mises en place, que la gestion des biens de l’association et de la Maison du Paysan soit revue, et que les rapports entre CORD et les organisations paysannes soient clarifiés.
Cette assemblée a réuni 10 participants par organisation paysanne et a permis de réfléchir à un ensemble de propositions faites par les organisations paysannes lors du diagnostic. Des ateliers ont permis de faire des propositions qu’on a présentées au niveau de l’assemblée générale, qui les a adoptées.
Six commissions sont en place pour répondre aux besoins des organisations paysannes et sont placées sous le contrôle du secrétariat administratif. Il revient aux commissions de faire des programmes pour descendre sur le terrain, pour recueillir les besoins ou même la vision des gens des organisations paysannes par rapport à chaque domaine : formation communication, développement organisationnel, développement de la femme, recherche-développement, suivi évaluation, économie et finance. "
countrymen’s organization, assessment, dialogue
, Senegal, Bignona
Quoi de plus difficile à réussir qu’une coordination ? Au sud du Sénégal, un ensemble d’organisations paysannes a créé un collectif en 1988. Quelques années après, il paraissait mort. Une évaluation menée avec les groupements villageois lui a redonné vie.
Voir fiche GRAD extraite du même entretien.
Entretien avec SONKO, Kalilou réalisé en 1998 par LECOMTE, Benoît
Interview
LECOMTE, Benoît ; GUERIN, Jérémie
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