Plusieurs partenaires : pour une petite association, cela représente des dizaines de conditions imposées à satisfaire.
Appolinaire AHANZO, Christophe VADON
11 / 2001
Appolinaire Ahanzo nous explique ceci : " Ce qui nous manquait au niveau de l’ATBD (Aide Technique Bénévole au Développement), c’est le fonds de roulement. Avec l’AFVP on a cherché des subventions. C’est l’Association Française des Volontaires pour le Progrès (AFVP). Au début nous n’avons pas pu donner une orientation nette à la forme de partenariat, ils ont dit qu’ils vont d’abord nous encadrer, nous donner des gestionnaires. Tout de suite nous avons découvert leurs frais de coopération qui nous a fait de grandes surprises désagréables. Dans un premier temps, ils nous ont proposé 13 millions CFA (130 000 FF) en 24 mois. Puis, ils ont dit qu’ils mettaient 2 personnes à notre disposition : alors qu’avec à peine 2 millions ou un peu plus nous payons une vingtaine de travailleurs pendant un an. Mais, eux exigeaient de nous plus de 6 millions pour ces 2 personnes !
Nous avons encore des frais pour notre fonctionnement. Je pensais aussi qu’on doit épargner parce qu’on aura d’autres problèmes à résoudre. Or récemment, nous avons reçu une personne d’AFVP qui a voulu travailler avec nous un dossier concernant l’extension de l’atelier. Ils sont venus avec un technicien en bâtiment et j’ai dit qu’il pouvait nous aider à monter le dossier. Nous n’avions pas travaillé jusque là avec des techniciens de haut niveau pour monter le centre parce que c’est moi-même qui avais fait le plan, calculé les briques, le ciment, discuté avec le maçon sur le prix. Nous avions envoyé le devis à notre partenaire ATD qui finançait. Mais, au moment où on avait besoin de trésorerie ! Pendant le même temps, eux disaient : " il faut mettre des fauteuils dans le bureau de la direction et climatiser toutes les salles, même la chambre du gardien ! " Je me disais que tout cela n’était pas nécessaire.
Si j’avais plus de liberté je ferais beaucoup de choses. Des fonds sont mis à ma disposition donc il faut tout mettre en oeuvre pour que cela soit rentabilisé. Vous, vous me parlez de notre autonomie. C’est vrai, si c’est une décision que je veux prendre, je n’aurai pas besoin nécessairement de consulter ATD-France par courrier. AFVP m’a dit la même chose la fois dernière parce que chaque fois que je me posais un problème que nous devons résoudre ensemble, je devais envoyer le message en France par courrier postal. En effet je ne téléphone plus fréquemment parce que je dois réduire les charges. Ils m’ont dit: "Tu peux discuter avec M. Kapko pour prendre certaines décisions librement. Mais si, pour que tu nous dises que tu es d’accord, il faut d’abord l’avis d’ATD-France, ça risque de faire traîner la chose". Je leur dis que je n’y peux rien car ce sont les mesures qu’il faut respecter pour lui donner davantage confiance au cas où je prends des décisions erronées. Sinon après ATD va me dire : "Tu ne m’as pas informé et tu devais m’écouter". Mais je pense qu’il a confiance en nous puisque nous n’avons pas dû signer un contrat pour les fonds qu’il a envoyés au Bénin.
Nous avons déjà défini nos capacités de production et nous cherchons à améliorer les performances en respectant les normes de qualité : mais il y a l’argent ! Les producteurs ont confiance en nous et nous avons acheté des ananas à crédit parce que nous attendons de l’argent de notre client ’Solidaire’, depuis un mois. Le virement est fait nous disent ceux-ci mais l’argent n’est pas encore arrivé dans notre compte. Et pour ce que nous venons d’envoyer à une autre association suisse de commerce équitable : CLARO, nous avons reçu seulement 50 %, que nous avons déjà utilisé. Tout cela nécessite des fonds. La garantie pour ATD-France est que le gros du marché est en Europe donc ATD-France doit nous faire confiance pour que nous puissions produire en quantité et en respectant les normes de qualité. Mais si on ne met pas de fonds de roulement à notre disposition, on aura des difficultés pour répondre aux exigences. Si un moment donné nous n’en pouvons plus, nous allons faire le point avec les travailleurs et, s’il faut fermer, on ferme. Donc l’échec serait indépendant de notre volonté et ce qui est arrivé aux entreprises d’Etat qui pourrait nous arriver ".
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, Benin, Switzerland, France, Abomey, Annemasse
une petite structure d’aide du Nord cherche en France et en Suisse des marchés, trouve des crédits-clients et s’engage dans une entreprise béninoise co-fondée avec un partenaire béninois, novice en cette matière. Pour trouver des fonds d’investissements, eux deux font appel à l’aide française, via l’AFVP. Un enseignant béninois, notre interlocuteur, est celui qui supporte tout cela. Il décrit les attitudes et les diktats des uns et des autres.
M. Ahanzo est professeur de lettres, et depuis 1984, en poste de surveillant général chargé de l’ordre et de la discipline au lycée d’Abomey. Il est engagé dans le développement communautaire depuis 1981 et a lancé une coopération scolaire au sein de son lycée en 1989.
Entretien avec AHANZO, Appolinaire
Interview
VADON, Christophe ; GUERIN, Jérémie
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