Ousseiny OUEDRAOGO, Christophe VADON
05 / 2001
Ousseiny Ouedraogo, permanent de la FENOP ( Fédération Nationale des Organisations Paysannes ) décrit ceci :
A/ "Au départ, quand un groupement naissait, c’était très souvent pour avoir du crédit ou la charrue. Les gens, on les obligeait à se grouper. Les choses ont évolué progressivement. Au fil des années, ces structures-là ont essayé de se prendre en charge, de trouver réellement des voies pour l’auto promotion paysanne. Il y en a qui ont évolué et qui ont embrassé une logique de mouvement ; ils se disent : " nous sommes dans des groupes de producteurs, au départ, on s’est réunis parce qu’on avait tel problème précis mais en fait, il y a toujours des problèmes qui restent ; si on ne va pas ensemble, rien ne changera. Il faut une dynamique collective". Certains sont arrivés à ce niveau là, et la crise, ou plutôt les changements sur le plan politique, sur le plan économique a aidé leur action également. Ces organisations, dont certaines "ne parlaient même pas entre elles", ont commencé, grâce aux appuis, depuis 90, à "regarder leur parcours passé". C’est le signe d’une certaine motivation, quand un organisme arrive à décider ceci : "Maintenant, il faut qu’on s’arrête de temps en temps pour faire le bilan et voir quels sont les moyens pour continuer". Cela n’existait pas il y a 20 ou 25 ans. Ce n’était pas le moment. Et puis, il y a les leaders. Actuellement, il y a une nouvelle génération qui est là, des jeunes qui ont une certaine vision. Ce sont eux qui ont beaucoup poussé à cela. Les gens ont pris conscience qu’on ne peut plus rester à se battre d’une façon isolée. Et qu’il est important d’aller ensemble pour affronter certains défis. Devant le contexte politique, le contexte économique, la dévaluation, les paysans ont du chercher un nouvel équilibre. Il y a eu alors des alliances, des gens essayaient de créer des synergies. Cela a permis de rapprocher les gens. Ils ont créé notre fédération nationale en1995, d’autres fédérations aussi. Il y a eu aussi l’exemple de l’organisation des filières, la filière " riz " par exemple. Et puis, de plus en plus, on parle de l’UMOA (Union Economique et Monétaire de l’Ouest Africain). Une union inter-états comme celle-là est bonne mais a certainement des dangers aussi et les paysans doivent se préparer. Ce défi-là aussi les unit."
B/ "Voilà justement notre rôle à nous, FENOP, c’est l’information sur des institutions comme ça. Nous devons glaner les informations sur ces projets et les livrer aux paysans. Sur le plan politique, nous devons aider à définir l’option de la politique nationale et à voir les dangers pour les paysans. La FENOP, en dehors de son rôle de "syndicat" (même si chez nous on est prudent sur ce mot) cherche à apporter un appui pour l’élaboration, par ses associations membres, de projets et de programmes sérieux. La FENOP intervient aussi dans la mise en contact des organisations membres et des partenaires. Notre but est alors simplement de donner l’information intéressante aux associations membres. Et notre travail est aussi de chercher cette information. Nous servons alors d’interface en précisant à chaque association dans quel ou quel domaine travaillent les intervenants extérieurs. Il nous arrive aussi d’orienter les associations vers des partenaires en leur disant : "Eux, ils ont une grande expérience, allez discuter avec eux".
C/ " Pour le financement de la FENOP, il y a eu 3 périodes : au début (1992-94), c’était uniquement un problème de réflexion. Pendant 2 ans, on a travaillé pour étudier, comprendre la situation des OP dans le contexte national. L’Etat nous a permis, au bout de 2 ans, de nous rencontrer. Ceux qui étaient chargés d’animer cela, de faire les synthèses, ont estimé nécessaire de créer une structure nationale. Les gens ont choisi et cela a été l’assemblée constitutive de la FENOP. Un premier financement (c’était un programme de 116 millions CFA, 1,16 million FF) nous a permis de travailler jusqu’en 97. A partir de là, on a commencé à élaborer un nouveau programme, un plan d’action sur 4 ans qui va nous permettre de mettre en ouvre les mécanismes souhaités. Pour assurer le premier financement, on a su accrocher la Commission Nationale de Décentralisation. On pensait
que les paysans devaient être informés sur le processus de décentralisation. Il y avait comme financiers la Commission Nationale de Décentralisation, le CILSS (Comité Inter-Etats de Lutte Contre la Sécheresse) la coopération suisse, la coopération française et l’AFDI (Agriculteurs Français pour le Développement International). Pour le deuxième plan d’actions, nous sommes en négociation (aujourd’hui en 1998). Avec toutes les agences de coopération intervenant au Burkina. Il y a eu des promesses mais ceux qui ont déjà concrétisé quelque chose c’est la coopération suisse qui a pris des engagements. On veut connaître l’engagement de tout un chacun. Si la contribution de la coopération suisse et d’une autre coopération couvre tout le budget. Alors qu’il y en a d’autres qui veulent s’engager, on va rediscuter les contributions des 2 pour laisser aussi la place aux autres pour que ce soit vraiment ouvert".
countrymen’s organization, community participation, information, access to credit
, Burkina Faso
Entretien de Ousseiny Ouedraogo par Christophe Vadon.
Les fiches DPH préparées par l’équipe du GRAD à partir d’interviews auprès de responsables d’organisations paysannes en zone sahélienne, sans cesse renouvelées depuis 1995, sont un instrument commode pour suivre la progression du monde rural de cette région.
Entretien avec OUEDRAOGO, Ousseiny
Interview
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