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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Regards sur les enquêtes et diagnostics participatifs

La situation d’enquête comme interface

Elisabeth PAQUOT

02 / 2002

Ce texte ouvre un débat sur la pratique des enquêtes et diagnostics participatifs à travers la présentation et l’analyse de textes basés sur une réflexion émanant essentiellement du monde anglo-saxon. Le choix d’auteurs reconnus et de textes d’horizons divers fondés sur des expériences concrètes contribuent à engager une réflexion de fond sur les démarches d’enquêtes et de diagnostics participatifs, en confrontant des méthodes, des résultats, leurs sources, et en relevant certaines pratiques parfois contradictoires. D’autre part, cette présentation de divers travaux permet de suggérer des pistes de travail multiples et de contextualiser le débat.

L’objectif de ce texte n’est pas de disqualifier l’ambition participative mais de s’interroger sur les effets de l’intervention et sa capacité à atteindre ses objectifs réels, dans un contexte francophone. Alors que cette démarche de diagnostic participatif se généralise dans le monde anglo-saxon, il existe actuellement peu de repères et de garde-fous pouvant favoriser une démarche aboutie en zone francophone; la réflexion critique et constructive en langue française restant encore trop faible.

Si la démarche participative est devenue incontournable et prétend dans un discours souvent englobant " associer les bénéficiaires à toutes les étapes, depuis le diagnostic jusqu’à l’évaluation ", ces textes montrent que, dans la pratique, ses objectifs varient et qu’un certain nombre de flous théoriques et méthodologiques handicapent et réduisent fortement son impact selon les individus et les institutions qui l’utilisent.

Ce texte propose également une analyse critique sur l’évolution du mouvement de la Marp : méthode active de recherche et de planification participatives. Il montre que la démarche Marp utilisée dans des contextes où l’intervention ne partage pas les ambitions de renforcement des capacités locales, reste soumise aux logiques classiques de l’aide par projet, et que la fascination pour les outils de la Marp se traduit parfois par une insuffisance d’analyse.

De plus, ce texte montre que les approches participatives proposent souvent des catégories sociales standardisées, trop générales, avec une conception restreinte des rapports de pouvoir et des différenciations sociales. Mettre uniquement l’accent sur la communauté et le dialogue comme le fait une bonne partie du mouvement participatif qui repose sur des postulats communautaires, risque de favoriser diverses récupérations, comme celles des notables locaux, mais aussi celles du système d’aide lui-même.

L’essentiel de l’ambition de la recherche participative devrait résulter de la capacité des acteurs à apprendre à réagir. Cela implique : des méthodes de travail participatif dans un processus d’apprentissage et de recherche afin de résoudre collectivement les problèmes, à travers un dialogue entre chercheurs et populations concernées ; des méthodes de travail nouvelles, utilisant largement les techniques de dynamique de groupe et les supports visuels permettant de débattre collectivement ; et finalement une nouvelle approche professionnelle de la recherche.

Au delà de la réthorique qui peut finalement être elle même un obstacle, l’analyse proposée dans ce texte porte sur les conditions institutionnelles de la participation, les enjeux de connaissance et de pouvoir ainsi que les problèmes théoriques et méthodologiques posés par les enquêtes participatives.

Ce texte met en évidence la nécessité de mieux cerner les enjeux réels liés notamment au contexte politique et institutionnel, à la structuration et au traitement de l’information. Il montre l’importance de cerner les marges de manouvre et les potentialités d’évolution et de préciser les objectifs que l’on donne à la participation dans un contexte donné, ainsi que les formes et modalités d’interaction entre acteurs au cours du processus. Enfin, il insiste sur la nécessité d’ancrer les évolutions de pouvoir ou de prérogatives dans les dispositifs institutionnels ; de travailler la stratégie d’enquête en fonction de ses objectifs en terme de production de connaissances et d’interaction avec les populations ; d’ être attentif aux conditions d’enquête et aux jeux d’acteurs suscités par l’intervention ; et enfin d’appréhender la diversité des points de vue sans postuler un hypothétique consensus préalable. Autant de conditions qui paraissent nécessaires pour définir et mettre en ouvre une stratégie cohérente dans la durée où les enquêtes ne sont que des outils, et où les ambitions plus larges de la pratique participative telles que la maîtrise des conditions de validité et les modalités d’interprétation adéquates sont appréhendées de manière efficace.

Key words

participation research, participation assessment, methodology, diagnosis method


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Source

Internal document

LAVIGNE DELVILLE, Philippe, Gret, Direction scientifique, Regards sur les enquêtes et diagnostics participatifs, GRET , 2000/10 (France), Document de travail n°17, Dire, 24 pages

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