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Enfants-soldats drogués en Sierra Leone

10 / 1993

La guerre civile qui déchire la Sierra Leone depuis l991 est un exemple particulièrement éclairant des relations entre les conflits dans le tiers monde et la consommation de drogues qu’ils génèrent. Dans ce cas précis, des enfants sont en outre concerné.

En 1991, des troupes irrégulières du Front révolutionnaire uni (FRU), formées de soldats du Front national patriotique du Libéria (FNPL)de Charles Taylor et de recrues sierra leonaise, ont envahi la zone sud-est du pays. L’armée de Sierra Leone, ses alliés du Mouvement uni pour la libération du Libéria (ULIMO)et les contingents nigérians et guinéens de la force d’intervention africaine (ECOMOG)ont coupé les rebelles de leur base d’appui, le territoire contrôlé par le FNLP.La rébellion ne constituait plus, à la fin de l993, une menace pour le pouvoir central.Mais outre sa dimension géopolitique, ce conflit s’est greffé, en Sierra Leone, sur des conflits locaux mettant aux prises des ethnies, des tribus ou des villages. Ce sont ces antagonismes, approfondis par les atrocités commises des deux côtés, qui alimentent aujourd’hui les affrontements sporadiques dans cette région.

Durant les conflits, toutes les forces en présence ont recruté des enfants-soldats à partir de l’âge de huit ans. Après une formation militaire d’une semaine à six mois, ils étaient employés comme gardes du corps, cuisiniers, sentinelles, ou envoyés au front. Un certain nombre d’entre eux se sont engagés après le massacre de leur famille et étaient animés par un désir de vengeance. Dans le but de les rendre inconscients du danger, ces enfants ont été systématiquement drogués par leur chef, qui ont employé par cela la marihuana, les psychotropes et même parfois l’héroïne. A défaut de ces drogues "classiques", les enfants-soldats consommaient la poudre extraite des balles dissoute dans du thé ou de la bière.

Mais c’est l’ensemble des combattants dans ce conflit qui a consommé de la drogue, soit spontanément soit à l’instigation des commandants. Comme au Libéria, cela contribue à expliquer des atrocités commises durant le conflit : massacres de femmes et d’enfants, mutilations infligées à l’adversaire, etc. Une "infirmière" a raconté aux agents de la Brigade des stups de Freetown qu’elle avait été obligée d’injecter une substance, dont elle ignorait la nature (probablement de l’héroïne), à des combattants avant qu’ils ne montent en première ligne.

Le 31 mai l993, le gouvernement de Sierra Leone a annoncé la démobilisation des enfants de moins de 15 ans. Deux semaines plus tard, l’UNICEF, qui a mis en place un programme pour leur réinsertion, prenait en charge 240 d’entre eux, dont 8 filles. Mais cela n’a pas résolu le problème posé par les soldats adultes. Beaucoup sont devenus dépendants de la drogue et sont prêts, pour s’en procurer, à utiliser leurs armes. C’est ainsi que les meurtres et les vols se sont multipliés dans les quartiers populaires depuis le retour du front de ces combattants.

Key words

drugs, human rights, child, drug consumption


, Sierra Leone

Comments

La toxicomanie de guerre a pu être observée dans plusieurs régions du monde, en particulier au Liban où les combattants de certaines milices recevaient des amphétamines avant de monter au combat et de l’héroïne ensuite pour calmer leur stress. En Afrique, on attribue souvent à la consommation des drogues les atrocités commises au cours de certains conflits en particulier au Libéria, en Sierra Leoneau Zaïre ou au Burundi.

Notes

Nature = enquête

Source

Other

KPAKRA, Bob Sam, OGD=OBSERVATOIRE GEOPOLITIQUE DES DROGUES

OGD (Observatoire Géopolitique des Drogues) - France

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