Il est encore difficile aujourd’hui, en Égypte, d’exercer sans censure le métier de journaliste. Magda Algendi, journaliste depuis trente ans, a développé un type de presse accessible à tous : la presse culturelle. Par le biais des livres, elle exprime ses idées.
12 / 2001
D’abord destinée à l’enseignement, Magda Algendi a débuté dans son métier de journaliste à l’âge de dix-huit ans et fut découverte par le magazine égyptien « Sabah El Kein » (Bonjour), qui appréciait la richesse de ses idées. Sa mission consistait alors à faire « du journalisme de rue ». Elle interviewait les gens du peuple, relatait des situations du quotidien et se situait entre le reportage/interview et le politique/social. En 1998, Magda intègre la plus célèbre entreprise de presse du monde arabe (125 ans d’existence) : « Al Ahram » (Les Pyramides). Ce quotidien est tiré à plus d’un million d’exemplaires chaque matin et l’organisation au sein de la maison est très sectorisée, « quasi militaire ». En intégrant cette équipe, Magda Algendi a déjà l’idée de faire paraître un supplément sur la culture. Sa demande n’est pas tout de suite prise au sérieux. C’est une « fausse idée », selon son patron, peut-être trop banale. Mais la journaliste est déterminée. Elle use alors d’un argument pertinent : le supplément pourrait faire le prestige du journal, devenant « l’accessoire sur le costume ». Cette justification pesa en sa faveur. Le supplément allait paraître.
Cela fait trois ans maintenant que le supplément mis en place par Magda Algendi paraît tous les mardis. Sa vocation première est de véhiculer à travers les livres des idées aussi bien sur la politique et la culture que, par exemple, sur la cuisine. Ce mode d’expression a permis à la journaliste de détourner la censure qui s’exerce dans son pays avec un découpage en quatre pôles : égyptien, arabe, africain, international. Ce système lui permet d’approcher des lecteurs d’origines différentes. Le livre devient un outil dont elle fait le médiateur de ses idées. Selon elle, il permet à tous d’être plus attentifs aux problèmes politiques, économiques et de pouvoir, et de se forger un avis personnel. Le supplément aboutit à bâtir une conscience collective. De plus, Magda Algendi tient à préserver une écriture qui lui est propre, « savoureuse » et laissée à la libre interprétation de chacun. Elle travaille seule avec l’aide d’un technicien. Dès sa parution, le supplément fut un véritable succès. Son objectif premier était de toucher le peuple, mais les intellectuels l’ont également plébiscité. Si bien que Magda Algendi a été invitée dernièrement au Salon du livre de jeunesse de Montreuil, à côté de Paris (France), car son supplément a été découvert et apprécié par l’ambassade d’Egypte en France. En ce moment, elle pense élargir ses champs d’action et s’intéresse notamment à la musique, aux spectacles, etc.
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, Egypt
Les médias font encore peur. Définis comme le quatrième pouvoir, il sont vite encadrés par l’Etat et objets de censure. Madga Algendi, avec son supplément dans « Al Ahram », a réussi à déjouer la censure qui règne toujours dans son pays et, par le biais de la culture, a bâti une conscience collective. Magda Algendi est une personne très attachante, enjouée et fière de son parcours journalistique.
Fiche rédigée dans le cadre de l’Assemblée Mondiale des Citoyens, Lille, décembre 2001.
Interview
Entretien avec Magda Algendi - magogi16@yahoo.com
Chantier Jeunes Nord Pas de Calais, Alliance pour un Monde Responsable, Pluriel et Solidaire - 80 rue Jean sans peur, 59800 Lille