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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Le Centre d’études rural d’Albanie encourage les paysans à défendre leurs intérêts communs

Urbain NJATANG

12 / 2001

L’Albanie traverse, comme les autres anciens pays socialistes de l’Europe de l’Est, une période de déficit de dialogue entre l’Etat et la société et, plus singulièrement, entre l’Etat et la société rurale. Dans ce contexte, les organisations non-gouvernementales deviennent des instruments de médiation entre les paysans et les institutions publiques nationales et internationales.

Les populations rurales, en raison d’une transition rapide du pays vers le « marché libre », souffrent d’une absence de formation adéquate, de capacité de prise de décisions, de sources d’informations fiables, de partenariats visant à développer leurs activités. C’est pour faire face à cette situation que le Centre d’études rural d’Albanie, dirigé par Adrian Civici, a vu le jour. Il a pour mission principale de servir d’intermédiaire entre, d’un côté, les pouvoirs publics, les institutions nationales et internationales et les associations de crédit, et, de l’autre, les paysans, les associations paysannes et les structures locales (communes et villages). Plus explicitement, les objectifs spécifiques du Centre sont les suivants : formation des paysans aux défis de l’économie de marché, aide en investissements et en techniques de production, éducation aux partenariats Etat-paysans, institutions nationales et internationales-paysans, instauration d’échanges avec les paysans d’Europe. Pour ce faire, le Centre a créé et entretenu des rapports singuliers avec les ministères albanais de l’Agriculture, de l’Enseignement, et du Pouvoir local (ministère en charge des mairies et de la décentralisation), mais aussi avec des banques telles que le Fonds pour le financement rural, le Fonds albanais de développement et des organismes internationaux tels que la Banque Mondiale, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA).

Créé en 1998, et au départ dans la seule ville de Tirana, le Centre a étendu ses représentations dans les régions agricoles de Korça, Përmet, Fier, Kavaja, Durnës et Puka. Deux « maisons de développement rural » ont été créées à Përmet et à Korça. Parmi les activités menées par le Centre, l’association Trebeshina de producteurs de fromage de Përmet a tissé des liens de coopération avec une association du Nord-Ouest de la France. De même, une association d’oléiculteurs de Elbasam est en train de faire des efforts pour signer des accords de jumelage avec une association du Sud-Est de la France. Dans son travail d’information et de formation des paysans, le Centre collecte des données auprès des organismes nationaux et internationaux et de l’administration publique, qu’il transmet aux paysans à partir des maisons de développement rural. Ces maisons produisent des documents et organisent des débats et des échanges d’expériences. Une méthodologie participative, avec des axes de vulgarisation et de sensibilisation, permet l’échange transversal des expériences entre les paysans et les formateurs. Les formations portent sur des thèmes variés tels que les organismes génétiquement modifiés (OGM), les techniques d’amélioration de la production, la gestion et la comptabilité, le marketing. En outre, cette année, un spécialiste français du Groupe de recherches et d’échanges technologiques (GRET) est resté dix jours sur place pour travailler avec les paysans albanais. Le résultat immédiat est que ces derniers ont réussi à produire un nouveau type de fromage très bien accepté par les consommateurs. Pour ce qui concerne la formulation des politiques agricoles, le Centre travaille à la fois avec les paysans et avec les représentants gouvernementaux. En fonction des questions abordées, il discute d’abord avec les paysans, puis avec le gouvernement, puis organise des tables rondes en présence des deux parties. Les médias locaux sont également sollicités pour faire pression auprès des décideurs. Au cours de l’année 1999-2000, par exemple, le Centre a réussi à impulser une défiscalisation des engrais chimiques. Le débat a débuté dans le Sud du pays. Une rencontre a été organisée, à laquelle étaient conviés les paysans, les communes, les médias et l’Association nationale de commerçants des engrais chimiques. Puis, le ministère de l’Agriculture a été saisi lors d’une rencontre tripartite (Centre d’études rural, paysans, représentants du ministère) qui l’a contraint à proposer un texte sur la défiscalisation. Le processus a été le même pour la loi sur les semences.

Après un départ difficile, le Centre a désormais acquis une légitimité et une crédibilité indiscutables auprès des institutions et des paysans. Sa force est d’avoir su, notamment, rester autonome vis-à-vis du gouvernement. Aujourd’hui se pose toutefois l’épineux problème de continuité et d’orientation des travaux, les actions du Centre restant encore tributaires de ses sources de financement.

Key words

political transition, rural development, partnership, countrymen’s organization


, Albania

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Le Centre d’études rural d’Albanie présente une expérience de revendication dont la méthode repose sur les échanges et le dialogue entre les différents partenaires sociaux, avec l’utilisation d’un intermédiaire. Contrairement aux modes traditionnels de revendication reposant sur des grèves, des marches ou des mouvements violents, les paysans réussissent là à faire aboutir pacifiquement leurs revendications.

Notes

Contact : Adrian Civici. Centre d’Etude Rural d’Albanie

Fiche rédigée dans le cadre de l’Assemblée Mondiale des Citoyens, Lille, décembre 2001.

Entretien avec CIVICI, Adrian

Source

Interview

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