12 / 1993
L’Union européenne ne s’est lancée que très récemment dans la lutte internationale contre la drogue. A l’origine, les fondateurs de l’Europe communautaire ne pouvaient imaginer que la toxicomanie deviendrait un problème majeur de société à partir des années 70. Le développement économique fulgurant de l’après-guerre a en effet entraîné des bouleversements sociaux importants mais aussi la marginalisation de certaines couches de la population. C’est dans cette frange, qui rejetait le modèle de nouvelle société proposé, que la consommation de drogues - mode venue Etats-Unis - a fait son apparition à la fin des années 60. Depuis, cette pratique s’est répandue et s’est transformée en toxicomanie.
La CEE, structure avant tout économique, n’est pas capable, à l’époque, de résoudre ces nouveaux problèmes sociaux qu’elle a d’une certaine façon contribué à créer, ni de répondre de manière concertée à ce phénomène inquiétant. Chaque pays membre définit alors sa propre politique en fonction de ses intérêts et priorités et cette diversité des réponses ne permet pas de maîtriser le phénomène qui s’aggrave avec les années 80.
Vers le milieu des années 80, la négociation de l’Acte unique (1987)permet aux membres de la Communauté d’aborder en commun les nouveaux problèmes apparus depuis peu, comme par exemple l’environnement, qui devient, dès lors, de la compétence de la CEE, ou la drogue qui, à travers sa production, son trafic et sa consommation, menace le monde entier. Mais sujet trop sensible, cette dernière ne donne pas encore lieu à la mise en place d’une politique communautaire précise. Il faut attendre le Traité de Maastricht (février 1992)pour qu’une étape soit franchie : la drogue devient un sujet prioritaire, à travers la santé publique, la politique extérieure et de sécurité commune et la coopération en matière de justice et d’affaires intérieures. Le Plan de lutte contre la drogue adopté en 1990, reconduit et étendu en 1992, représente également une véritable prise de conscience des problèmes liés à la drogue et marque un début de réaction de la part des Européens.
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, Europe
Dans cet article, Georges Estievenart, (chef de l’Unité drogue au secrétariat général de la Commission des Communautés européennes, et concepteur de l’Observatoire européen des drogues et de la toxicomanie OEDT), souligne les changements que les pays de la Communauté européenne ont opérés dans leurs politiques de lutte contre la drogue depuis une dizaine d’années. Est-ce suffisant ? Ces efforts semblent en fait bien faibles par rapport à l’ampleur du problème. Malgré les discours, la volonté politique de venir à bout du trafic n’est en effet pas assez forte. Trop souvent, les pays occidentaux préfèrent mettre leur lutte en sourdine quand cette dernière entre en conflit avec des intérêts économiques ou géostratégiques.
Synthèse de communication présenté au colloque : LA GEOPOLITIQUE MONDIALE DES DROGUES (10-12 décembre 1992 ; Paris)/ organisé par l’OGD avec le soutien de la Commission de la Communauté européenne. Extrait de "La planète des drogues".
Colloquium, conference, seminar,… report
ESTIEVENART, Georges, OGD=OBSERVATOIRE GEOPOLITIQUE DES DROGUES, SEUIL, 1993/11 (France)
OGD (Observatoire Géopolitique des Drogues) - France