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Pour un juste calcul des responsabilités

01 / 1993

Avant de maîtriser le risque de réchauffement climatique, il est nécessaire d’effectuer une évaluation scientifique et politique des contributions respectives de chaque pays.

Un certain niveau d’émission de gaz à effet de serre est inévitable pour la survie et le développement de l’humanité. Les scientifiques ont pour rôle de calculer le quota maximum admissible par l’atmosphère. Il faudra alors déterminer la façon dont ce quota sera partagé entre les pays.

Dans la perspective d’une convention internationale sur le changement climatique, il faudra pouvoir non seulement connaître la capacité relative de chaque pays à exercer un effet de serre mais aussi estimer les impacts passés, présents et à venir de chaque pays.

La méthode proposée par le groupe d’experts intergouvernemental pour l’étude du changement climatique (IPCC) ne tient pas compte des émissions passées, diminuant ainsi la responsabilité des pays industrialisés.

Une autre méthode proposée par le World Ressources Institute (WRI) évite même de considérer les effets exercés dans l’avenir par les rejets actuels. Le WRI calcule d’abord le total des émissions (consommation de combustibles fossiles, taux de déforestation…) : ce sont les « émissions brutes globales ». Par des mesures atmosphériques, il calcule également les « émissions nettes globales ». La part responsable d’un pays en pourcentage est alors considérée équivalente pour les deux types d’émission. Mais cette méthode n’est pas valable scientifiquement car le gaz carbonique absorbé par les puits naturels provient en grande partie des émissions des années précédentes. De plus, elle ne considère pas la durée de vie des gaz.

Par ailleurs, ces méthodes n’effectuent aucune distinction entre les émissions : la « survie » des pays pauvres (nourriture, chauffage…) et celles « luxueuses » des pays riches (utilisation de l’automobile, des appareils électriques…). L’équivalence entre les émissions nettes et brutes est contestée. Ainsi, on attribue aux pays qui polluent le plus, la plus grande capacité de régulation du taux de CO2. Il faudrait distinguer les réservoirs terrestres, propriétés du pays qui les possèdent des autres réservoirs (océans), appartenant au patrimoine commun.

Par cette dernière méthode, l’ensemble des pays en développement ont un taux d’émissions nettes de 33 % en 1987, contre 47,4 % calculé par le WRI.

L’indice de contribution intégrée au forçage radioactif (IFC) utilise la méthode de l’IPCC en tenant compte de l’impact actuel des rejets passés. Il montre ainsi que le taux de carbone accumulé dans l’atmosphère par un citoyen des Etats-Unis depuis 1990 est 40 fois supérieur à celui rejeté par un Indien.

K. Smith, qui a mis au point cet indice, appelle les émissions cumulées, « la dette naturelle d’une nation ». Par analogie avec la dette financière qui dérègle le système économique quand elle devient trop importante, une telle dette démesurée provoque de graves déséquilibres écologiques. Les Etats-Unis sont actuellement responsables d’un tiers de la dette naturelle.

La contribution des pays au changement climatique global dépend donc du type d’indice choisi pour la calculer. Les défauts et les avantages de chaque méthode doivent être reconnus avant d’engager le moindre débat.

La communauté scientifique doit fixer un quota global admissible d’émissions, puis ce total devra être divisé équitablement par le nombre d’êtres humains. Chaque pays aura alors des « droits à polluer » qu’il pourra commercialiser. Des pénalités seront imposés aux pays dépassant leurs droits. La somme récoltée servirait à la promotion des énergies renouvelables et à l’amélioration de l’efficacité énergétique.

Key words

international rules and regulations, disruption of the ecological balance, greenhouse effect, polluter pays principle, North South imbalance, climate change

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Ébauche pour la construction d’un art de la paix : Penser la paix comme stratégie

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Anil Agarwal est directeur du Centre for Science and Environment à New Delhi.

Notes

Numéro spécial sur l’effet de serre

Source

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AGARWAL Anil in. LA RECHERCHE, 1992/05 (France), N°243

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