Un défi de la transition socio-politique contemporaine
03 / 2000
On ne peut pas strictement ramener les organisations sociales chinoises aux organisations non-gouvernementales occidentales. Depuis la fondation de la République Populaire de Chine les organisations sociales ont été vues comme un "pouvoir dissident" et ont été très strictement contrôlées par l’appareil étatique. Cependant depuis la Réforme, on assiste à un "boom" des organisations sociales : elles deviennent de plus en plus nombreuses, ont des activités de plus en plus diversifiées, prennent des tailles de plus en plus grandes et deviennent de plus en plus indépendantes et autonomes dans leur fonctionnement et leur gestion. Certains voient ce boom comme le signe d’une pluralisation de la société chinoise et d’une autonomisation de la société civile chinoise par rapport à l’Etat. D’autres pensent que la relation entre société civile et l’Etat n’a pas substantiellement changé et que les organisations sociales sont juste une "strate intermédiaire" entre le gouvernement et la société, et le second canal de liaison vertical à travers lequel le gouvernement contrôle la société. Quoiqu’il en soit, il est clair que les organisations sociales participent à la recomposition du paysage socio-politique et se trouvent au coeur d’enjeux de légitimité pour l’Etat chinois. Au temps de Mao, la légitimité du gouvernement chinois était basée sur le matérialisme historique et un culte de la personnalité qui s’est trouvé remis en cause avec l’arrivée de Deng Xiaoping. Ce dernier a cherché à bâtir la légitimité politique à travers une réforme lancée en 1978 et touchant d’une part la marchandisation de la société et d’autre part en introduisant des réformes politiques et sociales pour la démocratie. Il va de soi, que dans le contexte centralisé chinois, même l’ouverture au marché est une action éminemment politique. Et Deng Xiaoping sentait que le développement économique était essentiel pour assurer la légitimité du régime du Parti communiste. De 1979 à 1989, la réforme du politique et l’effort d’établir une base de légitimité démocratique a mené à un assouplissement du système centralisé et on a assisté à une émergence prodigieuse d’organisations sociales qui prenaient en charge non pas les "échecs du marché" comme dans les pays occidentaux, mais ceux du "gouvernement", celui-ci ayant été jusque lors le seul responsable pour tout. Les événements de Pékin de 1989 ont constitué un tournant. A partir de ce moment, le gouvernement a plus étroitement surveillé la création et le fonctionnement des organisations sociales. Cependant la continuation de la réforme quant à l’ouverture croissante au marché et ses conséquences dans les champs économiques ont eu des influences dans les champs sociaux et ont contribué à une indépendance de plus en plus grande de ces derniers face à l’Etat. Ce qui n’a pas manqué à entretenir la dynamique de création de nouvelles organisations sociales et de la consolidation d’organisations existantes de plus en plus indépendantes. De plus en plus le gouvernement se rend compte qu’il ne peut pas tout faire (par exemple dans le domaine de la protection sociale) et que souvent les actions des organisations sociales ne remettent pas en cause son action, mais sont plutôt complémentaires. Dans ce sens, elles contribuent en dernière analyse au renforcement de la légitimité du gouvernement et de ses réformes.
State and civil society, social innovation, associative life, adaptation process, political transition, social service
, China
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XIAOGUANG, Kang, China's Social Organizations in Transition, 19 p
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