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Les industriels verts à l’assaut de la planète bleue

01 / 1993

Le risque d’un réchauffement planétaire est entouré d’un grand nombre d’incertitudes (amplitude, variabilité régionale, impact sur le niveau des mers...). Seule, l’augmentation beaucoup plus rapide du taux de gaz carbonique dans l’atmosphère depuis le début de l’ère industrielle est certaine. La réduction de consommation d’énergies fossiles apparaît comme l’une des solutions majeures. Les industriels, entre autres, doivent donc tenir compte de cette orientation, en particulier dans les domaines des transports, de la réfrigération ou de la climatisation, en améliorant leur efficacité énergétique.

A l’occasion du sommet de Rio, un conseil d’industriels s’est constitué, le Business council for a sustainable development (BSCD)afin d’engager des actions pour un développement durable.

Les écoindustries, d’activités nouvelles, connaissent actuellement une croissance très rapide. Pour leur part, tous les secteurs traditionnels seront confrontés à un problème d’adaptation. Quant aux consommateurs, il n’est pas sûr qu’ils soient déjà prêts à payer le prix de l’environnement.

Actuellement, uniquement par logique du marché, de nombreux industriels ont compris l’importance d’une prise en compte des impacts écologiques de leurs activités. Ils devront, sinon, affronter des problèmes comme l’afflux de main d’oeuvre des pays pauvres et des réfugiés de l’environnement (impacts locaux de l’effet de serre...). Les exemples suivants prouvent la mobilisation des industriels. 47 % des grandes entreprises françaises possèdent un service environnement. Rhône-Poulenc a créé un service "qualité, sécurité, environnement" de 1 200 personnes, réduit sa consommation d’énergie et mis au point un "indice environnement" (mesure de la pollution de l’eau...). L’association des industries chimiques des Etats-Unis et du Canada adopte un "code de bonne conduite" (utilisation de technologies propres, sécurité, information du public...). Pourtant, les industriels ne sont pas favorables au projet européen d’écotaxe, une taxe calculée pour moitié sur la consommation d’énergies non renouvelables et pour moitié sur les émissions de gaz carbonique. Ils considèrent ce système comme inefficace s’il n’est pas adopté par tous les pays de l’OCDE, nuisible à la compétitivité des industries concernées et entraînant une délocalisation vers des régions sans contraintes. En outre, chez certains industriels (sidérurgie, ciments...), la consommation d’énergie a déjà aujourd’hui atteint son minimum. Y. Martin, président du groupe français interministériel sur l’effet de serre et partisan de l’écotaxe, pense que, pour une solution peu coûteuse, les coûts environnementaux doivent être pris en compte dans les coûts de production. Il considère que la CEE peut donner l’exemple en instituant l’écotaxe à condition de protéger ses industriels par des droits de douane sur les importations provenant de pays sans écotaxe et à condition que les Etats-Unis suivent rapidement l’exemple.

En tout cas, les contraintes environnementales risquent d’induire des restructurations profondes du milieu industriel. Il s’agit, par exemple, des matériaux utilisés dans les automobiles (acier, aluminium et plastique). La voiture électrique, le pot catalytique, le moteur à deux temps, les carburants de substitution sont des solutions actuellement à l’étude.

Mais, la technologie ne résoud pas tout. Ne pouvant réduire en même temps toutes les pollutions quelles qu’elles soient, des options doivent être prises. Ces choix sont orientés en fonction des politiques nationales et des groupes de pression. Le cas des chlorofluorocarbones (CFC)pour lequel il a été choisi d’utiliser des substituts plutôt que d’organiser un recyclage, bien qu’exemplaire par le consensus international qui s’est établi, en est une démonstration.

Des techniques, telles que l’écobilan, se développent pour mieux évaluer l’impact sur l’environnement de chaque technologie. L’écobilan mesure, sur toute une filière de fabrication d’un produit jusqu’à son recyclage, les consommations d’énergie et de matières premières, les quantités de déchets, les émissions atmosphériques et les rejets dans l’eau. Ces données permettent d’évaluer l’effet de serre additionnel.

La Chambre de Commerce International, en avril 92, a lancé une "charte des entreprises pour le développement durable". Celle-ci est signée par plus de 600 industriels et organisations. Mais il ne suffit pas d’apposer une signature... Par exemple, le rapport de B.Dessus et J.Goldemberg souligne que des voitures fabriquées par les mêmes constructeurs consomment au Brésil 30% de carburants en plus qu’en France.

Une politique efficace en matière d’environnement nécessite une croissance forte pour pouvoir investir. La proposition d’écotaxe est donc encourageante si elle est adoptée par tous les pays industrialisés. Cependant, quelques réserves peuvent être émises : en particulier, l’écotaxe déculpabilise le nucléaire qui ne contribue pas à l’augmentation du taux de gaz carbonique dans l’atmosphère.

En conclusion, on constate que l’effort de réconciliation entre économie de marché, protection de l’environnement et développement des pays pauvres ne sera susceptible d’aboutir qu’au prix d’une politique réelle.

Key words

disruption of the ecological balance, climate, energy saving, economy, pollution control


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Notes

Numéro spécial sur l’effet de serre

Source

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CHOUCHAN,Dominique in. LA RECHERCHE, 1992/05 (France), N°243

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