La difficile survie d’une région oubliée suite au démantèlement de l’URSS et aux conflits inter minorités
02 / 2002
En 1991, les Républiques du Caucase gagnent leur indépendance, la région autonome d’Abkhasie en territoire géorgien ne devient indépendante que 3 ans plus tard au terme d’une guerre féroce, environ 10 000 personnes sont tuées et plus de 300 000 fuient leur pays, majoritairement des résidents géorgiens. Depuis, une force d’interposition composée de soldats russes et doublée d’observateurs des Nations Unies, garantit le respect du cessez le feu signé en 1994.
La Communauté internationale conditionne toute aide financière à l’Abkhasie à une normalisation de ses relations avec Tbilissi laissant à la Russie et aux autorités régionales le soin de maintenir un ordre précaire. Le blocus imposé par Moscou a affaibli la région déjà exsangue. La crainte de la propagation des revendications irrédentistes à travers le Caucase n’a pas permis de relâcher la pression. Les tensions latentes avec la Géorgie et les échanges de tirs fréquents, ferment l’accès de certaines zones. L’embargo favorise contrebande et banditisme et amène les populations à vivre recluses, dans des conditions de grande précarité.
Du point de vue humanitaire plusieurs organisations telles Médecins Sans Frontières, le Comité International de la Croix Rouge et Hallo-Trust tentent de venir en aide à une population privée de tout et plongée dans un marasme économique sans grande issue possible.
Les ONG et les agences des Nations Unies sont les seuls réels employeurs du secteur, leurs employés sont des enseignants des universitaires, des membres des professions médicales d’une "riviera" abkhase semée de villas, palais, hôtels et sanatoriums.
Parmi les plus vulnérables, les enfants et les personnes âgées. Toujours les mêmes pathologies : anémies, polyarthrites, affections pulmonaires, glaucomes, cataractes, cancers en phase terminale. Dérèglements mentaux et dépressions dévastent ces populations fragiles et pour juguler la douleur on fume l’herbe traditionnelle.
Les équipes humanitaires signalent les situations de vulnérabilité, le CICR assure l’alimentation de près de 20 000 personnes (l’Abkhasie n’a plus que 180 000 habitants). Médecins Sans Frontières gère des programmes de lutte contre la tuberculose, de soins palliatifs, de cliniques mobiles. Cette association approvisionne régulièrement 38 structures médicales (hôpitaux, polycliniques et postes de santé) en médicaments et matériels médicaux, ce qui permet de faire face à 60 pour cent des pathologies les plus couramment rencontrées. A Soukhoumi, un centre de santé continue de fonctionner gratuitement pour environ 3 000 bénéficiaires, parmi les plus démunis. Parallèlement, une politique d’identification et d’information active des personnes les plus vulnérables a été mise en place, grâce à un réseau de douze travailleurs sociaux, répartis sur les sept régions de l’Abkhasie, et au rythme de 850 rencontres par mois. L’objectif est d’orienter ces personnes vers les structures de santé où Médecins sans frontières distribue des "kits" de médicaments, puis de s’assurer qu’elles sont effectivement soignées gratuitement.
Les organisations d’aide suppléent de fait à un système de santé défaillant, voir inexistant. Situation d’une région sous perfusion internationale dont les maigres ressources proviennent en majeure partie des organisations internationales. Leur départ ou une réduction de leurs activités aurait pour conséquence de plonger encore plus dans le marasme cette région.
Cette situation n’est pas inhabituelle et de nombreux pays sont sous perfusion internationale, dépendant du bon vouloir des organisations caritatives ou des agences des Nations Unies.
NGO, civil war, protection of populations, access to health care, disease
, Georgia, Caucasus, Abkhazia
Faute d’une mobilisation internationale active pour d’autres tentatives à la résolution du conflit, l’Abkhasie semble condamnée à rester un pays fantôme.
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Journal Messages, 2002/01, 119
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