06 / 1999
Vif est une petite commune au sud de Grenoble. Située en périphérie de l’agglomération, elle n’est pas desservie par les transports en commun public. Se rendre à Grenoble coûte cher et ceux qui n’ont pas de voiture cherchent à utiliser aux mieux les ressources locales. Cependant, en matière d’apprentissage ou de ré-apprentissage des savoirs de base (compter, lire, écrire) pour des adultes, rien n’existait sur place.
Lors des renouvellements de Contrat des Revenus Minimum d’Insertion, l’Assistante Sociale et l’Animatrice Locale d’Insertion repèrent une dizaine de personnes qui ont soit du mal à s’exprimer, soit des difficultés avec l’écrit. Soucieuses d’amener ces personnes à un cheminement vers l’acquisition de ces savoirs, elles cherchent ensemble le moyen de mettre en place une action de ce type. Comment rassembler ces personnes qui sont suivies de façon individuelle ? Comment leur permettre d’exprimer leur besoin d’apprentissage ?
Parallèlement, au sein d’une activité animée par la Conseillère en économie sociale et familiale et des bénévoles du Secours Catholique, une demande de ce type apparaît. Cette activité intitulée Repas et Partage consiste à préparer en groupe un repas, puis déjeuner ensemble. Ensuite, l’occasion est trouvée de s’interroger sur le coût de revient, l’intérêt des recettes... Les participants à l’activité sont des personnes très isolées, d’âge divers, certains ont des problèmes psychologiques, il s’agit surtout de Français.
Au sein de cette activité, les participants expriment une demande de formation au calcul. Une bénévole leur propose donc de travailler sur ces notions. Une fois par mois, elle fait "l’école". L’étude s’appuie sur ce qui est vu à Repas et Partage : convertir des grammes en kilo, établir des correspondances entre les prix unitaires et les prix au kilo... Les participants sont contents même si certains trouvent que le cours ne va pas assez vite. La gestion des différents niveaux au sein du groupe est difficile.
Par ailleurs, ces cours trouvent un relais dans l’atelier "vie quotidienne" animé par la Conseillère en économie sociale et familiale.
Lorsqu’en fin d’année la bénévole annonce son départ, les travailleurs sociaux veulent éviter de stopper les participants dans leur élan. La recherche d’une solution semble passer par l’appel à un organisme de formation. Cela suppose une recherche de financement, une étape rendue difficile du fait d’un public hétérogène et non migrant (quelques personnes au RMI, des demandeurs d’emploi longue durée, des retraités, des handicapés...). La Commission Locale d’Insertion (CLI) donne cependant son accord pour le financement d’une action de formation sur 6 mois.
L’Institut de Formation Rhône-Alpes (IFRA) accepte de se déplacer et propose un cours hebdomadaire selon la pédagogie des ateliers CLE (Compter Lire Ecrire). Plusieurs objectifs sont poursuivis tant sur le plan de l’apprentissage que sur le plan de la vie sociale : développer les capacités d’apprentissages, réactualiser les savoirs de bases, développer les liens sociaux et l’autonomie, développer des projets personnels, briser l’isolement à partir de la réalisation d’un projet collectif, s’impliquer dans la vie sociale... Dans les faits, la mise en oeuvre d’un projet collectif s’avérera prématurée. La pédagogie personnalisée permettra à chacun d’évoluer à son rythme sans qu’aucune comparaison avec les autres n’ait lieu d’être.
En confiant la formation à l’IFRA, les travailleurs sociaux et les bénévoles ne souhaitent pas être totalement détachés du projet. Ils imaginent un système de tutorat dans lequel ils font des bilans réguliers avec les participants de façon à les soutenir dans leur projet. Pour une meilleure cohérence de l’action, des rencontres mensuelles ont lieu entre les travailleurs sociaux et la formatrice.
La participation et l’assiduité sont très importantes. Contrairement à ce que craignaient les travailleurs sociaux qui pensaient que le passage d’une rencontre mensuelle à un cours hebdomadaire serait difficile pour les participants, ceux-ci estiment que les deux heures de cours ne suffisent pas et un financement complémentaire a du être trouvé pour le prolonger d’une demi-heure.
Aujourd’hui, 11 participants viennent à ce cours : 8 étaient déjà dans le groupe de Repas et Partage, 3 sont nouveaux recrutés par le bouche à oreille ou l’Animatrice Locale d’Insertion. Certains viennent de Varces, une commune distante de quelques kilomètres.
La question des personnes au RMI repérées au départ de l’action reste en suspens pour une partie d’entre elles. Comment les amener à participer à cette formation au sein d’un groupe auquel elles ne sont pas liées ?
training, social escort, social insertion, educational method, social worker
, France, Isère, Vif
Cette action, au départ interne à Repas et Partage trouve peu à peu sa place dans la commune. Mais la construction est fragile. Des fonds du Groupe Permanent de Lutte contre l’Illettrisme ont permis de compléter le financement de la CLI pour l’année en cours. Ce sont des financements qui ne sont pas destinés à être renouvelés. La question de l’avenir reste entière. De même, plus d’enracinement et de lien avec d’autres actions d’insertion renforceraient cette action.
Contact : Christelle Ivart - Centre Social de Vif - 1 rue A. Buisson, 38450 Vif - Tel : 33 (0)4 76 72 52 04 - Fax : 33 (0)4 76 72 71 91
Entretien avec IVART, Christelle
Interview
(France)
IRIS (Isère Relais Illettrismes) - Le Patio - 97 galerie de l’Arlequin, 38100 Grenoble, FRANCE - Tél / Fax : 04 76 40 16 00 - France - www.cri38-iris.fr - cri38.iris (@) wanadoo.fr