Un programme de prévention de la violence en établissement scolaire
03 / 2002
"Paix à l’école" est un programme conçu dans le cadre du projet Connect de l’Union européenne (Direction de l’Education et de la Culture), et correspondant à un appel d’offres lancé en 1999. Il a été appliqué en France par l’IFATC (Institut de formation et d’application des Thérapies de la communication), durant l’année scolaire 2000-2001, et est destiné à prévenir la violence dans le cadre scolaire. Ce projet met en avant la nécessité d’une intériorisation et d’une transmission de la loi pour favoriser la diminution de la violence à l’école. En effet, comme l’explique le docteur Reynaldo Perrone, pédiatre et responsable du programme, la loi est le plus grand régulateur des relations humaines ; or dans les actes de violence, on constate un défaut d’intériorisation de la loi, qui n’est souvent pas comprise et en conséquence pas acceptée. L’objectif du projet est d’expliquer la loi, son essence, son origine, et sa nécessité aux plus jeunes. Paix à l’école s’adresse à des enfants qui se trouvent dans des moments charnières de leur cursus scolaire, au cours préparatoire (CP, à 6 ans) et à l’entrée au collège (classe de sixième, à 11 ans). Ces moments charnière le sont pour les enfants et leurs parents. Le projet s’adresse donc à la fois aux enfants, à leurs parents et aux enseignants. Concrètement, le programme Paix à l’école, lorsqu’il est accepté par les établissements scolaires, permet aux enseignants et à leurs collaborateurs pédagogiques de mettre en place trois actions pour les élèves de CP et de sixième. Après une session de formation pratique et théorique de deux jours avec le docteur Perrone, les enseignants et l’équipe pédagogique débutent le programme. La première phase consiste en une réunion enfants et parents au cours de laquelle les enseignants parlent de la loi et de l’importance de sa transmission. Les enfants, de manière ludique et symbolique, adhérent à un "pacte de paix", qu’ils ont préparé avec les enseignants, notamment par le biais d’activités artistiques. Cette première réunion se termine par un repas collectif préparé par les parents, qui doit créer le lien entre les personnes présentes, et permet surtout de dépasser le caractère "anonyme" que revêtent souvent les actes de violence. La deuxième phase concerne uniquement les enfants et se déroule sur quatre semaines après la première réunion. Elle consiste en une séance de jeu de rôles, dont le scénario doit conduire les enfants à comprendre la nécessité de la loi en société. Il peut s’agir, par exemple, d’une mise en situation d’enfants en colonie de vacances, qui doivent apprendre à se gérer sans moniteur. La troisième phase est destinée aux enfants de dernière année de collège (classe de troisième, à 13-14 ans) et ne nécessite pas de formation, puisqu’elle suppose l’intervention de magistrats, dont le rôle est d’expliquer la loi. Enfin, un bilan de fin d’année permet d’évaluer l’impact du programme et ses éventuels ajustements techniques. Au cours de l’année scolaire 2000-2001, ce programme a été appliqué dans quatre établissements scolaires de l’enseignement public et privé, dont deux connaissaient déjà de sérieux problèmes de violence en milieu scolaire. Il a été reconduit dans deux de ces établissements.
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, France, Grenoble
Les responsables du projet mettent en avant l’originalité de l’action, conçue comme une opération "coup de poing", donc brève. Les bilans de fin d’année démontrent un grand nombre de points positifs. Les équipes pédagogiques s’en sont trouvées mieux armées pour faire face à la violence, si bien que les enseignants parlent du jeu de rôles comme d’un "outil pédagogique permanent". Les enfants ont unanimement participé aux différentes actions proposées, même si, au départ, certains étaient réticents. Dans une école, un club a été créé pour poursuivre ce type d’activité. Et la grande majorité des parents s’est également prêtée au projet, puisque 50 à 90 pour cent d’entre eux étaient présents à la première réunion. C’est cette intégration des parents dans le processus de prévention de la violence qui constitue également l’originalité de la démarche. 2002 voit la fin du financement sur deux ans accordé par l’Union européenne, ce qui conduit aujourd’hui les responsables de "Paix à l’école" à se tourner vers les collectivités locales ou le ministère de l’Education nationale. Dans l’avenir, ce type d’action pourrait aussi prendre la forme de stages de formation permanente des enseignants.
Fiche réalisée lors de la rencontre internationale "Dialogues pour la Terre", à Lyon, du 21 au 23 février 2002. Entretien de Madame Genestoux, coordinatrice du programme "Paix à l’école" à l’Institut de formation et d’application des Thérapies de communication.
Entretien avec GENESTOUX ; PERRONE, Reynaldo, Institut de formation et d’application des Thérapies de communication, 63/65 rue de Créqui, 69006 Lyon - Tel 04 72 43 06 54 - Fax 04 72 43 95 98 - ifactlyon@aol.com
Interview
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