En novembre 1997, à Romainville, lors d’une réunion portant sur le volet santé des assises pour la ville, des habitants et des professionnels mettent en avant les problèmes de troubles mentaux et la souffrance souvent dissimulée. Pour le Docteur Lazzini, médecin directeur du centre municipal de santé et coordinateur de la campagne, "Trop nombreux sont encore les gens qui n’osent pas parler de leurs problèmes et s’enferment dans leur détresse, ce qui ne peut qu’aggraver, voire menacer leur équilibre psychique". Ils hésitent alors à consulter pour cause de mal-être psychique. Les représentations très négatives des dépressions et des maladies mentales ainsi que des thérapeutiques limitent l’accès aux soins et le retardent. Les malades s’excluent, se sentant coupables de leur situation. Ces constats s’appuient sur l’enquête du Centre de recherche, d’étude et de documentation en économie de la santé (CREDES) réalisée en 1996 sur la dépression, qui a estimé qu’une personne sur vingt serait dépressive et que 40 pour cent de ces personnes ne se soigneraient pas.
Un comité de pilotage interinstitutionnel (professionnels de la santé et travailleurs médico-sociaux) s’est constitué et a travaillé à la mise en place d’une campagne d’information sur la ville. Celle-ci a été élaborée par la ville de Romainville sur plusieurs mois (novembre 1998-mars 1999). Les objectifs de la campagne sont de lever le tabou sur les dépressions, de les dédramatiser, de faire reconnaître que ce sont des maladies comme les autres et d’amener les personnes à consulter. Une campagne d’affichage est organisée dans la ville. Elle interpelle la population à partir de signes de dépression que tout le monde peut détecter facilement et dont la persistance doit conduire à la vigilance. Quatre affiches les illustrent : les troubles de sommeil "je ne dormais plus", l’énervement "tout m’énervait", une perte d’énergie "j’avais envie de rien" ou des angoisses "j’avais les boules". Plusieurs réunions rassemblent des médecins, des professionnels de l’accueil, des habitants. Des réunions interprofessionnelles ont précédé deux réunions publiques qui ont mis l’accent sur la dépression et sur le sommeil chez l’enfant.
Cette campagne est l’occasion de mobiliser les différents partenaires de la ville et d’identifier les lieux dans la ville : les médecins traitants, le centre municipal de santé, le centre médico-psycho-pédagogique, le centre de guidance infantile, les centres de PMI (protection maternelle et infantile) et le centre d’accueil psychologique d’urgence. Ce dernier s’est ouvert en octobre 1998 dans un appartement au sein de la cité Youri Gagarine. Des consultations d’urgence gratuites sont assurées 7 jours sur 7, de 9 heures à 19 heures. Huit infirmiers et trois médecins se relaient pour en assurer la permanence. Quatre autres centres d’accueil, d’urgence et de crise existent en Seine-Saint-Denis, ouverts tous les jours, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
public health, mental health, communication, preventive medicine
, France, Seine-Saint-Denis, Romainville
Financement du projet : Ville de Romainville
Personnel : partenaires socio-médicaux de la ville du secteur privé ou public
Personne ressource : Dr LAZIMI, Centre municipal de santé, 15 rue Carnot, 93230 Romainville. Tél 01 41 83 17 77.
Référence de l’enquête du CREDES : LE PAPE Annick, LECOMTE Thérèse, "Aspects socio-économiques de la dépression. Évolution 1980-81 / 1991-92", Paris, CREDES, n°1128, juin 1996. Cette enquête a été réactualisée depuis : LE PAPE Annick, LECOMTE Thérèse, "Prévalence et prise en charge médicale de la dépression en 1996-97", Paris, CREDES, septembre 1999.
Cette fiche a été réalisée dans le cadre d’un cycle de qualification qui a abouti à une publication de Profession Banlieue "Santé, précarité, dépendance", parue en 1999.
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