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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Ce qu’il faudrait que nos bailleurs de fonds admettent (Tchad)

Les cinq exigences d’un responsable d’une ONG d’appui, l’ASAILD : Association d’Appui aux Initiatives Locales de Développement

Fidèle DJETODJIDE KANAYO, Benoît LECOMTE

1998

Fidèle Djetodjide Kanayo, secrétaire général de l’ASSAILD (Association d’Appui aux Initiatives Locales de Développement), constate :

a/ « Les bailleurs de fonds sont loin des populations. Il faudrait qu’ils voient si l’organisation qu’ils appuient est vraiment fiable et convaincue que son travail est réellement en faveur des populations. Pour cela, concrètement, il faudrait qu’ils soient à l’écoute et voient ce qui se passe au niveau de l’organisation qu’ils soutiennent. On a eu des cas ici, à Moundou, d’une organisation locale qui a reçu des fonds, des habits, des couvertures, etc. soi-disant pour aider la population. Mais ce sont les commerçants qui viennent acheter pour revendre au marché ! Finalement, les actes de cette association ont été connus et tous les financeurs ont arrêté de financer cette association qui est tombée ».

b/ « Il leur faudrait ne pas exiger, chacun de son côté, des justificatifs par ligne ou par volet de crédit. Par exemple, des bailleurs de fonds qui savent qu’il y a 2, 3 ou 4 financeurs qui financent une association, lui demandent de produire des justificatifs pour l’achat d’un véhicule. Si le responsable est quelqu’un de malhonnête, il peut acheter une voiture avec cet argent et produire 2 factures pour le même véhicule afin d’empocher l’argent. Ce ne sont pas les factures qui manquent dans ce pays ! Ce qui serait mieux, c’est qu’il y ait un même rapport d’activités, un même rapport financier disponible pour tous les bailleurs de fonds. Que ceux-ci sachent qui a financé quel montant. Qu’un travail de contrôle soit fait pour qu’on sache exactement à quoi l’argent a été utilisé pour l’année ».

c/ « Et puis mieux encore, il faudrait que les bailleurs acceptent de financer l’ensemble, en couvrant chacun un % de l’ensemble du programme d’une association. Par exemple nous, en ce moment, on a un peu de difficultés avec la Coopération Suisse car elle est beaucoup plus intéressée par notre Service d’appui à la production que par celui chargé de l’appui à l’organisation paysanne. Cela veut dire qu’il nous faudrait produire peut-être un rapport spécifique pour la Coopération Suisse. Mais pourtant, les autres financeurs aussi sont intéressés par les actions de production et les actions d’organisation paysanne. Comment peut-on scinder ces choses-là, faire des rapports spécifiques à tel, à tel, … ? Pour nous, ce qui est le plus simple (et nous fait perdre moins de temps, moins d’argent aussi) et surtout, cela nous paraît le plus honnête, est de faire un seul rapport financier, un seul audit. Et laisser la possibilité à chaque financeur de venir contrôler lui-même les comptes. C’est normal qu’un financeur puisse venir contrôler un compte d’une ONG qu’il appuie et cela nous semble vraiment une bonne chose. Mais pas de dire : « Nous voulons avoir des justificatifs pour la voiture, ou nous ne financerons que le volet production et le volet organisations paysannes, on n’en voit pas l’intérêt ».

d/ « Ensuite l’aide doit arriver au bon moment. On commence nos activités en janvier, on demande que l’aide pour nos activités soit là en janvier. Si elle arrive en juin, c’est tardif, si elle arrive en septembre, c’est encore plus tardif. On souhaite toujours que les financements arrivent au bon moment; c’est à dire en janvier ou février car là nous sommes sûrs de pouvoir commencer l’année et de la finir dans de bonnes conditions ».

e/ « Enfin, c’est au niveau de l’Etat qu’il y a des fonds importants ; les ONG ne travaillent qu’avec des petits fonds et c’est souvent là leur problème : elles sont très limitées, elles ne peuvent pas embaucher du personnel, elles ne peuvent pas faire certaines choses pour former les gens de façon adéquate. A l’ASSAILD par exemple, il faut suivre les individus, ou suivre les individus et suivre les groupes : ce n’est pas la même chose. Si on est limité dans notre capacité à suivre les individus qui vont ensuite fonder des groupes plus intéressants que tout ce qu’on a connu jusqu’à aujourd’hui, il y a un problème ».

Key words

countrymen’s organization, donor agency, South NGO, economic dependence, conflict, support structure, negotiation, dialogue


, Chad, Moundou

Comments

Respecter cinq règles du jeu du partenariat avec leurs intermédiaires, telle est la proposition raisonnable faite, par notre interlocuteur, à ses bailleurs de fonds : mieux connaître notre capacité, ne pas exiger chacun leurs pièces justificatives des dépenses, couvrir un % du programme établi par nous, débourser au bon moment, épauler en priorité notre tâche de formation. Bref, une simplicité aussi exigeante qu’adaptée car encore souvent à contre-courant des habitudes de tant de bailleurs !

Notes

Entretien avec DJETODJIDE KANAYO, Fidèle

Source

Interview

LECOMTE, Benoît

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