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Difficultés de financement d’un programme de l’ARAF, une association paysanne régionale (Sénégal)

Ressources propres et financement des dépenses institutionnelles

Mathieu DIOUF, Benoît LECOMTE

02 / 1998

Mathieu Diouf, président de l’ARAF :

a) "Certains partenaires exigent une comptabilité spécifique par bailleur de fonds. Si cela nous pose problème, nous n’acceptons pas. Par rapport à notre nouveau programme, quelqu’un a dit que si on pouvait faire une comptabilité à part, il pourrait s’engager. Nous lui avons répondu non. On accepte des gens de l’aide pour analyser notre comptabilité en nous informant des failles. Comme cela on peut être plus performants. Mais quant à dire qu’il faut une comptabilité séparée par bailleur, nous n’avons pas les personnes pour cela, d’autant que ce n’est pas le partenaire qui paie le comptable !

b) Un problème est la lenteur pour décrocher l’argent. Je n’ai jamais vu un programme qui a été négocié en moins de six à huit mois. C’est le minimum. Parfois, il y a des programmes qui se négocient pendant un an, voir plus. C’est une difficulté parce qu’on monte un programme en fonction des réalités et du temps. Plus cela met du temps à être conclu, plus cela joue sur les besoins, sur les objectifs. Si on met un programme en place qui n’est pas financé pendant un an, il y aura de nouvelles choses qui vont apparaître; cela nous amènera à modifier le programme pour en reprendre certains aspects. Et au bout d’un an, un an et demi, nous sommes obligés de redimensionner le programme, ce qui prend encore du temps et nous coûte de l’argent. On met environ deux mois pour le redimensionner, on l’envoie et on attend la réponse encore 6 à 8 mois. Et beaucoup de choses se passent entre-temps. Si je prends le cas de la SCOD, on a négocié pendant plus de 18 mois parce qu’ils exigent beaucoup de choses : que les groupements soient constitués en GIE, ce qui est impossible; que l’ARAF soit agréée, ce qui nous a posé d’énormes problèmes ; d’aller voir le notaire ; de définir les termes d’un accord et de présenter des garanties palpables. Mais ce programme est spécial parce que c’est un programme qui ne donne pas de subventions mais des crédits. Ils avaient peut-être eu des échos sur les non-remboursements des membres, sur les dettes en général.

c) Il est difficile de faire financer les dépenses institutionnelles : pour le programme que nous montons maintenant, on met automatiquement un pourcentage pour les appuis institutionnels, entre 35 et 40% de l’ensemble du programme. Ce qui n’était pas le cas pour le 2ème programme. Les Belges de l’ONG VITAS ne prenaient que 3%. C’était difficile étant donné qu’il n’y avait que ces 3% plus les 4% du programme avec Solidarité Socialiste. Mais le reste était compensé par les cotisations des membres, par les remboursements et également par les recettes des activités rentables de l’association (comme la station essence ou les magasins de semences). D’autres points ont changé. Par exemple, la question du bénévolat. Depuis la création de l’association, les animateurs sont bénévoles et on sait que le bénévolat a des limites. Nous avons donc essayé d’introduire une indemnité pour ces animateurs qui consacrent, bénévolement, 70% de leur temps aux activités de l’association. Le deuxième élément est que nous avons réfléchi sur la communication. Que pouvions-nous faire pour que la communication soit un volet permanent, financé comme les autres volets ?

d) Enfin, le volet du programme qui trouve difficilement son financement est celui de la communication. Financer le volet Communication sur nos fonds propres ? Nous ne prévoyons pas de financer un volet spécial de notre programme par nos propres fonds parce que nos moyens ne sont pas importants puisqu’ils sont constitués par les cotisations des membres et que celles-ci sont souvent liées à l’hivernage. Si celui-ci est bon, les cotisations rentrent correctement. Si l’hivernage est mauvais, nous aurons des problèmes. C’est pour cela qu’on ne veut pas prendre nous-mêmes le financement d’un volet assuré à 100% par nos propres ressources. Par contre, pour chaque programme nous déterminons la participation financière de l’association qui varie, généralement, entre 10 et 11%. Ainsi, ces ressources propres sont réparties dans tous les volets et ne permettent pas d’en financer un complètement. Notre objectif est que tous les volets de notre programme soient pris en compte par les partenaires, puisque tout est lié".

Key words

countrymen’s organization, North NGO, financing, local development


, Senegal, Gossas

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Voici brièvement présentés les manies et les tabous des ONG du Nord à la fin des années 1990 : l’exigence d’un bailleur d’avoir la comptabilité des dépenses faites sur son argent présentées à part ; le refus de financer des indemnités pour les animateurs paysans et les chargés de communication entre le siège de l’association et les villages dispersés, . Bien entendu, certaines d’entre elles diront à leurs partenaires : "Couvrez donc ces dépenses "hors projet" par vos ressources propres", en faisant semblant d’oublier qu’en même temps elles exigent que l’association apporte 15 à 50% du coût de ces fameux "projets" !

Notes

Entretien avec DIOUF, Mathieu, réalisé en décembre 1997.

Source

Interview

LECOMTE, Benoît

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