02 / 1998
Mathieu Diouf, président de l’ARAF (Association Régionale des Agriculteurs de Fatick) et coordinateur de la FONGS (Fédération des ONG sénégalaises) au niveau de la région de Fatick (Sénégal): "Notre rôle au sein de la Coordination Régionale (CR) est d’aider les associations de groupements de paysans à mieux s’organiser, à mieux réfléchir sur leur devenir, sur les activités à mettre en place. La CR peut jouer le rôle d’intermédiaire entre les associations et les organisations politiques et étatiques : le Conseil Régional et le CRD (Comité Régional de Développement). Certaines associations sont de dimension départementale, d’autres de dimension régionale mais elles ne sont pas très bien perçues par les deux structures régionales mises en place par l’Etat. Le rôle premier de la Coordination Régionale est de montrer qu’il y a, dans la région, des associations paysannes (qu’elles soient ou qu’elles ne soient pas membres de la FONGS) capables de faire ceci et cela, et qui ont également les capacités nécessaires pour se positionner au sein des structures étatiques. La Coordination Régionale est un peu à la fois comme la FONGS et le CNCR (Conseil National de Concertation des Ruraux), lequel coordonne des coopératives, des associations, des fédérations de toutes sortes.
Et puis les Coordinations Régionales aident les associations à estimer leurs propres capacités. En effet selon le diagnostic qu’on a essayé de faire, en 1996-97, au niveau de l’ensemble des associations à travers les CR, on a vu que bon nombre d’associations voulaient se jeter sur les programmes mais n’avaient pas les capacités matérielles et organisationnelles pour les conduire. Certaines associations, si elles se lancent dès maintenant dans des programmes, vont s’éteindre. Ce qu’on peut leur donner comme conseil c’est de déterminer les avantages et les inconvénients des différentes formes d’intervention extérieure (ex : projet, programme, crédit, garantie, etc.). Maintenant, c’est à elles de s’engager avec tel instrument si elles pensent qu’elles le peuvent. On a essayé de leur dessiner l’ensemble des problèmes qu’elles peuvent rencontrer au niveau institution, organisation, et même au niveau des moyens.
Une association qui n’a aucun moyen (pas même une mobylette) et qui veut élaborer un programme de 3 ans sur une dizaine d’activités, pour une vingtaine de villages, comment peut-elle s’assurer de la réussite de son programme ? C’est le genre de réflexion qu’on a essayé, par le CR, de montrer aux gens".
local development, countrymen’s organization, State, decentralization
, Senegal, Gossas
La Fédération des ONG sénégalaises (FONGS) qui regroupe des associations paysannes, a décidé, en 1994, de se décentraliser. Elle le fait à la fois pour mieux répondre aux besoins de ses membres, mais aussi pour mieux se positionner au sein des structures régionales mises en place par l’Etat. Mais ne risque-t-elle pas de piétiner les plates-bandes de ses associations membres, qui sont pour la plupart, sinon à dimension régionale au moins à ambition régionale ? En acceptant d’assumer le rôle de coordinateur régional pour Fatick, le président de l’ARAF limite les dérapages possibles. Affaire à suivre... dans les 10 régions !
Entretien enregistré, effectué par Benoît Lecomte avec Mathieu Diouf (ARAF). Ce dernier, comme son prédécesseur Joseph Sène (décédé), sont des interlocuteurs anciens du GRAD. Les fiches DPH suivantes concernant l’ARAF ont été élaborées à partir :
- d’interviews de Joseph Sène : 3953, 3954, 3964, 3965, 3972.
- de cet interview de décembre 1997 : 7481.
Entretien avec DIOUF, Mathieu à Thiès (Sénégal) en décembre 1997.
Interview
GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - France - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org