Maurice DIOUF, Masse GNING, Fid TOE
03 / 1998
A l’occasion d’un "Atelier sur l’élaboration des programmes des Unions de Groupements Paysans", à Thiès (Sénégal) les 25 et 26/11/1991, les remarques suivantes ont été faites par des responsables paysans.
1) Maurice Diouf (Bambey, Sénégal) : "La gestion des fonds souples s’est ancrée dans les esprits. C’est que le fonds souple de SIX S permettait aux Unions une grande liberté et aussi parfois des essais irréalistes. Petit à petit, on a vu qu’il faut réussir des activités économiques et que pour cela il faut plus de moyens. On s’aperçoit aussi que bien qu’on ait reçu, par exemple, 20 millions CFA (400.000 FF à l’époque) de fonds souples en cinq ans pour une vingtaine de groupements, on ne voit pas tellement de réalisations. C’est que les gens font un peu n’importe quoi. Désormais, on évalue et on souhaite avoir quelque chose de plus efficace."
2) Masse Gning (Fissel, Sénégal) : "Il y a eu en quelque sorte deux révoltes :
a) au niveau des associations, une sorte de révolte contre le fonds souple, non pas le fonds souple lui-même, mais contre sa gestion par un petit noyau de personnes. Les groupements ont le sentiment d’être lésés et ils cherchent, à partir de l’évaluation, pourquoi on ne décide pas tous ensemble de l’utilisation du fonds souple;
b) une deuxième révolte entre les associations et leur fédération, la FONGS : on refuse les programmes imposés depuis Thiès et mal expliqués aux membres des petites associations. C’est en participant à des sessions de planification et d’autoévaluation (organisées par la FONGS et animées par Bernard Lecomte) que les membres des groupements ont appris qu’il pouvait en être autrement, aussi bien sur le plan de la gestion du fonds souple que sur le plan de la fabrication des programmes, que tout cela pouvait être leur affaire. On a vu aussi que c’était l’occasion de rentabiliser les formations qu’avaient organisées la FONGS, et en particulier la formation sur l’autonomie financière et la nécessité d’activités rentables. C’est de là qu’est né l’intérêt pour des programmes d’activités économiques capables de procurer des bénéfices aux membres et à l’association."
3) Au même atelier, un technicien Fidèle Toé (Toma, Burkina Faso) exprimait ceci : "L’appui durable, par le biais des fonds souples et de quelques projets, a eu un effet d’acquisition (au niveau des groupements et des Unions) de techniques de gestion, de maraîchage, de vente, de conservation des eaux et du sol (CES), etc. Mais cette progression n’a pas débouché sur des réalisations plus importantes, parce que le volume d’appui par les projets ou par les fonds souples a atteint son apogée et ensuite a diminué. En même temps, on constate que la fermeture de certains de ces robinets extérieurs a eu comme effet favorable, la recherche d’une meilleure utilisation des ressources locales (par exemple : le programme des banques traditionnelles d’épargne et de crédit). Ainsi, on s’appuie sur les acquis existants, sur les savoir-faire déjà acquis par l’Union elle-même : on part, par exemple, de ce que chacun connaît en matière de CES et on voit qu’on peut développer, à un niveau beaucoup plus élevé, ce qui a déjà été fait. Et pour cela, on va rechercher des moyens complémentaires de ceux des groupements. Une des difficultés de l’élaboration des programmes vient du technicien lui-même ; il est habitué à travailler à partir de "déductions": il se fixe un rêve et de là, il calcule tout ce qu’il faudrait pour que ce rêve devienne réalité. Avec les groupements, il faut qu’il fasse l’inverse; qu’il arrive à "induire" ses calculs et ses objectifs à partir de ce que les gens expriment et du niveau de leur savoir-faire. Une autre difficulté, pour le technicien, est qu’il ne s’agit pas qu’il devienne le moteur du programme lui-même."
4) Papa Maïssa Fall (Kaolack, Sénégal) animateur d’associations paysannes posait cette question : "Il faut percevoir que le risque de se voir déborder par les ressources financières extérieures est beaucoup plus élevé aujourd’hui qu’il ne l’était il y a 15 ans à la fin des années 70. C’est pourquoi la réflexion de départ avec une Union (qui veut préparer un programme) sur le sens de ce programme est essentielle : est-ce seulement un programme pour chercher de l’argent ou plus que cela ?"
innovation, business management, donor agency, financing, countrymen’s organization, solidarity
, Senegal, Burkina Faso, Thies
La fondation SIX S (Se Servir de la Saison Sèche en Savane et au Sahel) a innové en 1977 en mettant en place un fonds d’aide non affectée d’avance à la disposition des Unions de Groupements Paysans. Ce fonds était renouvelé au début de chaque saison sèche (au mois de janvier) et géré par les Unions elles-mêmes. Les participants sahéliens de ce séminaire au Sénégal analysent cette méthode des fonds souples et en soulignent les avantages et les inconvénients.
Ce fonds a été disponible pour les jeunes associations paysannes d’Afrique de l’Ouest durant la période 1977-1991. Il poursuivait un triple objectif : permettre des réalisations paysannes en saison sèche, provoquer l’apprentissage de la gestion par les groupements eux-mêmes, inciter ces derniers à se fédérer entre eux.
Report
LECOMTE, Bernard
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