L’expertise comptable au service des capacités des responsables paysans
04 / 1998
El Hadj Ndong, responsable de l’APCO : « Je suis responsable depuis 1994 d’un cabinet d’appui (APCO) spécialisé en accompagnement pour permettre aux associations et à leurs responsables de développer des capacités dans la gestion et l’organisation. Nous faisons des interventions, un appui de proximité depuis bientôt quatre ans. Un appui assez varié : quand il s’agit de mettre sur pied des structures de gestion, c’est un appui destiné aux responsables d’associations paysannes chargés de la gestion des activités ; quand il s’agit de faire des séminaires sur des systèmes d’épargne/crédit (E/C) à mettre sur pied, l’appui concerne également des responsables des structures de base. Promouvoir l’activité d’E/C s’est développé ces derniers temps surtout avec la baisse de l’aide. Les gens cherchent à se développer à partir d’efforts propres, de l’épargne émanant des ménages, des résultats d’activités dont une partie est consacrée à épargner pour développer d’autres actions.
Avant de fonder l’APCO, j’avais déjà un long parcours d’accompagnement des organisations de base. En 1982, j’étais à Bamba Thialène. J’étais chargé de la gestion du sous-comité de l’Entente. A l’époque, cette association avait reçu un important financement de l’ambassade de Hollande, laquelle avait exigé qu’il y ait quelqu’un qui détienne quelques connaissances dans le domaine comptable. On m’a demandé d’y aller. C’était vraiment au début du mouvement associatif dans cette localité du Sénégal. C’était mon troisième poste. J’avais travaillé dans une association protestante qui servait de relais entre les ONG du Nord et les organisations de base. Puis j’ai travaillé dans une société de brasserie privée, une société commerciale. J’étais gestionnaire-comptable. J’ai toujours évolué dans le domaine comptable et financier.
A Bamba, je me suis occupé de la gestion, de la formation des responsables de groupements et de la réflexion pour trouver des systèmes simples, plus appropriés pour des responsables paysans qui n’ont pas fait la comptabilité classique mais qui doivent détenir un certain nombre de connaissances, de savoir-faire permettant de gérer. Cette expérience-là a été ensuite vulgarisée au-delà de l’Entente de Bamba, avec l’appui de SIX S (Se servir de la Saison Sèche en Savane et au Sahel). SIX S était une structure qui donnait des moyens financiers pour vulgariser ces savoir-faire; cela a fait tache d’huile et a été un exemple pour la gestion des activités par des gens qui ne sont pas des professionnels.
Après Bamba, je suis venu à la FONGS (Fédération des ONG Sénégalaises) suite à un séminaire en 1985. Ce séminaire avait recensé l’ensemble des modes de gestion des associations au niveau national. Et c’est l’expérience de Bamba qui a été retenue. Ceci a fait l’objet de mon engagement à la FONGS pour que d’autres associations puissent également bénéficier d’un appui dans le domaine de la gestion. A la FONGS, j’ai été chargé de l’appui à la gestion des associations, parallèlement à mes fonctions de mise sur pied d’une structure comptable fiable au niveau de la structure-mère (tenir la comptabilité, instaurer des supports comptables appropriés qui permettent de justifier les financements qu’on reçoit des partenaires).
Et en même temps je travaillais pour que les associations puissent progresser dans le domaine de la gestion. Au niveau des capacités et des savoir-faire, beaucoup de choses ont été faites. Il y a eu beaucoup d’acquis, tant au niveau des responsables d’associations à la base qu’au niveau de ceux qui sont chargés de l’appui. La formation d’un capital de connaissances et d’expériences a permis de faire beaucoup. L’auto-responsabilisation, la capacité de piloter les activités et les programmes, la capacité de gérer, la capacité de négocier avec des partenaires : ce sont les domaines de connaissances et de savoir-faire qui ont pu être inculqués aux associations grâce à des séminaires (et à la gestion par les associations des fonds fournis chaque année par SIX S). Cet appui de la FONGS a désormais cessé. Notre ONG effectue, à petite échelle, un travail du même genre. Certaines associations arrivent à progresser grâce au co-financement de leurs propres programmes par leurs partenaires ».
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, Senegal, Thies
L’histoire d’un pilier de la bonne gestion des associations paysannes. Son parcours est d’autant plus intéressant qu’il a débuté comme comptable au sein d’une association paysanne (en 1982) de petite taille située dans l’Est du Sénégal. Il relie entre elles, par sa pratique, la fonction d’expertise-comptable et la fonction d’appui au progrès des capacités de gestion des responsables paysans.
Entretien avec NDONG, El Hadj réalisé en décembre 1997 à Thiès (Sénégal).
Interview
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