07 / 1998
Pascal Mané, responsable en communication de l’Entente de Diouloulou : "A la création en 1975 nous avons connu des difficultés parce que les personnes qui avaient créé l’association étaient illettrées, alors il fallait trouver deux personnes qui devaient les accompagner dans le processus. A ce moment, tout ce que ces deux jeunes leur disaient : "il y a ça à faire, ça à faire", les gens le faisaient sans se rendre compte que ce qu’ils faisaient n’était pas bien. Ils avaient donné tout le pouvoir aux jeunes et ils pensaient même que ces jeunes-là étaient censés connaître tout et pouvaient tout leur dire. Cela a fait des complications, quand on a voulu faire un renouvellement. Beaucoup de membres sont partis, jusqu’au moment où l’association a commencé à avoir des revenus. Désormais, les initiateurs pensent souvent encore que les jeunes veulent les écarter. Après l’exécution du premier programme d’activités du groupement de Kabiline, une évaluation a été faite. Elle a permis aux gens d’avoir des nouvelles pistes d’orientation. Dans la gestion du premier programme on avait impliqué l’Etat; c’est à dire que le sous-préfet était cosignataire du compte du projet à la banque. Chaque fois, il venait avec le trésorier ou le président de l’Entente et il fallait chercher ces deux-là pour retirer de l’argent pour faire quoi que se soit avec ! Donc, l’évaluation a montré que le travail n’était pas allé dans le bon sens. Les gens se sont révoltés face aux responsables qui avaient dirigé le programme et ont dit : "Ecoutez, il faut que l’on apporte un changement. Nous ne pouvons pas continuer comme cela. Si réellement on doit continuer, il faudrait que l’on change de stratégie, que l’on change même de "figures" pour pouvoir continuer le travail". Car c’était seulement quelques personnes qui jouaient avec le compte. On a vraiment connu un blocage; pendant deux ans les activités n’ont pas continué, parce qu’il fallait qu’il y ait un changement au niveau des personnes qui tenaient la gestion.
De 1990 à 1993, nous avons procédé à ce qu’on a appelé le "renouvellement" parce que toutes ces années dont je parle (de 1975 à 1993) le président était le même, un seul et unique ! On avait pourtant dit dans nos statuts, que l’on devait renouveler tous les deux ans mais, chez nous, le respect dû aux anciens est très important. Donc nous, étant jeunes, nous ne pouvions pas parler de changement de personnes face aux "supérieurs". Pendant 10 ans, on s’est dit : "les choses évoluent vraiment mal au niveau de l’Entente, il faut que cette fois-ci, on essaye de voir quels changements on peut aussi apporter au niveau des responsables". C’est ainsi qu’on a conduit un jeune, qui est devenu le Président de l’association en ce moment. Alors c’était aussi pour voir, de quelle façon on pouvait travailler parce qu’on voyait que deux bureaux au niveau de l’association, c’était inutile. Il y avait un président qui ne travaillait pas ou des responsables qui faisaient pas leur boulot".
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, Senegal, Diouloulou
La principale difficulté interne de l’association sénégalaise décrite par un de ses responsables est celle-ci : comment arriver facilement à changer de "figure" ; c’est à dire arriver à élire de nouveaux responsables quand les anciens n’ont plus la compétence ou l’honnêteté qu’il faut. Et comment on finit par y arriver après dix ans !
Cette fiche est la troisième d’une série de 4 fiches composées à partir d’un même interview de Pascal Mane
Entretien avec MANE, Pascal réalisé à Diouloulou en juillet 1998.
Interview
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