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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Les organisations paysannes et la filière coton (Burkina Faso)

Histoire entre 1994 et 1998

Pierre BICABA, Christophe VADON

05 / 1998

Pierre Bicaba, président de l’Union Provinciale des Producteurs de coton et de céréales du Mouhoun : "L’organisation des paysans en filières s’est faite en 1994, dans le cadre du comité de suivi de la rencontre paysanne de Dédougou. A l’origine, il y a une étude de l’ARC (bureau d’études burkinabé) commandée par l’ONG Six S pour connaître les faiblesses du mouvement paysan au Burkina. Durant 10 ans, Six S a suivi les relations entre paysans et s’est rendu compte que rien n’évoluait vraiment. Il fallait comprendre pourquoi. Pendant l’étude, ARC a vu que les problèmes soulevés étaient différents selon l’activité menée (élevage, coton...). Pour discuter des résultats de celle-ci, nous avons décidé d’en faire une affaire nationale ; on a demandé des financements. On a demandé des fonds à la France, à la Suisse, à l’ONG SAARAUD, à la Commission nationale de décentralisation... Ils ont financé la rencontre de 1994.

Puis il y a eu la restitution des résultats de l’étude. Chacun s’est regroupé pour parler de ses problèmes selon les produits. En 1994, on a poursuivi la réflexion (à Dédougou il y avait eu une certaine précipitation) avec l’idée de "profession". Si l’éleveur parle de sa vache et que je produis du coton, je ne vais pas l’écouter. D’où l’idée de regroupement par intérêts dès la base. A partir de 1994, il y a eu une volonté de mettre en place une structure nationale paysanne pour continuer à suivre ces problèmes. A partir de là, le Comité de suivi de Dédougou a été mis en place. Il est composé de 5 membres. En ce temps-là on avait recensé au niveau du Burkina 10 filières. Une onzième filière nous avait été recommandée par ARC : la pêche.

Moi, je suis le responsable de la filière coton. Quand on s’est quitté à Dédougou en 1994, le truc est resté lettre morte. C’est quand le Comité de suivi a élaboré son budget, son plan d’action et qu’il a réuni des financements que les activités ont vraiment démarré, en janvier 1996. On a reçu le financement en décembre 1995. La filière coton a tenu sa première réunion le 18 janvier 1996. Ce jour là, on a mis en place un Comité provisoire de la filière nationale qui avait pour objectif la mise en place d’un syndicat des professionnels du coton au bout de 18 mois. En juin 1997, en principe, cela devait être terminé.

Mais le groupe a été divisé par la société cotonnière, la SOFITEC. On était 8 au comité, maintenant 4 travaillent avec la SOFITEC. Déjà à l’époque, ces 4 là ne venaient pas et allaient à des réunions organisées par la SOFITEC. Selon eux, la SOFITEC devait décider pour les paysans. Ils étaient dans le Comité, sans savoir pourquoi. Il n’y avait pas eu d’élection. On avait demandé à chaque Province de donner un représentant pour le Comité. Il y a eu des divisions, lors de la première rencontre. Mais on a pu mettre en place un Bureau avec un secrétaire et un trésorier. Le Comité est resté en " vivotage " jusqu’en avril 1997.

En octobre, ces mêmes gens sont venus au Comité et ont proposé de faire un blocus de la vente du coton. Il y avait eu un problème, la SOFITEC avait donné de mauvais produits, et donc il y a eu une mauvaise récolte. Donc, ils voulaient faire annuler les crédits des producteurs. On a refusé leur demande en leur disant que, puisqu’ils s’entendaient avec la SOFITEC, ils n’avaient qu’à lui demander eux-mêmes l’annulation des crédits. Pour faire le blocus il faut être sûr qu’aucun groupement ne va vendre. Finalement, on a bloqué les ventes et la SOFITEC a accepté de prendre en charge la part du crédit des insecticides (70 pour cent) car le problème semblait venir de là. On s’est mis d’accord avec la SOFITEC pour prévoir une rencontre avec les responsables des unions départementales de producteurs. On a choisi un représentant pour la campagne cotonnière au sein de la FENOP (Fédération nationale des organisations paysannes). J’ai été désigné pour cela. Avant de partir à la rencontre, j’ai demandé un financement au SAARAUD. Il y a eu discussion avec la SOFITEC qui a donné l’argent après négociation. Des journalistes ont raconté le conflit avec la SOFITEC. La SOFITEC a alors voulu m’anéantir..."

Key words

countrymen’s organization, production procedure channels, cotton, local development, autonomy, conflict, company, public sector


, Burkina Faso, Mouhoun

Comments

Comment a démarré, au Burkina Faso, l’histoire des filières de production après la rencontre de Dédougou en 1994 et en particulier quels ont été les premiers pas de la filière coton. C’est ce qu’explique le premier président du comité responsable de cette filière au sein de la Fédération FENOP (Fédération Nationale des Associations Paysannes du Burkina). Débuts difficiles, en particulier parce qu’une filière "réfléchie par des paysans" fut mal acceptée par une société d’Etat comme la SOFITEC, chargée de, l’achat, la transformation et la vente du coton.

Notes

Notre interlocuteur est co-fondateur d’une Union de producteurs de coton et de céréales. Déjà interviewé en 1996 (fiche DPH 5202, 5211, 5212, 5213) il a mené le combat pour que les organisations paysannes aient leur mot à dire dans la construction de la filière professionnelle "coton".

Entretien avec BICABA, Pierre réalisé en mai 1998.

Source

Interview

GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - France - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org

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