Conseils d’une présidente d’union pour appuyer les femmes
05 / 2001
Mama GUEYE, présidente de l’UGAN (Union de Groupements Associés du Niombato) :
"Mon conseil est d’appuyer les femmes à partir des activités qu’elles mènent déjà. Par exemple, quand tu viens voir une association et que tu veux l’appuyer en maraîchage alors qu’elle n’a jamais effectué de maraîchage, c’est un blocage. Les partenaires font souvent cela et c’est un problème majeur : venir imposer une activité que le groupement n’a jamais menée est une erreur.
Il faut tenir compte de la structure appuyée et surtout des compétences de ses membres. Il peut y avoir une structure très large qui ne peut rien gérer parce que les membres sont incompétents. Et il peut y avoir une structure moyenne qui peut gérer des millions sans problème parce que les membres sont capables de gérer. Pour mesurer cela, il faut venir sur le terrain, faire des enquêtes, discuter avec le bureau exécutif et puis discuter avec les membres et leur poser des questions, pour se rendre compte de la capacité de gestion.
Un autre conseil est de les former, parce que c’est vraiment très important pour les femmes. La formation dépend de l’activité à mener. Si c’est un crédit, il faut les former en crédit-épargne, si c’est du maraîchage en techniques maraîchères. L’appui doit toujours être accompagné d’une formation.
Comment faisons-nous lorsqu’un partenaire veut nous aider ? Chaque groupement a ses activités à mener chez lui. A l’union, on a des fiches ou l’on recense tous nos groupements et on demande à chaque groupement de mettre sa principale activité en haut de la fiche et puis de mettre ensuite les autres activités. Cela nous permet, si on a une proposition d’ appui en maraîchage par exemple et qu’un groupement a mis que c’était son activité principale, de dire qu’il y a tels groupements à appuyer. On les convoque pour discuter et nous mettons en relation le groupement et le partenaire. C’est nous, l’union, qui conseillons le choix du groupement à appuyer.
Je ne suis pas pour un appui direct du partenaire au groupement parce que seule l’union peut juger que tel groupement est fidèle ou infidèle. Si tu viens appuyer directement un groupement et qu’il y a un problème, tu ne sauras pas où te baser pour le régler. C’est un risque pour le partenaire. Il y a des groupements qui font des dégâts et qui ne veulent plus adhérer à l’union, qui se mettent à l’écart pour mener leurs propres activités, si tu viens appuyer ce genre de groupement tu auras un tas de problèmes.
Lors d’une intervention auprès d’un groupement mixte, les femmes participent vraiment parce que nous avons un système : on a demandé à nos membres d’avoir des présidentes au lieu de toujours nous envoyer des présidents, et que la trésorière soit une femme. Maintenant, si un groupement avait un président, il se reconstitue, il va avoir une présidente femme et cet homme va devenir vice-président. C’est comme cela que nous travaillons. Parce que pendant que les femmes travaillent, les hommes sont sous l’arbre à palabre alors que les femmes n’ont souvent même pas le temps de discuter. On les appuie de la même manière parce que s’il y a une différence les hommes vont se révolter (rire). Mais parfois, s’ils voient que les femmes remboursent ils vont faire un effort et se référer à elles, cela a un bon impact."
solidarity, gender, power, countrymen’s organization, planning, support structure, local development
, Senegal, Kaolack
Une description précise du rôle d’une union zonale de groupements, dans la planification de l’aide aux activités décidées par les groupements eux-mêmes. Et aussi dans la planification de l’accès à des responsabilités entre femmes et hommes ! Sans compter le conseil donné aux ONG de s’appuyer sur les organisations paysannes existantes pour aider et de ne pas le faire directement avec les villageois.
Notre interlocutrice est l’une des rares "présidentes" d’une association régionale importante composée de groupements mixtes. Voir les fiches extraites du même interview, les fiches GRAD n°472 à 475.
Entretien avec GUEYE, Mama réalisé en février 2001.
Interview
BENOIT, Séverine
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