04 / 2001
Face à l’intervention infime de l’Etat dans les communautés de base, l’échec des opérations de développement rural, le manque de confiance au pouvoir politique, les populations ont réagi de façon à prendre en charge leur propre développement en créant des associations locales et de ressortissants.
Les ressortissants des différentes localités au Mali se sont souvent regroupés en associations de typologies différentes selon leur histoire, leur composition, leur objectif et leurs dimensions socio-culturelles.
La contribution de ces organisations est énorme quant au développement des initiatives à la base, la mobilisation des ressources locales et étrangères.
Cette forme de participation au développement local constitue une force dans le nouveau contexte de la démocratie , de décentralisation et d’intégration régionale qui prévaut au Mali et en Afrique.
A ce propos le cas de l’Association des ressortissants de Touba, regroupés au sein du mouvement de la jeunesse de Touba pour le développement (MJTD)est illustratif et édifiant. Touba est un village soninké , chef lieu de commune, situé dans le cercle de Banamba, région administrative de Koulikoro. La migration constitue une pratique culturelle et économique des populations de ce village qui se livrent alors à l’exode rural vers les grandes villes au Mali, en Afrique et ailleurs.
Bien avant l’adoption de la politique de libre administration des collectivités décentralisées au Mali, ce village avait déjà amorcé un essor considérable grâce aux efforts des émigrés qui ont créé une dynamique associative impliquant toute la population.
Les réalisations sont multiples : infrastructures routières, éducatives, sanitaires, les postes de télécommunication, les aménagements hydro- agricoles, les édifices religieux, les formations des populations locales dans divers domaines, etc.
En 1995 les fonds mobilisés et investis par le MJTD sont estimés à près d’un milliard de francs CFA. Ces fonds sont mobilisés auprès des ressortissants dans les villes au Mali et à l’étranger pour répondre aux besoins des populations installées dans le village.
Au delà de ses propres fonds, l’association mise en place est un créneau pour démarcher les organismes étrangers pour leur appui technique et financier, cela a valu à l’association d’être érigée en ONG de développement.
Après avoir réussi le défi d’asseoir son propre développement, Touba à travers les efforts consentis par les émigrés a accompli un pas significatif depuis le lancement du processus de décentralisation dans la mise en oeuvre de son auto-développement organisationnel, socio économique et culturel.
En terme d’intégration régionale, la migration et le commerce qui constituent une tradition en milieu soninké en général et à Touba en particulier, constituent des atouts importants. En effet, ces populations ont développé une culture des affaires, une capacité à mener des transactions commerciales à l’échelle nationale et internationale et sont très ouvertes au brassage culturel et à la coopération.
Eu égard à ces potentialités dont dispose la commune de Touba à l’instar d’autres villages, la décentralisation et l’intégration régionale à travers les émigrés peut être considéré comme une chance pour le Mali en dépit de la faiblesse des ressources et l’enclavement qui handicapent fortement le développement global du pays.
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, Mali
Monsieur Traoré est membre du Collège ONG du programme gouvernance au Mali. Son adresse : CEAD (Centre d’Etudes et d’Actions pour le Développement)BPE 525 Bamako
Experience narration
Programme Gouvernance Mali - BP E 1911 Bamako, Mali - Tel (223)22 71 65/77 39 85 - Fax (223)22 71 65 - - Mali