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Capitaliser des mémoires collectives pour une meilleure appréhension de l’histoire

François FAIRON

12 / 1999

Cela fait désormais 8 ans que j’exerce le métier d’historien-conseil. Je travaille sur les thèmes de l’histoire locale et de la transmission orale de la mémoire. Je dirais que mon activité vise à rapprocher les gens de leur histoire, pensant qu’elle est un facteur de dynamisme dans la construction de leur présent, parce qu’elle souligne des cheminements, des identités, des racines propres à chacun. L’histoire locale fait référence au territoire quotidien des gens. La transmission orale de la mémoire apporte un supplément d’âme au temps, si impersonnel lorsqu’il est anonyme. Le 20ème siècle a connu de tels changements que de mémoire d’homme, comme le consacre la formule, il y a beaucoup à connaître. L’histoire locale donne une clé de lecture pour aller vers l’histoire des autres, vers une histoire universelle. A une époque où tout va si vite, où aujourd’hui semble déjà appartenir au passé, cette mise en avant de l’histoire n’est pas fortuite.

La réunion des 4 et 5 mai rue Saint Sabin (1)m’a incliné à voir dans la capitalisation d’expérience un excellent outil de travail pour l’histoire locale.

La capitalisation de mémoires collectives peut aider les habitants à valoriser leurs identités et à avoir des repères. La capitalisation, dans son fonctionnement souligne le rôle fondamental de la mémoire et s’attache à ce que sa transmission soit la plus juste possible. Ce sont là, deux des conditions nécessaires pour que l’histoire locale se rapproche réellement des hommes et vice-versa. La capitalisation doit permettre le passage d’une série d’informations isolées, en un savoir structuré.

L’historien italien Alessandro Truizi mettait en avant le concept d’histoire participante. Celle-ci, associant des habitants et des professionnels, se devait de valoriser les parcours individuels, des familles, de toutes les familles et surtout celles parmi les classes laborieuses. Il voulait empêcher une falsification et une confiscation de l’histoire au profit d’une classe dirigeante.

Aujourd’hui, en Europe et en Amérique Latine, de nombreuses expériences mettent en avant l’histoire locale.

Au Brésil, Edmir Perroti travaille à l’école des communications et des arts de l’université de Sao Paulo. Il a ouvert, il y a 3 ans, une Station Mémoire dans un quartier. Son idée est née il y a de cela 10 ans, lorsqu’une vieille dame lui a dit qu’elle et tous ses voisins avaient construit, façonné le quartier. Il a compris que l’histoire privée de toutes ces familles devaient investir le domaine public. Il a conçu un logiciel informatique qui permet une transmission dynamique de la mémoire. En recherchant lui-même des informations, l’utilisateur en retient davantage.

En Allemagne, à Hambourg, 14 boutiques d’histoire soulignent l’histoire des quartiers. Des rencontres entre habitants et professionnels, des animations regroupant des jeunes et des personnes âgées ont lieu. A Brême, un café d’histoire, fonctionnant sur le même modèle a ouvert.

En France, dans l’Académie de Créteil, des ’ classes villes ’, sur le modèle des ’ classes vertes ’ apprennent aux enfants à redécouvrir leur ville. A Ivry, un observatoire de la ville s’est installé au sommet d’une tour. De là, les enfants voient la ville comme une carte, où les différentes époques de sa construction se lisent aisément. A Wasquehal, l’association ’ Grandparenfants ’ multiplient les rencontres entre jeunes et anciens. Dans les établissements scolaires, il en va de même. Les emplois-jeunes de gardien de la mémoire se développent. L’édition du Monde du 18-19 juillet 1999, évoquait dans l’un de ses articles l’hypothèse de la création d’un ministère de la mémoire, en remplacement du ministère des anciens combattants.

Key words

history, collective memory


, France

Notes

(1)La FPH a entrepris un bilan de dix ans de sa politique de capitalisation d’expériences avec la participation d’une quarantaine de partenaires. Un document préparatoire composé de fiches d’expériences a été produit, puis un atelier de travail s’est déroulé à la FPH les 4 et 5 mai 2000. F. Fairon se définit comme ’ historien public ’. Il est l’auteur de ’La plume partagée’ DD 85, Ed.ECLM

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