La Colombie connaît actuellement un surcroît de violence (relance des actions de la guérilla qui veut faire pression sur le gouvernement au moment de définir les modalités des pourparlers de paix ; multiplication des actes de terrorisme des paramilitaires qui veulent, soit accéder à la table des négociations en étant reconnus comme interlocuteurs politiques, soit "nettoyer" eux-mêmes le pays par la force ; aggravation de la situation des populations déplacées ; crise économique la plus grave depuis les années 30 ; etc.)qui pourrait faire douter de tout : de la capacité du gouvernement actuel - qui avait affirmé sa volonté de paix, lors de son installation, mais dont les progrès sont lents à apparaître - jusqu’à l’efficacité de nos propres actions, en passant par l’énergie que peuvent encore déployer les Colombiens les plus engagés dans la recherche de solutions et qui montrent des signes de désarroi.
En réalité, il faut : - en ce qui concerne la situation elle-même, être capable de jauger la nature exacte des efforts de négociation qui sont tentés malgré tout, ainsi que ce que représente réellement le mouvement de protestation de la société civile ; - en ce qui concerne nos actions, repérer ce qu’elles ont permis de réaliser, sur une période relativement longue d’une dizaine d’années environ.
Relevons ce qui caractérise aujourd’hui cette coopération que nous avons entreprise, dès l’origine, avec une autre organisation : le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD). Toujours centrée sur le CINEP à Bogota, un important centre de recherche et d’éducation populaire créé, et toujours supervisé par les jésuites, elle a accompagné les choix de cette institution reconnue pour la qualité de ses travaux : de l’incontournable défense des droits de l’homme à un soutien plus complexe aux efforts de structuration de la société civile qui ont franchi une étape très importante, en juillet 1998, avec l’installation de l’assemblée permanente de la société civile pour la paix, en passant par l’appui plus ou moins direct à des initiatives originales et porteuses d’avenir comme le Programme Développement et Paix dans le Magdalena Medio (PDPMM)et l’expérience des Communautés de paix (CP)dans l’Uraba.
On peut apprécier la pertinence de ces choix en notant, par exemple, que le PDPMM semble être considéré comme une réelle alternative par les institutions financières internationales elles-même puisqu’il bénéficie d’un soutien de la Banque mondiale, notamment, et que les CP se sont vues attribuer, l’année dernière, le premier prix de la Commission nationale française pour les droits de l’homme. En terme d’avenir, malgrè d’énormes difficultés tenant à la nature même du choix de vie fait par ces paysans déplacés qui ont décidé de réintégrer leurs terres d’origine, avec plus de 10 000 personnes concernées, l’expérience des communautés de paix pourrait atteindre la masse critique permettant d’apparaître comme une formule reproductible et incitant à approfondir le concept de "territoire de paix". En même temps il ne faut pas négliger le fait que nous ayons pu faire dire aux autorités colombiennes que le gouvernement "soutient sans réserve" cette expérience. Par ailleurs, les autorités françaises ont confirmé leurs encouragement et rappelé ce que cette évolution doit à l’action des ONG.
Globalement, l’importance du rôle de la communauté internationale est loin d’être négligeable et deux faits récents montrent la nécessité de rester présents : - le succès de la relance de l’action de formation à l’utilisation de la méthode DPH par des partenaires très variés du CINEP représentant plusieurs secteurs géographiques et types d’action dans le pays, au moment même où l’échange de l’information est essentiel pour le processus de paix (on peut aussi noter à cet égard que le ministère français des Affaires étrangères a donné son accord de principe pour un soutien à ces opérations); - dans la phase actuelle de préparation/relance des négociations de paix, est évoquée la nécessité de proposer à des responsables de la guérilla appelés à réintégrer la vie normale et à participer à l’organisation de la société une formation adaptée.
construction of peace, irenical methodology, transition from war to peace
, Colombia
Ce cas est particulièrement représentatif d’une situation où la FPH, associée à d’autres organisations, peut jouer un rôle doublement stratégique :- en reliant des partenaires divers autour de différentes initiatives dont l’articulation même est un élément fondamental de la recherche de la paix ; - en faisant la démonstration que DPH est bien l’instrument "utile à l’action" qu’il veut être.
Cet état de fait est cohérent avec l’attitude de recherche d’une solution "globale" qui paraît indispensable dans le cas de la Colombie.
On peut aussi remarquer, de ce point de vue là, que cette pratique de globalisation en même temps que d’action par un travail de liaison et d’appui à des réseaux pourrait prévaloir dans d’autres situations où nous sommes impliquées : les dossiers "Méditerranée et Balkans" et "Violence urbaine" par exemple.
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