Comment un acteur collectif naît de l’obstination des plus motivés
10 / 1999
En 1992, la rencontre "vers un banque solidaire", organisé par le programme LEX de la FPH (devenu maintenant ECO), réunit des acteurs des pays du Sud et des acteurs européens pour tirer de l’expérience des premiers des principes d’action pour une banque solidaire européenne. A la suite de cette rencontre, un certain nombre de participants français continuent à se réunir très régulièrement à la FPH pour chercher une mise en ouvre concrète de ces principes. Des obstacles importants apparaissent assez vite : vouloir créer une banque européenne relève de la gageure à cause des contraintes administratives et légales. Autre obstacle : deux catégories de participants ont des priorités différentes. Les opérateurs financiers solidaires, se heurtent aux problèmes concrets sur le terrain (accéder aux fonds de garantie, susciter plus d’épargne solidaire, financer l’accompagnement des porteurs de projets...)et sont soucieux de trouver des solutions. Les ONG militantes non opératrices, cherchent surtout à sensibiliser le grand public à l’épargne solidaire. Un troisième obstacle est, au sein même des opérateurs financiers, des produits différents, des cibles de créateurs à soutenir différentes, et des intérêts donc différents. Alors que les zones de concurrence sont en réalité assez faibles, et la complémentarité potentielle forte, la mayonnaise n’a pas prise à l’été 1994. Le frein principal est de se rallier à un jeu collectif : certains craignent que, dans ce jeu, leur produit soit mal mis en valeur et que l’émergence d’un organisme collectif vienne concurrencer leurs démarches personnelles, tous ces organismes étant soutenus par des fonds publics. A l’été 1994, le groupe faillit s’arrêter, mais finalement, à l’automne, le projet de créer une association pour stimuler l’épargne solidaire naît. Le groupe se recentre sur les opérateurs financiers les plus motivés. Finansol est créé.
Il s’élargit assez vite aux banque et organismes financiers gérant des fonds communs solidaires de partage. Il crée un label éthique sur ce type de produits, attribué pour la première fois à une dizaine de produits en 1997, puis une deuxième fois à une vingtaine en juin 1999 par François Villeroy de Galhau, chef de cabinet du ministre des Finances. Finansol a une action médiatique pour promouvoir l’épargne solidaire, organise des réunions d’information dans différentes villes de France, et est maintenant reconnu comme chef de file dans ce domaine. Finansol élabore un projet de loi en douze articles pour promouvoir l’épargne solidaire et de proximité.
Au sein de Synergies pour la création d’entreprises, Finansol porte aussi ce thème et se trouve dans une démarche de lobbying et de recherche de consensus avec les ministères concernés : cabinets du Ministère des Finances, Direction du Trésor, Secrétariat d’Etat aux PME, Délégation à l’Emploi, Délégation à l’Economie Sociale, ...
alternative financing, social financing, ethical investment
, France
Finansol est devenu l’acteur collectif de l’épargne et du financement solidaire en France. Le résultat concret, c’est au quotidien tous les épargnants qui rejoignent les produits solidaires. C’est un mouvement lent qui s’accentuera quand la démarche de lobbying aura porté ses fruits. D’un côté, on peut considérer qu’on est loin d’une banque solidaire européenne, puisque Finansol est pour l’instant français et n’est pas une banque. Mais d’un autre côté, on peut dire que Finansol ne serait pas né sans l’obstination de la FPH à réunir les acteurs et les faire dialoguer entre eux. La FPH continue à appuyer Finansol financièrement mais aussi sur le plan des idées et méthodologiques, particulièrement dans ses stratégies de lobbying. La FPH est depuis l’origine dans le bureau de l’association.
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