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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Organisation de débats sur la loi contre les exclusions en France

Une méthode adaptée aux objectifs de la rencontre : un processus de préparation collectif et rigoureux pour obtenir un document commun et utile

Philippe AMOUROUX

04 / 1998

En septembre 1996, la FPH décide qu’elle a le devoir de participer à une expression collective sur le projet de loi cadre contre l’exclusion que le Président Chirac avait annoncé lorsqu’il était candidat et qui est en train d’être élaborée. En effet, elle travaille sur ce thème depuis des années au travers de son programme LEX. Elle invite donc une quinzaine de ses partenaires notoirement connus dans ce domaine en les priant de bien vouloir rédiger une à deux pages donnant le message essentiel à donner, d’après eux, au gouvernement. Une réunion de deux heures a lieu pour faire une synthèse, débattre des points-clés et décider de l’action à mener. Pierre Calame propose au groupe, qui accepte, d’écrire un texte de quatre pages qui reprenne les points de consensus. Une deuxième réunion de deux heures permet de valider le texte. Il est ensuite diffusé largement auprès des cabinets ministériels, des élus et de la presse. Quelques articles feront d’ailleurs l’écho de ce document dans La Croix, Le Monde et Ouest France en particulier. Le texte met en avant huit thèmes que la loi devrait adresser, et le groupe décide d’organiser un débat d’une journée sur chaque thème. Pour assurer la logistique, l’organisation des débats et la rédaction des synthèses, nous avons embauché Laurent Fraisse.

Sur chaque thème, nous avons d’abord constitué un groupe d’animation avec l’animateur du débat et deux autres personnes. Ce groupe a rédigé une note de problématique et constitué la liste des personnes à inviter. La note a servi aussi d’appel à réaction et à contribution. Laurent a effectué une synthèse des contributions en quelques pages pour lancer le débat. Ce dernier était divisé en deux parties : le matin, problématique et constat, l’après-midi, propositions. Lors du premier débat, nous avons essayé d’utiliser la méthode l’Abaque de Régnier, qui consiste à lister tous les points de constat et les propositions, puis a faire remplir un formulaire où chacun indique sur chaque item son degré d’accord de un à cinq (code de couleur); un logiciel permet de visualiser les points d’accord et de désaccord et d’animer le débat. En fait, nous avons trouvé que cela était lourd à manipuler et mettait tous les points sur le même plan avec la difficulté de la formulation des items. Nous sommes donc revenus à une expression plus naturelle avec une présentation initiale d’une synthèse des contributions et une réaction par tours de tables successifs. Il était demandé à chaque participant de donner de manière synthétique trois points essentiels pour lui.

Ensuite, nous avons dressé à deux le plan de la synthèse de chaque débat que Laurent a rédigée. Plusieurs aller-retour ont été effectués avec les participants jusqu’à arriver à un texte signable par tous ceux qui le pouvaient, les institutionnels étant fréquemment réticents à toute signature. Chaque synthèse est divisée en trois parties : constat, orientations et propositions sur chaque orientation. L’ensemble des synthèses a été réuni dans un Dossier pour un Débat tiré en deux versions une payante mise au catalogue et une gratuite qui été diffusée auprès des cabinets ministériels concernés, des députés et sénateurs et des réseaux associatifs. Ce document est rediffusé actuellement, puisque le projet n’ayant pas abouti lors du gouvernement précédent, le débat parlementaire est imminent. Au total 2000 exemplaires ont été diffusés gratuitement et le dossier est connu de et apprécié par la plupart des acteurs concernés y compris les ministres. Beaucoup considèrent que c’est un ouvrage de référence sur le sujet.

Key words

methodology, legislation, social exclusion


, France

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Quels sont les points-clés pour réussir ce type de rencontres ?

1/ Avoir dès le départ un processus collectif démocratique et ouvert. La FPH intervient pour prendre l’initiative, mais elle invite tout de suite un groupe et rentre dans un jeu collectif où elle est là pour faciliter la logistique. Elle est aussi le garant du processus démocratique, n’ayant aucun enjeu ni politique, ni financier dans l’affaire. L’idéal est d’ailleurs d’identifier immédiatement le collectif par un nom choisi par ses membres. Cela n’a pas été fait dans ce cas précis, ce qui a parfois posé des problèmes d’identification avec le risque que cette dernière se fasse sur la FPH et, de ce fait, nuise à son caractère de "terrain neutre".

2/ Avoir un positionnement clair par rapport aux dynamiques existantes et qui soit complémentaire et non redondant. En l’occurrence, il y en avait deux, celle du collectif ALERT et celle menée par Médecins du Monde. Notre groupe s’est positionné plus sur le long terme, en cherchant plus à donner des éléments de cahier des charges pour une politique publique qu’à faire des propositions de décrets de loi. Toutes les propositions gardent donc toute leur actualité, et ceci pour un bon moment.

2/ Avoir une cheville ouvrière pour entretenir la dynamique et assurer la fonction de synthèse. Dans l’idéal, je pense qu’il est mieux que la personne n’appartienne pas à la FPH, mais soit elle-même un acteur ; dans tous les cas, il faut la choisir de manière très précautionneuse pour qu’elle ne tombe pas dans l’écueil d’exprimer sa propre pensée, mais soit respectueuse de la pensée de chacun et qu’elle essaye de trouver les formulations qui conviennent à tous.

3/ Choisir des animateurs qui aient une légitimité sur le sujet traité et des qualités réelles d’animation sans se mettre en avant.

4/ Plus il y a de travail fait avant la rencontre, plus il y a des produits riches et pertinents. Le travail de relance pour obtenir des contributions par le chef de projet est fondamental. Le débat doit être concentré sur les points essentiels, sur les désaccords et l’éclaircissement des zones de flou de façon à déterminer quels sont les points consensuels du groupe ou ceux qui peuvent le devenir moyennant éclaircissement et discussion, pour former le corps du document final.

4/ Avoir une grande rigueur pour arriver à un texte collectif que chacun signe. Pour cela, il ne faut pas hésiter à multiplier les aller-retour jusqu’à ce l’accord soit bon : soit la formulation convient à tous, soit certaines nuances ne sont pas totalement consensuelles, mais ceux qui sont en désaccord acceptent le compromis qu’ils considèrent comme mineur, soit le point est retiré purement et simplement.

4/ Intégrer au départ dans la démarche le type de produit recherché et surtout le type de promotion qui en sera réalisé. Sur ce point, nous gagnerions à améliorer notre savoir-faire pour arriver à de véritables plans de promotion programmés et ciblés.

Source

Grey literature

(France)

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