02 / 1999
Malgré la décentralisation, les Investissements de fonctions locales (IFL)restent donc aujourd’hui presque exclusivement tributaires de dotations -aléatoires et sans doute vouées à décroître- des budgets des Etats, et surtout des "projets" financés par les bailleurs de fonds, la coopération décentralisée et les ONG étrangères.
Rétablir des niveaux convenables d’investissements publics urbains, à la mesure des enjeux, mettant en oeuvre des mécanismes de maîtrise d’ouvrage et de financement soutenables et durables constitue l’un des défis auxquels tous les partenaires sont confrontés.
Pour remettre à l’échelle la dépense publique urbaine, il est nécessaire de mobiliser conjointement toutes les sources concevables :
* contribution directe des usagers de la ville (ménages, entreprises), en monnaie, grâce aux diverses taxes et impôts locaux, mais sans doute aussi contribution en nature, sous forme de fourniture de main-d’oeuvre ou de matériaux ;
* contribution des usagers et bénéficiaires non résidents de la ville . L’analyse des échanges entre le milieu urbain et le milieu rural effectuée dans les études ECOLOC confirme que les ménages et les entreprises de l’hinterland accordent beaucoup d’importance à leur ville chef-lieu et ont tout intérêt à ce que celle-ci reste attractive, dynamique et efficace le prélèvement de la ville sur l’hinterland peut prendre diverse formes, dont la plus "indolore" et la plus répandue est la mobilisation par la ville de l’épargne rurale. A défaut de réinventer l’octroi, il faut sans doute que la ville puisse tirer des ressources des activités périurbaines et notamment des entreprises privées et publiques situées hors du territoire de la commune ;
* dévolution aux associations d’usagers et au secteur privé de tous les domaines pour lesquels l’intervention du secteur public ne s’impose pas ou doit même être évitée. C’est évidemment le cas du logement, mais aussi de certaines dépenses d’aménagement de terrain à construire comme les équipements secondaires et tertiaires des lotissements. C’est évidemment le cas des "utilités" comme l’eau et l’énergie, mais ce peut être aussi le cas de la plupart des équipements publics marchands tels que les marchés et les gares routières, qui font pourtant encore aujourd’hui souvent l’objet d’un financement public ;
* recours à l’investissement direct privé local, national ou étranger chaque fois que possible, ce qui suppose, entre autres, que les villes disposent d’une bonne image et se dotent d’une politique de communication adéquate. Les diasporas contribuent déjà souvent à ce type d’investissement et doivent être encouragées à persévérer (cf les fontaines Wallace de Paris, et le mobilier urbain de certaines villes égyptiennes qui est "offert" par des firmes étrangères comme Benetton);
* recours à l’aide extérieure ou plutôt aux transferts officiels. Au delà de la solidarité, la première raison d’être de ces transferts publics est de compenser les distorsions induites par les restrictions à la libre circulation des personnes dans un monde caractérisé par ailleurs par la libre circulation des capitaux et des biens et services et de l’information. Il n’y a donc aucune raison de penser que ces transferts publics sont appelés à disparaître ni même à décroître, d’autant qu’ils resteront en toute hypothèses nécessaires pendant encore plusieurs décennies. Le point d’application le plus naturel de ces transferts publics est une contribution aux investissements publics de peuplement, dont les IFL urbains sont la principale composante. Nous verrons plus loin qu’il y a tout intérêt à ce que les contributions extérieures aux IFL, dont les modalités varient selon les institutions, transitent par une institution relais, nationale ou régionale ;
* enfin, prélèvement sur les générations futures car c’est aujourd’hui que l’on construit la ville de demain. C’est surtout dans ce dernier domaine, relativement nouveau en Afrique sub-saharienne, qu’il faudra savoir faire preuve d’imagination et d’audace.
Plusieurs projets urbains se sont efforcés de mettre sur pied des mécanismes de prêts aux collectivités locales urbaines, assortis d’institutions spécialisées, comme le FIAU et le FPCL en Côte d’Ivoire, ou le FECL et le CCC au Sénégal. Mais, dans tous les cas, les montants totaux mis en oeuvre à ce jour, soit au mieux quelques milliards FCFA, restent tout à fait hors d’échelle des besoins.
decentralization, decentralized cooperation, urban development
, Sub-saharan africa
[Fiche produite dans le cadre du débat public "Acteurs et processus de la coopération", appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.]
Book
COUR, Jean Marie, Club du Sahel, Le financement de l'urbanisation et le développement local, 1998/01/01 (France)
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