Un partenariat entre entreprises du Nord et du Sud
01 / 1999
Dans le cadre de la coopération avec les pays ACP, le programme « 100 projets pour l’Afrique » vient en appui aux partenariats entre entreprises du Nord et du Sud. Les partenaires du Nord sont connus d’organismes publics (Agences régionales de développement) ou privés (Associations). Des « missionnaires » sont envoyés dans les pays du Sud pour repérer les porteurs de projets. Ce programme est soutenu financièrement par les ministères français des Affaires Etrangères et de l’Industrie et par l’Union Européenne représentée par le CDI (Centre de Développement de l’Industrie). Ce dernier, qui dépend directement de la DG VIII, est avec la BEI (Banque Européenne d’Investissements) un outil efficace de l’UE pour aider les pays du Sud dans la mise en place de ce type de partenariats. Les projets du CDI concernent pour 1/3 les industries agro-alimentaires, pour 1/3 les industries de la construction et le dernier tiers les autres industries. Ses missions pourraient être étendues dans le cadre du renouvellement de la convention de LOME.
L’étude de cas présentée ci-après concerne la mise en place d’une usine de fabrication de briques creuses par la SOCOGIB (Société de Construction et de Gestion Immobilière du Burkina), qui rencontrait des problèmes cruciaux d’approvisionnement en matériaux de construction. Elle décide alors de réhabiliter une ancienne briqueterie et fait appel à une nouvelle technologie industrielle de fabrication de briques de latérite stabilisées à froid. Cette initiative a permis depuis 8 ans la construction de plusieurs milliers de logements, notamment sociaux, dans de nouvelles cités à Ouagadougou. Le CDI a largement soutenu ce projet.
Les défis
Comme on ne pouvait plus utiliser du bois comme dans l’ancienne briqueterie du fait des ressources limitées du pays et que le prix du fioul est exorbitant du fait de l’enclavement du pays, il fallait trouver un procédé de stabilisation à froid de la latérite.
Pour répondre à une demande importante de logements économiques, comme celle d’une ville, il fallait un procédé industriel, présentant des capacités de production de plusieurs tonnes à l’heure. Les procédés manuels déjà essayés au Burkina ayant déjà été abandonnés, à la fois du fait de la mauvaise qualité des fabrications et de leur capacité limitée.
Il fallait obtenir des produits économiques et de qualité. Il n’était plus question ni de fabriquer des produits de résistance mécanique aléatoires et résistant mal à l’eau, ni même des produits présentant des performances thermiques limitées. Enfin les produits devaient permettre de construire des murs à coût réduit.
Les partenaires et les formes de partenariat
L’initiateur du projet était le Directeur général de la SOCOGIB qui devait trouver une réponse à ce triple défi.
Il a fait appel à un professeur de l’Université de Ouagadougou qui a mis au point un procédé de fabrication de briques creuses à partir de mélange de latérite et de ciment ; sont également associés des chercheurs spécialistes de géologie et de matières premières. Ceux-ci travaillent en liaison avec les spécialistes de ces sujets en Europe et plus particulièrement en France.
Le troisième partenaire est un industriel français qui fabrique des équipements pour la production de matériaux de construction ; il continue à suivre le projet pour mettre en place des procédures de maintenance et mettre au point la fabrication de nouveaux produits, à savoir des tuiles. Du fait du caractère très pédagogue de certains de ses cadres, l’industriel français se consacre à l’accompagnement des équipes de la SOCOGIB.
Chacun des partenaires a agi dans ce projet dans le respect de ses compétences professionnelles et en faisant bénéficier les autres membres de l’équipe pour aboutir à des résultats très concluents. Toutefois le rôle du professeur s’est arrêté dès que l’usine a commencé à fonctionner. Il faut aussi souligner la qualité des équipes de personnels Burkinabé, non seulement dans l’usine de fabrication des briques mais aussi chez les sous-traitants concernés par la maintenance et la fabrication de certaines pièces des machines.
Le rôle des représentants de la Commission Européenne
Le rôle de ceux-ci et plus précisément du CDI a été déterminant pour soutenir les actions de formation du personnel de l’usine, les aider à organiser la maintenance, à mettre au point des produits nouveaux, faire les plans d’extension de l’usine. Plusieurs conventions ont été passées par le CDI avec la SOCOGIB pour apporter un soutien financier à ces actions et elles ont présenté un caractère exemplaire de soutien du CDI aux acteurs de ce partenariat.
Le CDI a également d’autres modes d’intervention : l’organisation de rencontres entre industriels du Nord et du Sud sur des sujets bien précis comme l’exploitation et la transformation de la pierre ou encore sur certains produits de construction comme les produits en béton pour murs, pavés, ou ouvrages d’assainissement ; l’aide à la réalisation d’études générales sur un secteur industriel ou d’études de faisabilité de projets industriels ; l’envoi d’un expert sur une usine existante mais qui rencontre des difficultés de fonctionnement.
Les liens établis entre les sociétés de l’Europe et des ACP
Il est quasiment impossible qu’une entreprise industrielle puisse fonctionner et se développer de façon isolée. En France, les PME ont créé des organisations professionnelles qui permettent d’échanger sur des questions techniques ou professionnelles. Il est évident qu’une entreprise en Afrique ne peut survivre que si elle peut avoir en permanence quelqu’un au téléphone pour répondre à ses problèmes immédiats. C’est ainsi que l’industriel français est amené chaque semaine à répondre aux questions de l’industriel burkinabé.
UE ACP cooperation, housing construction
, Burkina Faso
Cette réalisation constitue un exemple de coopération entre des entreprises de l’Europe et des ACP. Grâce à la qualité des partenaires, le CDI leur a confié de plus en plus d’initiatives dans la réalisation des projets.
Dans la mesure où cette expérience n’est pas achevée, il est encore prématuré d’envisager une évaluation. Toutefois le fait qu’une extension de l’usine soit en cours et que de plus en plus de travaux sont confiés à des entreprises Burkinabé est une preuve du succès du projet. En effet la qualité des produits fabriqués et leur prix réduit génère en effet une demande croissante et la construction d’une quantité significative de logements sociaux peut être réalisée dans de nouveaux quartiers de Ouagadougou. Des projets similaires sont en préparation dans des pays voisins, de façon à valoriser l’expérience acquise.
Les résultats de ce projet seront très utiles à la réflexion qui est entreprise dans le cadre de la réflexion menée en vue de la future convention de Lomé.
Fiche produite dans le cadre du débat public « Acteurs et processus de la coopération », appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.
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