Il est admis que les bailleurs de fonds ont la latitude d’évaluer les projets qu’ils financent à mi-parcours et en fin de projet .
Dans le cadre du Programme Régional « Valorisation des captures de la Pêche Artisanale en Afrique de l’Ouest » (PPAO), conduit par l’ADEPA (Association Ouest Africaine pour le Développement de la Pêche Artisanale) depuis 1994, l’évaluation ne s’est pas faite à mi-parcours mais à un an de la fin du Programme.
Cette situation, précédée d’un déphasage entre le planning des activités et la disponibilité des fonds a posé un réel problème auquel il fallait trouver une solution après étude. L’objectif primordial donc de cette évaluation a été de revoir les procédures . En effet, il est prématuré d’évaluer un Programme alors que seulement la moitié des activités ont été réalisées.
En accord avec l’Union Européenne (UE) il était convenu qu’une évaluation soit faite pour trouver une solution au dysfonctionnement au niveau du retard dans l’exécution.
A cet effet des termes de références ont été élaborés et soumis au Comité de Suivi pour approbation. Il faut souligner la démarche participative de la DGVIII, notamment de Madame Cornelia NAUEN. Les termes de références ont été amendés, surtout la composition de l’équipe et la démarche d’évaluation.
Or, à deux semaines du début de l’évaluation, c’est le bureau d’étude COFAD qui saisit l’ADEPA pour donner un planning sans concertation préalable. C’est déjà une première entorse car, il revenait à l’UE de le faire.
La deuxième entorse c’est au niveau de la composition de l’équipe d’évaluation : au lieu de trois personnes dont une femme et un africain comme convenu au Comité de Suivi, l’équipe était composée de 2 personnes non africaines.
Cette équipe envoyée par COFAD n’a pas respecté les termes de références. En effet, ils étaient incapables d’animer l’atelier préparatoire à l’évaluation. Pour sauver l’évaluation, une équipe composée d’experts, participants au Programme s’est portée volontaire pour animer l’atelier.
Quant au terrain, sur 16 pays, seuls trois ont été visités par un des experts en une semaine. L’autre estimant avoir terminé son travail après l’atelier.
UE ACP cooperation, traditional fishing, regional cooperation, project assessment
, West Africa
Eu égard à ce qui précède, il n’est pas étonnant que cette évaluation ait échoué. L’évaluation était précipitée. Les évaluateurs étaient incompétents, remplis de préjugés et se sont érigés en juges vis-à-vis du PPAO ; ce qu’un évaluateur ne doit pas faire. Ils avaient donc des lacunes techniques, culturelles sans compter leur attitude arrogante. Il n’y a pas vraiment eu de dialogue entre nous. On ne s’entendait pas sur les objectifs du Programme, ni sur l’approche, la philosophie, etc .
Ils semblaient incapables de comprendre quoi que ce soit. Et là, c’est la faute à COFAD qui a raccolé n’importe qui pour venir nous évaluer. Il y a aussi la responsabilité de l’UE qui a tout dirigé. Côté ADEPA, nous aurions dû rejeter dès le départ les termes de référence qui n’étaient pas conformes aux décisions du Comité de Suivi et à nos desiderata. L’ADEPA, voyant l’incompétence des évaluateurs aurait pu aussi refuser l’évaluation. C’était vraiment dommage qu’on ait laissé de côté toutes les expertises dont regorge le continent africain pour aller chercher ailleurs des incapables qui s’érigeaient en connaisseurs de l’Afrique. Nous avons l’impression qu’on sous-estime les capacités africaines.
Malgré cela, l’UE a pris en compte les résultats de cette évaluation si on se réfère à l’attitude de certains experts de la DGVIII qui ont agréé la conclusion des évaluateurs allant jusqu’à proposer la clôture du Programme.
L’ ADEPA a donc rejeté en bloc le rapport de l’évaluation. Car 80 % du rapport est consacré aux opinions générales de ses auteurs et à la problématique de la pêche artisanale en Afrique, à l’historique du programme et à la remise en cause de la Convention de financement . Ceci est corroboré par ce que disent les évaluateurs dans leur rapport, abordant les conditions de l’évaluation « il est évident que, dans une telle situation, ses conclusions et propositions finales (il s’agit des conclusions et propositions finales de la mission d’évaluation)ont un caractère d’estimation éclairée basée sur son expérience professionnelle du secteur des pêches artisanales en Afrique de l’Ouest et, aussi, de l’évaluation des projets et programme en la matière ». L’affirmation ci-dessus contraste avec l’assurance et parfois même l’arrogance avec laquelle les mêmes évaluateurs se sont livrés à des affirmations gratuites, à des procès d’intention et assené des demi-vérités et des contres vérités tout au long du rapport. Même si c’est pour faire plaisir à certaines personnes à Bruxelles qui sont contre le Programme comme le disait un des évaluateurs, trop c’est trop.
[Fiche produite dans le cadre du débat public « Acteurs et processus de la coopération », appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.]
Lettre du Président de l’ADEPA, René Segbenou, à l’Union Européenne sur l’évaluation du PPAO.
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