12 / 1993
Ce thème est devenu central dans les préoccupations des professionnels de la réhabilitation. Son actualité est pressante, à l’heure où les difficultés éclatent au grand jour dans les quartiers en crise, où la participation des habitants est plus que jamais invoquée par les politiques urbaines, où les textes de loi appellent à la mise en oeuvre de son développement et lorsqu’une charte s’élabore entre les organisations nationales d’usagers et les organismes HLM
Loin d’être anecdotique, le choix du concept de "statut des habitants" invite à une approche différente de la "participation" (tant invoquée, depuis si longtemps et toujours problématique). Il s’agit de s’interroger sur la place qu’occupent les résidents dans la ville et sur l’exercice de la citoyenneté dans les ensembles urbains.
Caractéristique des années 70, le contexte de la revendication participative formulée par les habitants fait place, aujourd’hui, à celui d’une offre institutionnelle de participation. La politique de Développement social urbain (D.S.U.)la préconise. Les bailleurs sociaux font état d’un "besoin" d’interlocuteurs-habitants pour mener à bien la réhabilitation des cités. Ce besoin se voit exprimé en même temps que l’on déplore la passivité et le manque d’intérêt pour "la chose collective" dont fait souvent preuve la population. La réflexion doit s’attacher à une telle situation de paradoxe née d’un malentendu persistant, où l’offre ainsi formulée ne trouve plus d’écho.
C’est dans un tel contexte qu’est mis en lumière l’un des enseignements de la décennie 80: celui qui révèle la dépendance réciproque toujours plus marquée entre logeurs et logés, institutions et usagers; l’inéductable nécessité, donc, de "faire avec" les habitants. Pas des habitants idéaux mais "ceux qui sont ici, aujourd’hui"...
Développer la participation, c’est d’abord développer l’art de s’associer et d’être partenaires. Pour cela, il faut un statut qui ouvre sur des droits et, aussi, des devoirs. L’expérience montre que dans les quartiers où le statut des habitants est suffisamment fort, cette manière de s’associer ne constitue même pas une question.
C’est à l’évidence dans les quartiers d’habitat social que la problématique du "faire avec" se pose avec le plus d’acuité. Dans ces ensembles, et singulièremùent les plus disqualifiés, établir et poursuivre ce nouveau mode de partenariat n’est aisé ni pour les institutions, contraintes à de nouveaux modes de pensée et d’action, ni pour les habitants, souvent désemparés et incrédules à l’heure où l’on vient les solliciter. Il convient de considérer que la réhabilitation doit être le moment pour les habitants de regagner l’estime de leurs concitoyens, de devenir des partenaires dignes de crédit mais aussi de responsabilité.
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, France
Aborder une réhabilitation serait donc l’occasion de changer de regard sur la manière de communiquer avec les habitants et de les associer à la transformation qui va être opérée, et cela bien au-delà du problème technique de la communication, on l’aura compris. Si la citoyenneté s’exprime dans le sentiment de se reconnaître dans une vie collective, le chemin de son exercice passe par la possibilité d’agir pour déterminer cette vie collective. C’est bien là l’enjeu auquel sont confrontés les acteurs de la réhabilitation de dépasser les rapports, souvent anciens, d’opposition ou d’indifférence pour retrouver un mode d’échange qui favorise la revendication d’une participation active de la part des habitants; non sans s’interroger sur les difficultés et les limites de la question de "faire avec" les citadins-citoyens. Somme toute, aborder la place de ces derniers dans la ville relève bel et bien d’une question politique et non technique.
Cette fiche a été réalisée dans le cadre de l’évaluation de la politique de réhabilitation du logement social, animée par la Direction de l’Habitat et de la Construction du Ministère de l’Equipement, du Logement et des Transports, Arche de la Défense, Paroi Sud, 92055 Paris-La Défense Cedex 04
Grey literature
COUDRY, Béatrice, DIRECTION REGIONALE DE L'EQUIPEMENT PROVENCE ALPES COTE D'AZUR (DRE PACA); ATELIER REGIONAL RENCONTRE REHABILITATION PACA
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