Les Etats-Unis s’engagent aujourd’hui dans une nouvelle politique en matière de développement. L’aide traditionnelle est appelée à disparaître au profit de relations qui doivent permettre des "échanges mutuellement bénéfiques". Un constat : "Depuis la fin de la guerre froide, les investissements directs dans les pays en développement ont pratiquement quadruplé. L’aide publique, en revanche, a chuté à son plus bas niveau depuis vingt ans, en pourcentage du produit national brut." Cette évolution peut s’expliquer à partir de l’exemple américain. En effet, depuis l’élection de Bill Clinton à la présidence américaine, de nouvelles orientations en matière économique sont prises et particulièrement dans le domaine du développement autour de la notion de "prospérité partagée". Il s’agit de stimuler le secteur privé dans les pays du Sud pour que leur croissance s’accélère, ce qui permettra de nouveaux débouchés pour les activités du Nord. Ce concept marque la fin progressive de l’aide. Trois idées sont associées : priorité au marché, investissement direct dans le social pour permettre une croissance à long terme, défense et gestion de l’environnement. Le champ d’application de cette nouvelle politique sera le continent américain. Déjà sous Kennedy, des institutions sont créées : la BID (Banque Interaméricaine de Développement), ancêtre des banques régionales, et l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID). Aujourd’hui, deux vastes chantiers ont été entrepris : l’ALENA et la réforme de la BID. L’accord de libre échange nord-américain marque un tournant dans les relations économiques Nord-Sud : le Mexique, pays qui reste du Tiers-Monde, va s’associer à deux pays à économie développée que sont les Etats-Unis et le Canada, dans un vaste marché commun. Le meilleur exemple de cette nouvelle interdépendance est le soutien express de l’administration américaine lors de la crise monétaire mexicaine en décembre 1994.
Une refonte des stratégies de la BID est amorcée dès 1992. Auparavant, celle-ci servait de simple guichet à taux réduit pour les gouvernements latino-américains, avec une logique plus politique qu’économique. Dorénavant, la banque doit délaisser l’assistanat et promouvoir le développement durable. Les Etats-Unis s’en donnent les moyens, puisqu’ils doublent leur participation à la banque. Les priorités sont les programmes sociaux (50 %), l’investissement privé (5 %), le cofinancement pour les grandes infrastructures, la modernisation des Etats et, dans le fonctionnement, une plus grande transparence de la banque. De plus, dans ces nouvelles orientations, les ONG doivent jouer un rôle majeur. Selon Brian Atwood, administrateur de l’USAID, "la communauté des ONG (...)est la mieux à même de décider quels sont les besoins d’un pays pour son développement".
Pour les Etats-Unis, il s’agit d’associer les ONG, les gouvernements et le capital privé. C’est dans ce sens que l’USAID a adopté en 1996 l’initiative pour de nouveaux partenariats et envisage aussi de "relier les entreprises, les ONG autochtones et les gouvernements locaux".
Dans ce schéma, les ONG assurent un rôle de consultant, de maître d’ouvrage et de suivi, aussi bien auprès des entreprises privées que des gouvernements. L’aide d’Etat à Etat semble dépassée pour laisser la place à l’investissement privé et à la bonne gestion des fonds publics.
Pour les populations les plus pauvres, plusieurs orientations sont envisagées : assistance humanitaire, alimentaire, sanitaire... Quant aux pays émergents, les Etats-Unis apporteraient une aide technique pour faciliter leur intégration dans le concert des pays industrialisés.
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, United states
Cet article fait le point sur les nouvelles orientations de la politique américaine en matière de développement, qui commence à toucher le reste des pays industrialisés. Nous tenterons ici d’apporter quelques précisions. Quand l’auteur parle de l’Alliance pour le progrès lancée par Kennedy en Amérique latine, il omet de dire qu’elle le fut en réaction à l’avancée des idées progressistes et à la contestation du système oligarchique sur le continent. Les Etats-Unis ne se découvrent pas à l’époque une vocation d’humaniste et de philanthrope. Alfredo G.A. Valladao aurait pu s’attarder un peu plus sur les conséquences de l’ALENA. Il parle juste du sacrifice d’un certain nombre d’intérêts particuliers. Où sont passées l’hostilité des syndicats américains, la concurrence des produits nord-américains qui ruinent des entreprises mexicaines ? De plus, les marchandises peuvent circuler, mais les habitants ? ... Le Rio Grande et les barbelés américains empêchent toute arrivée d’immigrants. Depuis la signature du traité, deux guérillas ont même fait leur apparition. Pour finir sur l’exemple mexicain, il faut dire que le sauvetage du peso s’est fait avec comme gage le pétrole mexicain, toujours nationalisé.
Sur les nouvelles politiques d’aide, un terme est absent, celui de "good governance", c’est-à-dire la bonne gestion des affaires publiques qui se retrouve aujourd’hui dans la bouche de tous les bailleurs de fonds. L’auteur reste confiné à une simple présentation des faits.
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VALLADAO, Alfredo G.A., Quelle place pour l'aide au développement? in. Le courrier de la planète, 1996/04/ (France), 33
CEDAL FRANCE (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) - France - cedal (@) globenet.org