Historique, objectifs et financement
01 / 1997
Historique : Trois partenaires, un chilien et deux français, interviennent dans cette expérience de formation de techniciens agricoles.
Il s’agit de l’ONG chilienne AGRARIA, créée en 1983 et issue d’un réseau d’appui aux résistants à la dictature de Pinochet. Son ambition était alors de promouvoir le développement de la petite agriculture dans une perspective de retour à la démocratie. Aujourd’hui, l’action d’AGRARIA est reconnue par les instances dirigeantes chiliennes. Présente sur tout le territoire, elle possède huit antennes locales.
Dès 1986, AGRARIA a pris contact avec Douar Nevez (Terre Nouvelle). Cette petite ONG bretonne réunit des techniciens et ingénieurs du monde paragricole désirant échanger leur savoir-faire avec leurs homologues étrangers. Son fondateur, M. L’Aot, avait été coopérant au Chili comme ingénieur agronome dans les années 1960, il s’était impliqué dans le combat de la réforme agraire chilienne. AGRARIA avait sollicité Douar Nevez pour favoriser l’intervention de techniciens des chambres d’agriculture françaises et expertiser le système d’élevage à Chiloe (dixième région). Durant cinq ans, ces deux ONG ont entretenu de nombreux échanges.
La fin du règne de Pinochet a entraîné des changements d’orientation des politiques agricoles, générant de nouveaux besoins, en particulier dans la formation d’ingénieurs aux méthodes d’appui à la petite agriculture. AGRARIA, en se développant, s’orienta vers la formation de jeunes techniciens agricoles. En 1992, elle exprima la volonté de renforcer cette activité par l’intervention d’un organisme compétent, les Maisons Familiales Rurales. Ces dernières ont en effet de l’expérience dans la formation à l’échelle locale et internationale. Cette démarche allait dans le sens de Douar Nevez, qui désirait impliquer des acteurs agissant au niveau local. La fédération régionale de Bretagne des MFR fut ainsi impliquée.
Enjeux - Objectifs : La phase de développement, que connaît le Chili, a laissé les paysans à l’écart de cette dynamique. Selon AGRARIA, le seul moyen de les réintégrer est de former la génération future.
Le système éducatif chilien n’a jamais eu d’accroche rurale. Les rares formations agricoles délivrées par la voie officielle débouchent sur des emplois salariés dans les grandes exploitations. Tandis que l’approche des MFR privilégie les individus porteurs de projets, prêts à réinvestir dans leur exploitation familiale. Cela ne concerne donc pas le même public. Or à la suite des mouvements de décentralisation, les pouvoirs et compétences en matière d’éducation ont été transférés du ministère aux municipalités. Ceci peut être une chance pour l’émergence de projets locaux et de nouvelles approches pédagogiques, telles que celles préconisées par les MFR et AGRARIA, qui veulent promouvoir des formations en faveur des jeunes entrepreneurs.
AGRARIA désire, à travers ce projet de formation, créer une dynamique de l’enseignement alternatif en milieu rural. Elle n’a pas pour ambition d’être tuteur, ad vitam aeternam, dans ce projet mais souhaite à terme que les formations dispensées dans ces centres soient reprises en main par d’autres acteurs pédagogues. Dans une première phase, ces partenaires ont souhaité identifier les sites susceptibles d’accueillir les centres de formation, afin de tester les possibilités de réappropriation locale de ces centres.
Actions - Financement : Les responsables de ce projet ont développé une approche méthodologique favorisant les tests sur plusieurs sites. Les régions ont été choisies à la suite d’enquêtes participatives où des diagnostics avaient été réalisés zone par zone. Ces enquêtes portaient notamment sur les motivations des acteurs et les capacités de reprise en main de ces centres en fonction des financements locaux. Cinq sites ont été testés dans différentes régions, mais un seul, celui de Cauquesnes (septième région), a été retenu.
Actuellement, les jeunes adultes qui ont accès à ces formations sont âgés de 22 ans en moyenne. Des questions sur des élèves ont fait l’objet de réflexion (à quel âge un jeune peut-il être considéré comme capable de droits par la société ? ), reflétant ainsi des problèmes sociologiques intergénérationnels. Les cours sur le développement rural et les techniques agricoles sont pour l’instant dispensés par les techniciens et pédagogues d’AGRARIA. Mais il existe une volonté de créer une dynamique pour que cette activité de formation soit reprise par des groupes locaux compétents.
Soucieux de pérenniser leurs actions, des plans de formation de formateurs ont été élaborés par AGRARIA et les MFR. Cependant, faute de moyens, une seule personne a pu être véritablement formée dans le centre de Cauquesnes lors de cette phase d’expérimentation. A l’occasion de ce partenariat, des échanges entre formateurs ont eu lieu, des Chiliens sont venus en France et réciproquement. Ces actions ont été rendues possibles grâce au soutien financier du Conseil Régional et de l’Etat. Dans le cadre de la décentralisation, le Conseil Régional a approuvé une démarche impliquant plusieurs acteurs locaux dans un projet de formation.
vocational training, agricultural popularization, technical training, decentralized cooperation, North South cooperation
, France, Chile
Entretien avec G.Durand, membre de l’association Douar Nevez (novembre 1996)et avec le responsable de la fédération de Bretagne des maisons familiales rurales, Claude Richard (2 octobre 1996). Contact :
* Douar nevez, 1 rue V.Hugo - 35000 Rennes / Tel : 02.99.79.57.19
* Fédération régionale des maisons familiales rurales, 16 rue Penhoët, 35000 Rennes. Tel 02 99 79 52 44. Fax 02 99 79 01 70
Entretien avec DURAND, Guy; RICHARD, Claude
Interview
CEDAL FRANCE (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) - France - cedal (@) globenet.org