10 / 1998
Madame Ndeye Sarr, Présidente de la FONGS (Fédération des ONG Sénégalaises): "Je pense que l’aide, il faut que ce ne soit pas un projet qui vient là avec de l’argent et quand le projet est fini, l’argent est fini. Mais qu’on essaie de faire un programme pour au moins viser la pérennité, de plusieurs années, pour assister le demandeur dans un partenariat et l’aider, au fur et à mesure, à commencer à compter sur lui-même. Tout le monde a intérêt à préparer la fin de l’aide. On est en train de chercher dans cette direction. Ce n’est pas pour demain, que cela va freiner l’aide, ce n’est pas pour demain que nous serons autosuffisants mais on essaie d’apprendre à compter sur nos propres efforts. Et pour cela on a commencé à développer des caisses villageoises d’épargne et de crédit. De toutes façons c’est de l’aide parce que c’est de l’entraide. On épargne. On a eu cette idée parce qu’on sait que petit à petit l’aide va disparaître. On a commencé par constater, au CNCR, que l’accès au système de crédit bancaire était difficile et donc que les villageois devaient commencer par mobiliser leur propre épargne, au fur et à mesure. Peut-être qu’un jour les bailleurs de fonds vont dire: "On ne donne plus d’aide", parce qu’il y avait des subventions et il n’y a plus de subventions, il y avait des fonds souples et il n’y a plus de fonds souples. On peut voir que petit à petit l’aide commence à prendre des changements, un jour elle va dire: "j’ai fermé les robinets". De toutes façons, on doit penser qu’un jour les bailleurs de fonds, même s’ils ne ferment pas les robinets diront: "Voilà, on va s’orienter sur autre chose".
Je suis favorable à la participation financière de chacun de ceux qui sont aidés. Au niveau de la FONGS, nos soucis de financements ce sont d’abord nos apports propres et nos cotisations, et puis les fonds qui nous viennent de l’extérieur. L’aide est un complément. On commence par compter sur nos propres forces. La FONGS est une organisation paysanne. Peut-être qu’il faut recruter des assistants techniques ou des fonctionnaires, pour les services que nous ne sommes pas en mesure de faire.
Je ne suis pas fonctionnaire, je suis présidente de la FONGS, j’ai quitté mon village, je suis venue à la ville. Je ne suis pas une personne technique, je suis une personne politique. Il y en a d’autres comme moi. Au moment où l’on rend service à la FONGS, on ne peut pas aller aux champs, donc il faut qu’on trouve une sorte de rémunération pour ces personnes politiques-là. Alors si les membres de la FONGS ne participent pas financièrement, tout est payé de l’extérieur par les bailleurs de fonds, et je trouve que cela n’est pas normal. Non, si on demande tant à l’aide, nous les paysans on va participer jusqu’à la hauteur de tant par nos propres fonds".
cooperation, countrymen’s organization, financing, development financing
, Senegal, Thies
Viser l’autonomie des associations et ceci dès le moment où elles reçoivent de l’aide, exigera plus qu’une écoute mutuelle entre partenaires. Mais l’aiguillon de la construction de l’autonomie construite entre partenaires, c’est bien la certitude que la "fin de l’aide extérieure" est pour demain, comme le prévoit notre interlocutrice.
Entretien à Bonneville, septembre 98
Entretien avec SARR, Ndeye
Interview
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