Le point de vue du responsable du Collectif des Associations du Yatenga -CADY-
Naaba Ligdi S. KAGONE, Maryvonne CHARMILLOT, Séverine BENOIT
12 / 1998
Naaba Ligdi S. KAGONE, responsable du CADY (Collectif des Associations Du Yatenga): « Il faut surtout aider les gens à avoir ce que j’appelle des entreprises rentables. C’est à dire toute activité qui peut procurer des revenus au-delà du capital de base. Il faut aider les gens à créer des projets qui fonctionnent avec un bénéfice net. Cela peut être de l’agriculture, de l’élevage, de l’artisanat, des services mais il faut qu’il y ait des retombées financières. Sinon, on va continuer et, au bout, les gens restent là les bras vides. Et avec les bras vides on ne fait rien, même si on est intelligent.
Quand cela touche le collectif, vous pouvez bouger l’autre, il suffit de bouger. Souvent une partie des paysans sont organisés en groupements. Ce sont des groupements comme cela mais si on analyse au fond, cela ne va pas. C’est tout le monde qui doit se regrouper. Il est bien dit que si on ne se regroupe pas on n’aura pas l’aide. Les gens se sont regroupés. Mais après, cela ne suit pas. Parce que tout ce que les gens font, cela ne suffit même pas pour sortir de l’ornière.
Il y a trop de collectif par rapport à l’individuel. Alors que nous savons que le monde d’aujourd’hui est dominé par l’Amérique. La philosophie et l’idéologie américaine, c’est le libéralisme. Si en Afrique on vient parler de collectivisme, du communautaire, c’est une manière de parler de ce qui n’existe pas. Les gens individuellement ne se voient pas. S’associer, c’est peut-être pour faciliter les formations et les sensibilisations mais cela ne facilite pas le développement économique. J’aurais aimé qu’on se serve des structures pour faire la première activité qui est l’information et la sensibilisation mais pour le reste qu’on individualise les choses. Si on veut par exemple développer les éleveurs, que les gens soient réunis pour recevoir les informations mais que chacun ait son projet d’embouche pour lui, pas pour le groupement. Que le groupement existe juste pour être informé. Mais tout ce qui est économique et qui engage les bénéfices, qu’on prenne les gens au niveau individuel. Parce que souvent, quand on dit qu’un cheval appartient à tout le monde, c’est la soif qui va tuer ce cheval parce chacun se dit que s’il n’est pas là quelqu’un va abreuver le cheval. C’est comme les gens du kolkhoze, les Russes : ce qui appartient à tout le monde n’appartient pratiquement plus à personne. Et les gens ne se soucient pas de s’occuper de cette chose.
Je crois qu’il faut revenir sur l’efficacité des rencontres. On ne peut pas former un individu (à la fois)parce que cela coûte plus cher. Il vaut mieux former 100 personnes que de former une personne, pour le coût. Moi j’appelle cette action formation-sensibilisation. Pour cela on peut regrouper les gens. Je suis d’accord. Mais pour tout le reste, il faut individualiser les actions. Que chacun soit pris pour sa propre personne, que chacun soit considéré dans la suite de l’action du développement ».
autonomous development, company logic
, Burkina Faso, Yatenga
Plaidoyer pour bien laisser chaque individu assumer le risque économique parce que "si un cheval appartient à tout le monde, la soif le tuera". Par contre, informer et se former; ces tâches-là doivent se faire en groupe.
Entretien à Ouahigouya, août 1998
Entretien avec KAGONE, Naaba Ligdi S.
Interview
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