Une stratégie très dynamique
10 / 1999
Bien que les problèmes de la ressource furent posés lors des négociations de 1990, 92 et 94, les femmes se sont toujours appesanties sur comment profiter au maximum des fonds de contrepartie. Ceci, afin de régler les problèmes auxquels elles sont confrontées dans la phase post capture tels que l’accès au crédit institutionnel, le manque d’infrastructures pour la conservation et d’autres contraintes qui entravent le développement du marché national et régional.
A partir de 1996, une nette prise de conscience politique pousse les femmes à mettre l’accent sur les enjeux de la ressource, décidées ainsi à ne plus accorder autant d’importance aux demandes strictement économiques. Certains leaders du CNPS avaient de toute façon de tout temps critiqué deux attitudes contradictoires de l’organisation. Ils ne comprenaient pas comment une organisation qui lutte contre les accords de pêche pouvait en même temps profiter des compensations financières obtenues en contrepartie de ces mêmes accords.
Dès 1992, il y a eu au sein du CNPS comme une dissidence qui n’a jamais apprécié ces deux démarches paradoxales. Cette dissidence enclenchée depuis que cette organisation a commencé à participer aux accords c’est- à- dire à partir de 1990. A cause du grand intérêt accordé par ces femmes aux espèces pélagiques on a assisté au sein du CNPS à ce qu’on pourrait appeler un soulèvement des femmes qui s’est fait ressentir à plusieurs niveaux. D’abord à travers la plate forme revendicative du CNPS préparé à l’occasion de la négociation des accords dernièrement signés (1996-2000). Sous l’impulsion des femmes, et surtout celles venant des communautés où les sennes tournantes et les filets maillants encerclants occupaient une part importante du parc piroguier, des alternatives furent proposées pour ne plus compter sur les fonds de compensation. A la place des demandes adressées à l’administration des pêches afin de faire bénéficier le CNPS de l’argent des accords, l’organisation propose un programme alternatif afin de pousser le gouvernement à ne plus continuer à dépendre exclusivement des accords. La raison principale ayant présidé à la préparation souhaité par les vrais acteurs du secteur fut de ne plus accorder au gouvernement d’utiliser la recherche de fonds nécessaires pour l’appui à la pêche comme prétexte à la signature des accords. Et quelques semaines avant la signature du présent accord de pêche (96-2000)les cellules féminines du CNPS décident de replacer l’enjeu d’un nouvel accord qui va cibler pour une première fois des espèces nécessaires pour la sécurité alimentaire de milliers de personnes dans son vrai contexte : économique mais aussi social.
Pour la première fois aussi, un problème a été posé par les femmes concernant les risques de rareté de poissons pélagiques d’une part et les problèmes que cela pourrait leur poser quant à leur possibilité à continuer à jouer à travers la transformation, un rôle économique certes, mais celui d’actrices indispensables pour la reproduction sociale.
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, Senegal
Les cellules féminines ont ainsi considérablement influencé le CNPS dans sa stratégie de participation aux négociations des accords de pêche tripartites Etat Sénégalais, Union Européenne et organisation de pêcheurs à la commission pêche à Bruxelles. Les femmes ont eu à prendre part à des rencontres organisées par les ONG en Europe et en Amérique du Nord pour dénoncer les accords et leurs impacts sur les communautés côtières.
Parce que les femmes ont pris conscience de leur pouvoir à sensibiliser le public et à faire pression par la suite sur les décisions déjà toutes faites et non concertées, qu’elles ont pris part aux campagnes faites à l’étranger auprès de leurs principaux alliés.
D’ailleurs, cette accession graduelle de maturité et cette prise de conscience politique sur les problèmes de la pêche est perçue à travers les plates-formes revendicatives présentées par les femmes.
Aliou Sall est socio-anthropologue, spécialiste de la pêche. Il est aussi le secrétaire exécutif du Credetip.
Original text
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