L’évaluation du PPAO (Programme Régional « Valorisation des captures de la Pêche Artisanale en Afrique de l’Ouest »), conduit par l’ADEPA (Association Ouest Africaine pour le Développement de la Pêche Artisanale) depuis 1994, a fait couler beaucoup d’encre.
Le président de l’ADEPA a vivement réagi du rapport en mettant en exergue la carence des évaluateurs et leur mépris des réalités du terrain.
Tous les acteurs impliqués y compris l’Union Européenne ont reconnu les limites de l’évaluation.
C’est pourquoi, unanimement il a été demandé à l’ADEPA de faire des propositions quant à l’amélioration des performances du Programme . Mais ceci n’a pas empêché l’ADEPA de tirer les leçons de cette évaluation et d’une manière générale revenir sur les relations UE/ACP.
Commentaire
L’ADEPA, en acceptant d’être Agence d’Exécution du PPAO, avait un grand challenge à relever avec d’autres partenaires. Mais cela supposait que l’Union Européenne après avoir fait le bilan de sa politique envers les pays ACP, eût la même compréhension que nous sur ce qu’est le développement et surtout savoir que désormais, ce sont des relations de partenariat qui doivent sous-tendre la Coopération Nord-Sud.
Mais force est de reconnaître qu’il y a une méprise totale des principes de base évoqués ci-dessus et ceci s’est vérifié lors de l’évaluation du PPAO. Les conclusions de cette évaluation et l’expérience que nous avons vécue durant trois ans d’activité sur cinq ans, (deux années perdues à cause des procédures), nous amènent à faire les constats suivants :
1) Deux perceptions différentes du Développement :
La première, celle de l’UE matérialisée par les affirmations de ses évaluateurs qui réduisent le Programme en une série d’activités techniques et de mise en place d’infrastructures absorbant rapidement les fonds mis en place, aboutissant à des résultats immédiats. Cette approche est celle que l’Afrique a longtemps connue notamment la logique des projets générateurs d’éléphants blancs.
La deuxième, celle que nous croyons durable est d’abord basée sur l’Homme et les Institutions. Dès lors ,le renforcement des capacités aussi bien des acteurs que lesdites institutions qui les appuient nous paraît primordial. Cette approche est qualifiée par les évaluateurs « d’inutiles et d’inopportune » d’où un grand fossé entre les deux conceptions du développement.
2) L’Union Européenne n’est pas allée au bout de sa logique en acceptant, en accord avec l’Ordonnateur Régional et les membres du Comité de Suivi de mener de manière participative l’évaluation.
En effet, la concertation du début par l’examen des termes de références a laissé la place à une attitude dirigiste tendant à faire accepter les conclusions de l’évaluation. Tous ces problèmes ont entraîné une démobilisation de tous les acteurs. La crédibilité de l’ADEPA est sérieusement atteinte du moment où les Organisations professionnelles ont identifié comme défi lors d’une rencontre à Grand Bassam (Côte d’Ivoire) : « dans 10 ans nous voulons des Organisations Professionnelles autonomes et fédérées au niveau régional pour le bien être des membres et de leurs familles et pour un statut de citoyen qui prenne sa place face au pouvoir public ».
Face à ce défi, l’ADEPA, ne peut baisser les bras. C’est pourquoi elle a voulu reprendre les initiatives pour éviter de rater le rendez-vous de nos Organisations Professionnelles. Cela signifie qu’elle continuera à apporter sa contribution au développement de la pêche artisanale et construire une nouvelle légitimité entre elle et les OP.
Pour ce faire, un appel est lancé à tous les partenaires et bailleurs de fonds y compris l’UE pour relever ce nouveau challenge.
international policy, UE ACP cooperation, traditional fishing, regional cooperation, project assessment, institutions strengthening
, West Africa
[Fiche produite dans le cadre du débat public « Acteurs et processus de la coopération », appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.]
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