02 / 1999
La situation espérée et la situation actuelle sont illustrées ainsi par le responsable d’une ONG du Sud :
"Je dis aux ONG du Nord que je voudrais qu’au mois de janvier de chaque année 50 % des fonds prévus par le contrat arrivent (pour être sûr de mener nos activités en suivant le programme tracé), puis à la fin du premier semestre, après contrôle des dépenses, 45 % et, après le contrôle de l’audit, 5 %. Ils me répondent : - Non, on ne peut pas. Nous n’avons pas assez avec notre propre fonds, nous devons attendre les virements de notre bailleur."
Les apports de financements extérieurs sont découpés par tranches et ne forment en aucune façon un flux continu. De l’argent arrive, mais il est budgété pour telle opération et non pour telle autre, puis plus rien ne vient pendant des mois. Comment travailler dans ces conditions ? Le budget d’une organisation forme un tout et plusieurs postes doivent être financés en même temps pour que ce tout fonctionne. Une même organisation du Sud peut paraître riche pendant quelques mois et être absolument sans ressources les mois suivants, si elle dépend d’un trop petit nombre de partenaires du Nord. Pour peu qu’elle ne maîtrise pas bien sa gestion ou qu’elle ait mis en oeuvre une activité avant d’avoir obtenu le cofinancement de celle-ci, les situations deviennent désastreuses. Or, la programmation, en milieu sahélien par exemple, est loin d’être un exercice facile. Sans compter le bon nombre de cas de mauvaise gestion ou d’incapacité à rendre des comptes et à justifier des dépenses.
Plus gênant encore est le rythme imprévisible d’arrivée des fonds. Les ONG du Nord veillent d’abord à assurer leur propre fonctionnement. Sauf exception, assurer la trésorerie de leurs partenaires du Sud n’est pas pour elles une priorité. Elles envoient l’argent des projets au rythme de décaissement des cofinancements par des agences d’aide publique. En effet, celles des ONG du Nord qui n’ont pas accès aux dons collectés dans le grand-public sont de plus en plus dépendantes des bailleurs de fonds publics : dépendantes pour le choix des actions et des rythmes de réalisation, dépendantes quasi-journellement pour leur trésorerie soumise aux aléas des apports financiers des bailleurs. Ceux qui en pâtissent sont les dirigeants et le personnel des ONG du Sud : les retards de paiements de salaires et les dettes, si la réputation de l’ONG locale est bonne, peuvent s’étendre sur plusieurs années.
cooperation, development financing, NGO
, Acp Countries
Mettre la coopération européenne au service des acteurs et des processus de développement
Un praticien britannique dénonce ainsi ce qu’il considère comme de l’hypocrisie :
"Tandis que les donateurs insistent pour que l’ONG maîtrise la planification financière, la gestion et le contrôle, ces mêmes donateurs, par leur absence de fiabilité dans le versement des fonds, tournent totalement en dérision ce souci de professionnalisme".
[Fiche produite dans le cadre du débat public "Acteurs et processus de la coopération", appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.]
Book
LECOMTE, Bernard, L'Harmattan, 1998 (France)
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