09 / 1996
Dès la mise en place du contrat de ville à Pierre-Bénite, la santé a été évoquée par les acteurs locaux comme une des priorités de travail. Septembre 1993, une commission de santé s’est créée et organise dès la fin de l’année 1993, une semaine sur le thème de l’alimentation. De nombreux partenaires s’y sont investis : crèche familiale, écoles maternelles, P.M.I, centre de santé, organisme de formation. Janvier 1994, la commission santé s’est réunie afin de faire le bilan de cette semaine.
Le premier constat a été une très forte participation du partenariat local mobilisé autour de la santé.
Le deuxième constat : une bonne participation en nombre des habitants.
Mais en analysant, qui était venu lors de ces diverses manifestations, le bilan s’est avéré moins positif. Tout d’abord les structures locales avaient été de bons relais vers une population qui ne se définissait pas comme la plus en difficulté.
De plus, les acteurs présents ont été d’accord sur le constat suivant : une méconnaissance des besoins et des demandes de la population.
La première urgence était donc de mieux connaître la parole des habitants sur ce thème mais aussi dans toutes nos actions. Tous les diagnostics et d’enquêtes ont été envisagés, mais les outils classiques étaient souvent perçus comme trop longs, trop loin de l’action de terrain et de la demande des habitants. Tous les partenaires avaient à la fois envie d’être actifs dans cette recherche, mais aussi d’être aidés pour aborder ce travail. Le groupe s’est donc mis à la recherche de solutions à notre demande collective.
LE DIAGNOSTIC DE SANTÉ COMMUNAUTAIRE
L’Observatoire régional de la santé, une fois contacté, a proposé à la Commission Santé une aide méthodologique où les intervenants locaux étaient acteurs. La méthode impliquait une formation du collectif d’acteurs sociaux locaux ainsi qu’un suivi pendant un an et demi du travail ce qui a abouti au final à une évaluation du groupe.
Une formation du collectif d’acteurs sociaux locaux
Basée sur l’adhésion personnelle, la formation a duré quatre mois, toutes les semaines en fin de journée. Une bonne quinzaine d’intervenants sociaux l’ont suivie : instituteurs, assistantes sociales, agent de développement social, éducateur, médecin, puéricultrice, infirmière, chef de projet.
La formation comprenait une analyse du réseau du partenariat local, une priorisation de problèmes par rapport à une population cible, une analyse causale et enfin la mise en place de l’évaluation de l’action. Le but étant ensuite de valider cette formation auprès de la population Pierre-Bénitaine : mise en application et transmission de cette méthode.
Le temps de la formation fut à la fois tâtonnements, remise en cause des pratiques professionnelles, questionnements, et richesse, renforcement du partenariat, réel plaisir du travail et de la réflexion collective.
Des entretiens (collectifs ou individuels)ont permis de recueillir la parole des habitants sur la santé (telle que définie par l’OMS 1945)c’est-à-dire "le bien-être".
Durant cette enquête, le positionnement et le rapport que le professionnel entretient avec l’usager s’inverse. On passe d’un statut de professionnel qu’on vient voir pour une demande à celui d’un professionnel qui va voir l’habitant afin de lui faire une demande autour de ce thème du "bien-être" de sa vie dans la commune.
Avec du temps, une dizaine de petits groupes d’habitants se sont peu à peu constitués, les professionnels étant uniquement là pour susciter la parole, écouter, guider selon cette méthode assimilée quelques mois plus tôt.
Une dizaine de groupes d’habitants
Ces groupes d’habitants se sont constitués à l’initiative des professionnels ou bien selon l’opportunité de la demande, certains étaient déjà formés pour des raisons thématiques (sortie familiale, bénéficiaires du RMI)ou selon une démarche de travail participatif (Foyer Notre Dame des Sans Abris)ont pu être relancés selon cette méthode ; d’autres ont été créés : P.M.I, crèche familiale, centre de santé Benoît-Frachon.
Cette méthode nous aide à clarifier les relations ou demandes quotidiennes faites individuellement ou en groupe.
Les renvois des habitants sont souvent dans le registre de la souffrance psychologique : solitude, peur, mal être... Il faut souvent déverser tous ces problèmes ou angoisses avant d’arriver à entendre des envies et des demandes liées à la santé. Dans quelques petits groupes des solutions ont été émises qui sont plus du ressort de l’échange de services que de gros projets extrêmement onéreux.
Cette démarche se travaille sur le temps. Le temps est à la fois enjeu positif puisque le travail se met en place et s’inscrit dans la durée, mais il peut aussi être la cause de l’essoufflement et de la démotivation des professionnels.
Cette méthode a cependant renforcé la notion de réseau partenarial avant toute action auprès de la population. Elle a permis :
de mieux connaître rôle et fonctions de chacun (champ de compétences et public...),
de s’auto-évaluer plus facilement,
d’aborder les problèmes avec des relais possibles auprès d’autres professionnels du quartier.
EN QUOI LA SANTÉ COMMUNAUTAIRE EST-ELLE OUTIL DE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ?
La santé communautaire repose sur deux éléments essentiels qui sont à la base de la politique de la ville : le partenariat et la participation des habitants.
D’autre part, cette formation a permis à l’ensemble des partenaires d’acquérir une méthode de travail commune dans les actions de développement social et urbain en considérant le partenariat existant et en évaluant les actions.
public health, comunity health, urban policy, social actor, participation of inhabitants, community development, training, diagnosis method
, France, Rhône-Alpes, Pierre Bénite
Cette méthode peut ensuite s’élargir à tous les champs du développement social avec tous les publics.
La politique de la ville permet d’aider à financer cette formation et le suivi qu’elle demande, c’est-à-dire les moyens généraux de coordination de la maîtrise d’oeuvre urbaine et sociale, elle a aussi permis une certaine ouverture et une certaine tolérance des élus d’une commune vers des expériences de ce type où la logique d’action se gère sur le moyen ou long terme.
Cette méthode de santé communautaire met en uvre l’idée d’avancer moins vite mais d’avancer avec les habitants en les positionnant non pas comme des consommateurs ou des suiveurs mais comme des acteurs de changement social.
CONTACT : Claude Rousseau, Chef de projet contrat de ville, 28 avenue des hautes roches 69310 Pierre-Bénite tel. 33 (0)4 78 50 68 04 fax : 33 (0)4 72 39 27 40
Entretien avec ROUSSEAU, Claude
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ROUSSEAU, Claude, Santé et développement social Médicaliser le social ou socialiser le santé ? in. Les cahiers du DSU, 1996/06 (France), n°11
CR DSU (Centre de Ressources sur le Développement Social Urbain) - 4 rue de Narvik, BP 8054, 69351 Lyon cedex 08, FRANCE. Tél. 33 (0)4 78 77 01 43 - Fax 33 (0)4 78 77 51 79 - France - www.crdsu.org - crdsu (@) free.fr