02 / 1997
Quand Auchan a choisi de s’implanter dans un quartier en grosses difficultés comme celui de Montgaillard, dans l’agglomération marseillaise, rien ne laissait prévoir ce qui allait suivre.
Au début, la relation entre le quartier et le supermarché est très difficile. Des grilles sont montées tout autour de l’ensemble commercial, les vols au sein du magasin sont en constante augmentation. Aucune relation ne se construit entre le quartier et ce nouvel hypermarché. Deux mondes semblent s’affronter...
Lorsque " Trait d’Union ", une association de jeunes, se crée, c’est le bouleversement complet. Le dialogue s’installe entre les habitants et le magasin. Les uns et les autres deviennent acteurs de l’avenir du quartier. La décision est alors prise d’offrir aux jeunes la possibilité d’acquérir une formation professionnelle, de découvrir le monde de la grande distribution.
En 1992, la direction d’AUCHAN décide de développer cette idée dans l’ensemble de ces magasins. Un partenariat entre un organisme de formation, un organisme social et l’entreprise s’est mis en place. Malgré les lourdeurs administratives et institutionnelles, ce projet permet de former, chaque année, près de 500 jeunes (soit 10 jeunes dans chacun des 50 magasins Auchan existant en France).
Les futurs stagiaires sont sélectionnés en fonction de leur motivation par le directeur du magasin, le responsable du recrutement et les tuteurs chargés de leur suivi. La formation se déroule en deux temps : quatre jours sont consacrés à la formation en entreprise, une journée à la remise à niveau au sein de l’organisme de formation partenaire du projet. Encadrés par un " parrain ", salarié de l’entreprise, un tuteur, chef de rayon, et suivi par un référant social, les jeunes ont six mois pour faire leurs premiers pas dans la vie " active ".
C’est toute une perception de la société qui doit être modifiée au travers de ce stage : le chômage, dans une famille, n’a pas uniquement des conséquences économiques. Ainsi, tout au long de sa formation, le jeune va apprendre à arriver à l’heure, à travailler au sein d’une équipe, à comprendre le fonctionnement d’une entreprise, à s’investir dans son travail, à être admis.
Pour que le dialogue puisse effectivement s’installer, il s’avérait absolument nécessaire de faire tomber les barrières et les a priori des uns envers les autres. La mobilisation des parrains était primordiale pour assurer le succès du projet. Leur capacité à transmettre leur savoir-faire a dépassé toute espérance. Les parrains ont su assurer leur rôle d’enseignants auprès des jeunes. La reconnaissance de leurs compétences a, en même temps, modifié leur place au sein de l’organisation de l’entreprise. Bénéficiant de formation, les " parrains " et " marraines " se sont ouverts à leur environnement et contribuent largement à développer l’action au sein de l’entreprise.
L’implication des chefs de rayon, chargés du suivi et de la bonne relation entre le parrain et le filleul, et le travail mené avec les différents organismes partenaires ont permis le développement d’une réflexion nouvelle.
young person, fight against exclusion, neighbourhood organization
, France, Nord-Pas-de-Calais
Le premier bilan s’avère très positif. Sur 280 jeunes, 62
ont été embauchés par Auchan, certains ont quitté la formation en cours et d’autres (17
)sont en recherche de poste.
La question qui reste en suspens concerne l’évaluation des jeunes. Sur quel critère se base-t-on pour les sélectionner ?
D’une telle expérience, un point essentiel est à retenir. Jeunes et formateurs ont dû apprendre à vivre, à travailler côte à côte. Ils ont franchi et dépassé ensemble les barrières d’appréhension qui les séparaient. Plus largement, l’entreprise se trouve impliquée dans l’organisation sociale des divers quartiers où elle est implantée.
Cette fiche a été réalisée à partir d’un ensemble des textes de L’Alliance pour la Citoyenneté des Organisations.
Report
LIBERT, Bruno; DUBOIS, Marie France, ACO=Alliance pour la Citoyenneté des Organisations; Pour plus d'informations contactez <SAMU AUCHAN>, 200 rue de la Recherche 59650 VILLENEUVE D'ASCQ, tel. 0320431212