Quelques propositions pour sauver l’île de la dérive touristique
02 / 1996
Dans sa brochure "Le Tourisme, une richesse en péril" consacrée au tourisme dans l’île polynésienne de Bora-Bora, l’organisme Tuatu Te Natura avance des "propositions" propres à pallier les inconvénients exposés dans le chapitre auquel elles font suite. Nous avons choisi de regrouper ces propositions.
Certaines d’entre elles suggèrent de simples améliorations pratiques, par exemple la mise en place d’une structure d’accueil et d’un bloc sanitaire public pour les visiteurs arrivant par caboteurs, ainsi que l’organisation du ramassage des ordures du quai et des bateaux, maintenant rejetés dans le lagon. D’autres demandent une application plus stricte et plus rigoureuse des dispositions réglementaires existantes, par exemple limiter les dérogations aux normes anti-cycloniques dont bénéficient les bungalows sur pilotis. Il faudrait stopper dès maintenant toute occupation du domaine maritime par des constructions sur pilotis et limiter la privatisation du territoire. Il conviendrait d’harmoniser les textes spécifiques existants, par exemple en "activant le plan d’aménagement et de gestion des ressources du lagon et en l’intégrant dans le plan d’aménagement générale de l’île". La population locale devrait faire l’objet de plus d’attention, par des aménagements adaptés dans la zone de l’île qu’elle occupe, et aussi en la maintenant informée, en l’associant aux décisions, et en assurant aux jeunes une formation de qualité aux métiers du tourisme, reconnue et validée. Mais pour réduire l’emprise du tourisme sur la vie de l’île et ses emplois, il faudrait revaloriser et gérer les productions agricoles traditionnelles (fruits, légumes, fleurs)pour la consommation familiale et touristique. Il faudrait aussi mieux gérer la pêche traditionnelle, en mettant en place une coopérative et un marché communal.
En ce qui concerne l’environnement, Tuatu Te Natura demande plus de rigueur dans la réglementation sur les études d’impact sur l’environnement, et voudrait les voir devenir obligatoires et accessibles notamment à l’occasion des enquêtes publiques. Le code d’investissement devrait prendre en compte l’environnement au même titre que l’impact économique.
Pour ce qui concerne les formules touristiques proposées aux visiteurs de l’île, le plus important serait de valoriser, par différents dispositifs, par un classement approprié et par des forfaits proposés dès les pays émetteurs, l’accueil chez l’habitant, jusqu’alors négligé et insuffisamment contrôlé. Ce qui, beaucoup plus que les dispositifs hôteliers, permettrait la mise en valeur des qualités traditionnelles d’accueil de la population de l’île, contribuerait au décloisonnement des ghettos existants, et rendrait aux habitants une participation active à l’industrie touristique sur leur territoire, ainsi qu’un retour aux valeurs traditionnelles et familiales de la société polynésienne.
Pour finir, il faudrait mieux connaître et interpréter les flux touristiques et les objets, les modalités et la durée des déplacements de populations, pour affiner les pronostics en matière de clientèle.
participation of inhabitants, community participation, protection of populations, vocational training, know how enhancement
, Polynesia, French polynesia
Ce document n’est pas tout récent (1993). Il reste cependant encore actuel. Les "propositions" de nature à améliorer à court, à moyen et long terme le tourisme à Bora-Bora, à en limiter les nuisances et à donner à la population locale une participation grandissante dans les décisions, pour promouvoir un tourisme plus responsable semblent réalisables. Son intérêt est d’être présenté sous une forme bilingue, qui ne le rend pas seulement accessible, mais en adapte la terminologie au langage courant, Il est donc en lui-même un intéressant exemple de ce qui peut être fait dans un lieu et une situation donnés, en mettant à la portée de la population une documentation technique et juridique. Il peut servir d’introduction à une information plus technique et plus complexe, et inciter d’autres groupes à entreprendre un travail semblable.
De par leur nature de microcosme, les îles sont plus fragiles et sont plus rapidement entrainées vers des dérives perverties et caricaturales. Le pire est la crainte de voir s’installer des situations irréversibles. Les auteurs de cette brochure restent pleins d’espoir, mais ils savent qu’il y a urgence sur un certain nombre de points.
L’association éditrice créée en 1984 publie un bulletin trimestriel bilingue, tiré à 500 exemplaires
Report
Tuatu TE Natura, Le tourisme, une richesse en péril, Tuatu Te Natura, 1993/02 (POLYNESIE FRANCAISE); Notre information a été complétée par un article de <BRYANT, Jacky>"La Perle du Pacifique" publié dans la revue <CONTACT>, numéro spécial <TOURISME ET SANTE>, numéro 133
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