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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Uruguay : les petits agriculteurs réclament des marchés à l’exportation

Pierre Yves GUIHENEUF

04 / 1997

L’Uruguay n’est pas une région menacée à court terme par les risques de pénurie alimentaire et les débats publics à ce sujet sont très limités. Le Sommet de Rome ne concerne réellement les agriculteurs que dans la mesure où ceux-ci y voient l’opportunité d’une ouverture des marchés mondiaux, notamment européens, pour leurs produits. La profession agricole est unanime à dénoncer les aides dont bénéficient les agriculteurs européens qui faussent la concurrence, et est appuyée en cela par le gouvernement actuel, clairement en faveur du libre-échange. Tous considèrent que le projet, proposé par l’Union européenne, d’exclure les produits agricoles d’un éventuel accord de libre-échange avec le Mercosur, n’est pas sérieux.

Mais il est vrai que si le libre-échange s’imposait entre les pays de l’Union européenne et ceux du Mercosur, l’agriculture européenne serait gravement menacée. Les producteurs d’Uruguay ou d’Argentine seraient actuellement en mesure, si aucune réglementation douanière ne les en dissuadait, de fournir de la viande d’excellente qualité à un prix inférieur de 20 à 40 % à celui des marchés européens*.

La compétitivité est due à la faiblesse des revenus

L’avantage comparatif des producteurs du sud de l’Amérique latine ne tient pas d’abord à l’étendue des exploitations agricoles : si certaines d’entre elles sont effectivement très vastes, elles ne représentent qu’une faible partie des éleveurs. En Uruguay, 15 % d’entre eux détiennent 80 % de la terre. En fait, un grand nombre de petites et moyennes exploitations, souvent modernisées, sont également capables de produire à un prix largement inférieur à celui du marché européen. Mais leur compétitivité tient à la faiblesse de leur revenu. Pour un éleveur uruguayen, le prix de la viande qu’il produit peut-être de 3 à 4 fois inférieur à celui perçu par son homologue européen**. Même si on tient compte de la différence de coût de la vie, l’avantage reste aux Européens. En outre, les agriculteurs d’Uruguay ne bénéficient d’aucune subvention publique. L’agriculture est même un secteur fortement imposé qui contribue au fonctionnement de l’économie nationale.

Ce n’est pas pour autant que notre organisation revendique le développement d’un système de libre-échange à l’échelle du monde, mais il est évident que nos agriculteurs doivent bénéficier de marchés à l’exportation pour se développer. Les subventions publiques dont bénéficient les agriculteurs européens sont déloyales, il n’est pas possible de prolonger un système dans lequel le revenu de certains agriculteurs est assuré par la misère des autres. Pour ces raisons, les marchés mondiaux doivent être plus ouverts. Mais il faut également que l’accès des petits et moyens agriculteurs soit garanti si l’on veut que cela se traduise par des bénéfices largement répartis.

* entre deux et trois dollars (10 à 15 FF)le kilo de carcasse arrivé en Europe.

** à titre d’exemple, le meilleur prix perçu par Silvio Marzarolli lors de la vente de ses jeunes bovins en 1996 a été de 0,7 dollars (3,5 FF)par kilo de poids vif.

Key words

agriculture and feeding, agriculture, countryman farming, nutrition, food sovereignty, food supply strategy, agricultural market, access to market, agricultural and alimentary products price, agricultural subsidy


, Uruguay

Notes

Ce texte fait partie d’une série de cas portant sur la question de la sécurité alimentaire, recueillis parmi les membres du réseau Agriculture paysanne et modernisation (APM)lors de la rencontre de Yaoundé, en septembre 1996.

Entretien avec MARZAROLLI, Silvio

Source

Interview

1997 (France)

GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - France - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr

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