Ici, l’agitation est grande côté médias électroniques. à première vue, les usagers n’ont que l’embarras du choix. Mais, en réalité, les programmes de télévision se ressemblent tous car tous obéissent à une même loi, flatter le goût populaire. Les intérêts des minorités étant méconnus, les programmes qui sortent de l’ordinaire n’existent pratiquement pas. Précisons enfin que le temps sur les ondes coûte très cher, bien trop cher pour le petit peuple.
Pourtant, en décembre 1992, lorsque la compagnie privée, Wharf Cable, décroche sa licence pour diffuser sur le câble, un vent d’espoir se met à souffler. Y avait-il du nouveau dans l’air? à l’époque, nous serons treize (des experts dans le domaine et des citoyens engagés)à signer une pétition en faveur d’une chaîne d’accès public (PAC). Mais cette demande que nous ferons parvenir au gouverneur essuiera un refus sous prétexte qu’il n’existe alors pas assez de chaînes. Par contre, le gouvernement acceptera d’étudier la possibilité de permettre, mais plus tard, d’utiliser librement jusqu’à un maximum de trois chaînes.
Le 31 octobre 1993, Wharf Cable commence donc à diffuser sur onze chaînes. Les membres du Conseil Législatif LEGCO (l’aile législative du gouvernement)propose que soit planifiée la mise en usage des trois chaînes promises. L’espoir monte d’un cran. Du coup, un groupe de vidéastes et des citoyens engagés démarrent Media Concern pour suivre l’affaire de près. De mon côté, je me mets à leur transmettre des informations venues des États-Unis, informations où il est question de PAC. Puis, en mai 1994, le mouvement fait parvenir un mémoire au gouvernement. à la suite de quoi, celui-ci met en branle une étude de faisabilité et demande au grand public de faire savoir ce qu’il en pense. Mais le nombre de réponses est décevant. En fait peu de gens, même ceux qui s’y connaissent en la matière, comprennent de quoi PAC retourne.
Conséquemment, Media Concern organisera trois forums. Pour ma part, aidé par quelques enthousiastes, je fonderai Media Access dans le but d’organiser des ateliers où l’on formerait des personnes prêtes à faire connaître PAC à la communauté. Malheureusement, l’énergie de cette poignée de militants devra se concentrer sur d’autres urgences (égalité des droits pour les femmes, évacuation forcée des gens vivant sur les toits). Finalement, nous réussirons juste à écrire un autre mémoire et à démarrer une modeste campagne de signatures.
Entre temps, l’attitude du gouvernement se détériore. S’abritant derrière les vieilles excuses, ce dernier prétend que PAC, qui doit diffuser les programmes fournis par le public, va peut-être choquer la moralité publique et froisser des sensibilités; que PAC va à l’encontre de la notion voulant que les stations doivent assumer la responsabilité de ce qu’elles diffusent. Par ailleurs, le groupe chargé de l’étude de faisabilité ne se décidera jamais à aller recueillir l’opinion des gens et le rapport promis ne sera jamais divulgué.
Finalement, en mai 1995, s’appuyant sur ce rapport non publié, le conseil exécutif (groupe consultatif d’orientation attaché au gouverneur)rejette l’idée du PAC. Quant à nos lettres de protestations et aux signatures recueillies pendant la campagne d’un jour, une missive fort polie nous apprend que, oui, on les a bien reçues... Pour l’instant, les militants du PAC n’iront pas plus loin car ils ont d’autres chats à fouetter. Reconnaissons que la lutte n’a rien donné mais demandons-nous aussi pourquoi. Certains facteurs sont uniquement locaux, mais d’autres pourraient servir de leçon aux prochains défenseurs de PAC.
Parmi les facteurs locaux, mentionnons le rapatriement de Hong Kong, présentement une colonie britannique, en terre chinoise, prévu pour 1997. Un événement qui déclenche un sentiment d’impuissance générale. Dans un tel contexte, nos efforts de mobilisation tombent à l’eau. Ajoutons qu’un courant d’autocensure traverse les institutions locales qui ont peur de déclencher l’ire chinoise. En fait, des représentants gouvernementaux ont déclaré dans un sous-comité de LEGCO qu’il n’y aurait pas de PAC car la Chine pourrait bien ne pas le permettre. Ce qui explique aussi pourquoi la réaction au rejet du conseil exécutif n’a pas été très virulente. Nos militants savaient qu’il était peine perdue de continuer à se battre. Je pense, moi, que la lutte est affaire d’éducation et que cela vaut la peine de ne pas lâcher.
Quant aux autres facteurs, ceux qui pourraient être universels, j’en vois surtout deux. Premièrement, PAC n’était pas suffisamment connu car les militants s’y sont pris trop tard pour le "publiciser". Le second facteur touche au caractère même de l’endroit. Hong Kong est une ville très active où l’argent est roi. Ici, on ne pense qu’à ça et les militants ne courent pas les rues. Coût de vie très élevé, compétition acharnée, aide sociale bien maigre, insécurité financière, tentations matérielles de toutes sortes. Face à tous ces problèmes, les gens deviennent littéralement fous. Alors, où trouveraient-ils le temps et l’énergie pour se préoccuper de la société? Les ennemis sont invisibles, il n’est pas facile d’en triompher. Plutôt que de mijoter dans nos frustrations, nous ferions mieux de les affronter.
communication, information and communication technology, telecommunications
, Hong Kong
Choi Kam Chuen est le fondateur de :
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