Pendant des années les militants des médias communautaires sud-africains étaient occupés à mener des luttes de résistance et, ce faisant, à surveiller de près les orientations publiques. Maintenant que le pays est en plein développement, le défi à relever est autrement plus délicat. Dans le contexte actuel, il faut en effet organiser un type de télévision qui ouvrira ses portes au communautaire. Et c’est Open Window Network qui a pris l’affaire en main. Qui nous sommes? Un tout jeune réseau national constitué de vingt-deux groupes de télévisions et vidéos communautaires et de plusieurs organisations de services qui s’occupent de formation, de production, de distribution et de présentation. Pour résumer, O.W.N. est en train de démarrer un programme national qui fera la promotion de l’accès communautaire à la télévision sud-africaine.
Ici, l’apartheid nous a laissé un lourd héritage d’injustice et toute initiative en faveur du développement d’une télévision communautaire doit veiller à redresser l’équilibre avant tout. Cela signifie qu’il va falloir développer les ressources humaines à la radio et à la télévision. Mais pas dans n’importe quel sens. Il faut que ce soit des personnes du secteur communautaire qui viennent grossir les rangs des secteurs et public et privé. L’on songe également à constituer un éventail de télévisions communautaires indépendantes. Dans cette optique, il sera tout aussi important d’avoir accès à des services de formation, de production, de distribution, de présentation et de diffusion.
La télévision communautaire est donc en passe de jouer un rôle important dans le secteur du développement, et je donne ici son sens le plus large au terme développement. Le RDP (un programme gouvernemental de reconstruction et de développement)admet que l’information et une population informée sont les conditions sine qua non du succès de son programme. Aussi est-il très important que le monde puisse discuter des approches communautaires et des solutions capables d’enrayer les problèmes de base que la majorité des Sud-africains rencontrent encore. Il faut donc que les gens disposent de moyens efficaces pour exprimer leurs besoins. En outre, le rôle de la télévision est cruciale si l’on veut que tout le monde participe de façon démocratique car n’oublions pas que, chez nous, il reste encore beaucoup d’analphabètes.
Mais attention! Cela ne veut pas dire que le fait d’avoir accès aux technologies audio-visuelles débouche forcément sur un type de participation démocratique. Si la télévision communautaire accepte de jouer le jeu de manière effective, alors il nous faudra fouiller plus loin cette notion d’accès. Le cheminement historique de l’Afrique du Sud ne ressemblant à aucun autre, les gens de notre pays ont un sens de la participation très poussé. Ils ressentent également en profondeur ce que veut dire un processus politique qui appartient au peuple. Les communautés, certains secteurs communautaires en tout cas, sont cohérents et bien organisés. Les bases sociales pour implanter avec succès une télévision communautaire sont déjà en place. Or, un outil de ce genre peut aider les communautés à mieux communiquer entre elles et avec le reste du monde. En effet, communautés, ONG et organisations communautaires ont besoin de formation pour devenir de bons communicateurs. Mais il faudra se concentrer sur le message et pas seulement sur l’accès au média car la participation communautaire, c’est plus qu’une affaire de contrôle.
Pour ce faire, la télévision communautaire, qui partira de zéro, devra traverser différentes phases de développement et développer la capacité de production de communautés marginalisées par l’histoire. Mais comment s’y prendre direz-vous? En mettant sur pied un programme de formation national qui coordonnerait des instituts de formation disséminés un peu partout. En organisant aussi des centres d’accès vidéo (CAV)dans des secteurs qui n’ont pas ce genre de capacité de production. La formation sera intégrée à la production qui, elle, financera en partie la formation. O.W.N. a d’ailleurs l’intention d’aller chercher des fonds gouvernementaux par le biais des services qu’ils offriront au South African Communications Services et de contrats de travail passés avec le secteur des ONG. De plus, nous sommes en train de tisser des liens de coopération étroits avec la télévision d’État et nous négocions avec elle ces jours-ci pour instituer des mécanismes permettant de présenter et de commanditer des programmes communautaires.
Une fois qu’ils seront suffisamment solides, les CAV s’adresseront à l’Independent Broadcasting Authority pour demander leur licence de télévision communautaire. Pour l’instant, le réseau discute des différentes désignations de fréquences possibles et étudie comment des stations de télévision communautaires pourraient partager à long terme le matériel de programmation. On est d’ailleurs en train de regarder de près le modèle Consortium avec lequel on a déjà fait deux tests de transmission au Cap et à Durban. Plus tard, on pourrait penser aux satellites pour retransmettre les programmes communautaires dans l’ensemble du pays. On étudie ce moyen de près également.
Il est clair que nos buts et nos objectifs viennent compléter les efforts de la presse et de la radio communautaires. C’est pourquoi O.W.N. travaille main dans la main avec les organisations fraternelles qui oeuvrent dans ces deux secteurs. Aussi, pour pouvoir défendre conjointement les questions qui nous tiennent à coeur, avons-nous créé des liens et mis en place des structures officielles. Je veux parler du National Community Media Forum. Pendant que se forgent les politiques des télécommunications et la régulation de l’environnement, nous nous mettons ensemble pour proposer notre vision de la télévision communautaire. Le moment est venu d’inculquer à notre jeune pays les notions d’accès communautaire et de participation, notions qu’il ne faut jamais séparer de l’information et des technologies de communication.
communication, communication network
, South Africa
Karen Thorne est la Secrétaire générale de :
Open Window Network,
Centre for Democratic Communications,
P.O. Box 32022, Braamfontein,
Johannesburg 2107, Afrique du Sud
Tél. : (27 11)403 2750
Fax : (27 11)403 1510
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Videazimut, DÉFENDRELE DROIT DE COMMUNIQUER in. Clips, 1995 (Canada), 9
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