Plaidoyer pour une agriculture solidaire, économe et productive
07 / 1998
Dans les systèmes d’élevage intensif, l’alimentation des vaches laitières est composée d’aliments produits sur l’exploitation (herbe, céréales, racines, foin, paille), d’aliments importés (soja, arachide, corn-gluten), mais aussi de co-produits de l’industrie agro-alimentaire (mélasse, drêches, pulpes), et de produits provenant de l’industrie chimique (urée, ammoniac, formol, acides aminés, bicarbonate de soude). C’est la fameuse ration complète mélangée. Les agriculteurs du CEIPAL (Centre d’Etudes et d’échanges Internationaux Paysans et Actions Locales)ont comparé la valeur alimentaire d’une herbe de prairie naturelle et celle de la ration complète mélangée et ils ont constaté que celles-ci étaient similaires. Or, en captant l’énergie solaire, l’herbe procure aux ruminants puis aux hommes une forme d’énergie gratuite et renouvelable. Le même constat a été établi concernant la fertilisation chimique par rapport à l’utilisation de fumier et de légumineuses, ainsi que pour l’alimentation des veaux avec du lait en poudre par rapport à une alimentation avec du lait maternel.
Ce système consommateur de matières premières a de multiples conséquences. Les aliments importés proviennent généralement des pays en voie de développement (soja du Brésil)où l’augmentation des cultures industrielles se fait aux dépens des cultures traditionnelles. Ce système génère de la spéculation par les flux de denrées et les flux monétaires qu’il provoque. Il dégrade l’environnement (déforestation, pollution). Enfin, la logique productiviste qui a amené l’homme à refabriquer de l’herbe, à élaborer des substituts synthétiques aux engrais de ferme, à l’azote de l’air et au lait de vache crée maintenant des monstres avec le génie génétique.
Forts de ces constatations, des agriculteurs ont fait le choix d’une agriculture plus autonome en gérant de façon plus naturelle leur système, notamment les prairies. Ils ont ainsi l’impression d’avoir redécouvert le métier de paysan, ils se sentent réconciliés avec la nature et ils en tirent une grande satisfaction. La limitation des intrants et la réduction des charges a même conduit à une amélioration des revenus.
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, France, Europe
La vieille controverse sur l’agriculture productiviste dans le cadre des rapports Nord/Sud est ici présentée de manière très didactique et même poétique. Est-ce réaliste de penser que la tendance va s’inverser et que le système de polyculture-élevage autoproducteur de matières premières se rétablisse? La démarche de ces agriculteurs démontre que l’alternative est viable. Le jour où les consommateurs réclameront des produits plus équitables tant du point de vue de leur composition que des échanges qu’ils sous-tendent, alors le marché suivra.
Book
RHESSY, J.A., Le bonheur est dans le pré. Plaidoyer pour une agriculture solidaire, économe et productive, CEIPAL in. Dossier pour un débat, 1996 (France), n° 69
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