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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Paroles d’urgence

De l’intervention-catastrophe à la prévention et au développement: l’expérience d’Action d’Urgence Internationale

J.P. TRANCHANT

07 / 1998

Au lendemain de la première guerre mondiale, à l’initiative de Pierre Ceresole un pacifiste suisse, une dizaine de volontaires acceptent de tout quitter pour se mettre au service des sinistrés de la région de Verdun. Ce fut le début du Service Civil International (SCI). Par la suite ces volontaires vont surtout agir dans le cadre de catastrophes naturelles. En 1957 sont nées les équipes d’urgence de façon à pouvoir intervenir à n’importe quelle époque de l’année, ce qui oblige l’organisation à se structurer. Il s’agissait de pouvoir agir vite, donc d’avoir des volontaires disponibles; d’agir efficacement, donc de former ces volontaires, et enfin d’agir avec des moyens appropriés, donc d’avoir un fichier de matériel et de moyens financiers qui peuvent être rapidement débloqués. Dans les années soixante, le SCI souhaite ne plus agir seul et établir un lien entre l’urgence et le développement. Il émet alors l’idée d’un corps d’intervention placé si possible sous les auspices de l’ONU. L’idée n’aura que peu d’écho, néanmoins un collectif regroupant 13 organisations sera crée, c’est le Corps Mondial de Secours (CMS). Suite à une rupture entre le courant "diplomatie" et le courant "terrain", la majorité des volontaires et des associations présentes au CMS ont remis leur démission. Un groupe de volontaires et quelques représentants d’associations se sont alors retrouvés pour former Action d’Urgence Internationale (AUI).

On peut distinguer quatre périodes dans le développement de l’AUI:

- de 77 à 80: période de structuration et d’action. L’association prend son élan. Elle a l’expérience, du matériel, des volontaires entraînés et compétents grâce à une formation bien rodée. Elle est reconnue des pouvoirs publics français; et elle tisse des liens avec des partenaires multiples, pourtant elle reste de taille modeste.

- de 81 à 84: période de réflexion sur les pratiques. A plusieurs reprises la dynamique d’intervention a été réduite ou bloquée faute de moyens ou suite à des blocages administratifs ou politiques. Ainsi s’est posée la question de la taille de la structure, ce qui aboutira à la mise en place d’un partenariat plus fonctionnel. Plutôt que de fonctionner avec un groupe restreint d’associations liées par un protocole général, l’AUI étendra son réseau à partir des liens créer sur le terrain.

- de 85 à 90: période marquées par l’émergence de deux courants. Le premier est axé sur l’urgence et l’action directe. Le second, plus orienté vers une vision tiers-mondiste affirme que l’urgence ne peut se dissocier du développement et qu’un investissement à long terme est nécessaire, notamment au travers d’un partenariat avec les ONG locales.

- de 90 à 95. Les deux courants (urgence/développement)vont continuer à s’affirmer chacun de leur côté et la cohabitation sera parfois difficile. Les crises financières ou structurelles sont toujours latentes, mais suite à l’augmentation du nombre des membres de l’association, une nouvelle énergie semble se dessiner.

AUI a contribué à remettre en cause l’image des situations de crise telle qu’elle est perçue par le public, les médias, les pouvoirs publics ou les agences d’aide. Ainsi, contrairement à l’idée reçue, les populations sinistrées font toujours preuve d’une grande solidarité dans l’adversité, et elles sont plus efficaces dans les premiers secours que l’aide extérieure. Les problèmes de contamination de l’eau, d’épidémies ou de pillage suite à une catastrophe naturelle tels qu’ils sont présentés par les médias ne correspondent pas à la réalité. De même l’idée qu’une catastrophe engendre une pénurie alimentaire est une exagération dans la plupart des cas. Ainsi l’aide alimentaire qui arrive sur place est souvent exagérée ce qui désorganise le marché local. Cette démarche d’analyse critique a permis à l’AUI d’adapter ses actions et d’agir avec une plus grande efficacité.

Un concept clé: la vulnérabilité. Une catastrophe n’est jamais naturelle mais elle représente l’interaction entre l’ampleur d’un phénomène naturel (ouragan, séisme, inondation...)et la vulnérabilité des populations concernées. Plus une population est démunie, plus elle sera sujette aux conséquences d’un tel événement car la vulnérabilité c’est l’ignorance des risques, le manque de préparation et de prévention. Dans le cadre de la décennie internationale pour la prévention des catastrophes naturelles déclarée par les Nations Unies, l’AUI entend promouvoir le discours sur les vulnérabilités en insistant sur le rôle des ONG et la nécessaire prise en compte des populations concernées et des structures locales dans toute politique de prévention.

L’histoire de l’AUI s’illustre par un parcours en "dent de scie": un aller-retour perpétuel entre réflexion et actions de terrain. Paradoxalement, l’association a conservé une dimension avant-gardiste et riche, mais elle ne décollera jamais d’une structure modeste, souvent hésitante et toujours limitée dans les moyens.

Key words

natural disaster, international NGO, cooperation


, France

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Au delà de l’analyse, ce dossier décrit les principales interventions sur le terrain du SCI puis de l’AUI, suite à des catastrophes naturelles.

Source

Book

ROBERTS, Tom, Paroles d'urgence. De l'intervention-catastrophe à la prévention et au développement: l'expérience d'Action d'Urgence Internationale, FPHAUI in. Dossier pour un débat, 1997 (France), n° 79

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