02 / 1998
L’environnement mérite de nos jours une attention particulière car, avec l’explosion démographique, sa dégradation est devenue très rapide. La pollution de l’environnement par les ordures ménagères constitue une grande préoccupation dans nos cités où les communes et collectivités locales dont nous reconnaissons la modicité des ressources n’ont pas encore trouvé la solution idoine.
Ainsi, un groupe de jeunes en chômage et sans revenus parmi lesquels des diplômés, a décidé d’assurer le ramassage des ordures ménagères dans le quartier périphérique de Meudong à Yaoundé au Cameroun.
A l’origine, le quartier était une simple cité lotie et construite par une société immobilière. Avec le développement de la ville par la croissance démographique, d’autres quartiers sont venus se greffer tout autour de la cité.
Elle est caractérisée comme dans beaucoup de quartiers des pays sous-développés par l’insalubrité. Et le drame résultait du fait que chacun pensait que ce n’est pas son problème particulier mais plutôt celui d’autrui ou des autorités seulement. Ainsi, les immondices, les inondations, les moustiques et les maladies infectieuses (surtout pour les enfants plus fragiles) sont le lot quotidien du quartier.
Pour mettre un frein à cet état désastreux, un groupe de jeunes dénommé Gic-Jjevolec a mis en place un système de ramassage des ordures ménagères dont les populations doivent assurer la prise en charge. Le nécessaire changement de comportement des populations locales a fait que l ’éducation et la sensibilisation ont été les premiers soucis des animateurs (sensibilisation porte à porte, les dangers d’une mauvaise gestion des déchets, le besoin de trier les déchets).
Cette campagne intense a duré un mois et s’est clos par un grand séminaire qui a mobilisé toutes les couches et sensibilités de la population.
Pour le ramassage des ordures ménagères, les travailleurs effectuent régulièrement des descentes chez les ménages. Les déchets sont transportés avec des brouettes de fabrication artisanale. Les ménages les plus engagés font déjà le tri dans 2 bacs distincts.
Chaque foyer apporte une contribution mensuelle :
- 500 Fcfa pour les foyers de trois personnes
- 1000 Fcfa pour les foyers de plus de trois personnes.
Le quartier avec plus de mille logements, une population estimée à 5000 habitants produit deux mille kilogrammes d’ordures ménagères par jour en moyenne.
Cependant, seuls 150 logements sont abonnés au projet. Ainsi, certains ménages ont leurs ordures ramassées gratuitement dans l’optique de les sensibiliser et de les convaincre de s’abonner.
Le groupe fait du compost avec les ordures ménagères biodégradables qu’il revend ensuite aux agriculteurs et maraîchers locaux pour servir d’engrais, ce qui constitue une autre source de revenus pour faire face aux nombreuses charges. Pour le compostage, le groupe n’a pas son propre terrain et les propriétaires menacent souvent de les déguerpir. Alors, il faut souvent payer le prix de la cola pour qu’ils se taisent.
Une troisième source de revenus dans le cadre de leurs activités serait aussi la récupération et le recyclage de déchets durs. Il s’agit de bouteilles, seaux en plastique, métaux, etc.
Parmi les difficultés du groupe il y a en premier lieu le manque de considération de la part de certaines personnes : les gens se moquaient des nouveaux diplômés qui n’ont d’autre travail que de ramasser les ordures.
De même que les finances ne suffisent pas pour faire face au besoin en matériel et les indemnités des travailleurs. Il est question aussi de trouver auprès des autorités un terrain pour le compostage des déchets et être à l’abri des maîtres chanteurs propriétaires de l’actuel site.
Compte tenu de la volonté sans cesse réaffirmé des agents du Gic-Jevolec, il est souhaitable que des organismes viennent les soutenir dans cet effort de lutte contre la pollution de l’environnement. Mais, en premier lieu, il y a l’adhésion des populations et des autorités locales.
pollution, household waste, young person, urban development, deteriorated neighbourhood, waste recycling, environmental movement, urban ecology, environmental education, mobilization of the inhabitants, environmental degradation, health and environment
, Cameroon, Yaoundé
Gouverner les villes avec leurs habitants
Cette fiche a été réalisée au cours de la rencontre à Dakar qui a réuni en février 1998 des habitants, des élus, des techniciens des villes de onze pays d’Afrique (Ouest et Cameroun).
Contact : GIC-JEVOLECBP 14052 Yaoundé, Cameroun
Entretien avec Irène ELOUNE
CREDETIP (Centre de Recherche pour le Développement des Technologies Intermédiaires de Pêche) - B.P. 3916 Dakar SENEGAL - Tél. : (221)821.94.62 - Fax : (221)821.94.63 - Senegal - credetip (@) sentoo.sn