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Universalité ou complémentarité des rationnalités ?

Jacques POULET MATHIS

03 / 1998

On trouvera ci-après l’essentiel, pour moi, de la substance des conclusions de l’article sous référence de J. J. SALOMON. « L’utilisation de la science et de la technologie ne peut se réduire à l’insertion de connaissances ou de savoir-faire, de techniques ou de méthodes dans un tissu social, si celui-ci n’est pas prêt à les recevoir. « D’où les illusions, voire les échecs de nombre de « transferts de technologie ». Il existe bien des savoirs ou savoir-faire dont l’existence bien sûr, mais également l’efficience, ne doivent rien à la science occidentale. L’exemple le plus classique est celui de la santé. « Le reproche fait à la bio-médecine occidentale de reposer sur des médicaments et des thérapies agressives, qui ne respectent pas l’« harmonie des équilibres entre la « Psyché » et le « Soma » a conduit à reconnaître la pluralité des rationalités, non pas en les opposant deux à deux mais en affirmant leur complémentarité. (…) Cette complémentarité ne se limite pas aux pratiques thérapeutiques, elle débouche sur des travaux de recherche qui tendent à associer la pharmacopée traditionnelle et la chimiothérapie moderne. (…) La coexistence de ces rationalités appelle une réflexion, non seulement sur les limites des formes de connaissance qui ne se plient pas aux critères de la science moderne, mais aussi sur les limites auxquelles se heurte l’application même de la rationalité scientifique moderne. Ainsi la science moderne, qui fondait ses prétentions à l’universalité sur l’association du savoir et du pouvoir, découvre-t-elle à nouveau la nécessité de se préoccuper du fossé qui sépare la connaissance de la sagesse. " (…) « Le processus d’identification, de sélection et de formulation des problèmes, qui permet à la recherche scientifique de s’y attaquer, est à l’évidence influencé par des facteurs économiques, sociaux, politiques et culturels. Et si le choix d’un projet de recherche particulier peut être davantage influencé par des considérations étroitement liées à la conduite de la recherche scientifique, le sens général de l’effort scientifique d’un pays est (ou devrait être), à l’évidence, conditionné par le contexte général dans lequel la science prend place dans ce pays. La formulation des hypothèses et la construction des théories qui seront mises à l’épreuve, sont aussi influencées par des considérations plus larges, de nature culturelle. Enfin, le processus de mise à l’épreuve et de vérification des hypothèses doit se prêter à des corroborations indépendantes, pour rapporter et opposer rigoureusement les hypothèses (et les prévisions qui en découlent) aux comportements réels des phénomènes concernés. Cet aspect de la recherche scientifique est, à l’évidence, celui qui se prête le moins à l’introduction de considérations locales, et les méthodes de vérification devraient, au, moins idéalement, être véritablement universelles. »

Key words

science, technology, research policy, research and development, traditional knowledge, know how, technology transfer, culture and development, culture and technique, science and culture, health

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Ideas, Experiences and Proposals On Sciences and Democracy

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L’intérêt de ce papier est, pour moi, double. Il met d’abord l’accent sur la nécessité pour tout pays, et au premier chef pour ceux qui échappent (encore…) à l’imprégnation totale des modes culturels et sociaux de fonctionnement de l’« Occident », d’ajuster les priorités de son effort de recherche aux problèmes prioritaires du pays, et pas seulement aux exigences d’appartenance de ses chercheurs au « main stream » de la science dominante. Il souligne ensuite l’importance d’une valorisation renouvelée des savoirs et savoir faire traditionnels du pays (probablement non sans rapport avec les systèmes éco-socio-techniques qui lui sont spécifiques…) par leur articulation étroite, (et par là, peut-être leur re-fécondation) avec les savoirs de la science « moderne ».

Notes

Le texte présenté ici est, sous le titre -la complémentarité des rationalités- la conclusion de la contribution de J. J. SALOMON, intitulée « La science et la technologie moderne » à l’ouvrage « La quête incertaine- Science-technologie-développement » qu’il a coordonné pour l’Université des Nations Unies. L’auteur est directeur du centre « Science technologie et société » du Conservatoire National des Arts et Métiers » à Paris

Source

Book

SALOMON, Jean Jacques, LA QUETE INCERTAINE. Science-technologie-développement, EconomicaUnited Nations, 1994 (France)

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