Expériences de radio participative et communautaire à travers le monde
07 / 1996
Comme tout instrument performant, la radio est capable du meilleur comme du pire. Dès les années trente, elle contribuait à démocratiser la communication sociale... et véhiculait la propagande nazie.
Car il y a radio et radio. Celle dont on parle ici, au travers de ces 23 expériences recueillies à travers le monde, se donne pour objectif de favoriser la participation de la population à l’ensemble de ses activités, de faire parler les auditeurs et communiquer les personnes. Dans les radios appelées communautaires, associatives ou participatives, les auditeurs motivés peuvent prendre en charge la réalisation d’une émission ou faire partie du conseil d’administration. Délibérément différentes des radios commerciales et des grands médias publics, elles se caractérisent par leur diversité et jouent un rôle décisif pour les oubliés de la communication.
L’utilisation de la radio comme outil de changement culturel et politique est de plus en plus fréquente : cours d’alphabétisation, vulgarisation de techniques agricoles, appui aux initiatives de la population, organisation de débats d’idées, information non complaisante sur l’actualité... Les expériences présentées diffèrent assez fortement selon leur contexte socio-politique.
En Afrique, où 8 personnes sur 10 vivent en milieu rural et où l’analphabétisme est fort, la radio bénéficie d’un grand succès. Les émetteurs communautaires parlent souvent les langues locales, constituant ainsi un instrument de résistance à l’uniformisation voulue par beaucoup d’administrations. Avec la démocratisation politique des années 80, ils se renforcent au dépens des monopoles d’Etat et alimentent le processus de participation.
En Asie, la prise d’autonomie par rapport aux radios héritées de l’époque coloniale a été plus tardive qu’en Afrique. Des émetteurs autonomes ont parfois été voulus par l’Etat, comme ce fut le cas au Vietnam à partir de 1991. Malgré cela, la radiodiffusion reste un monopole public dans de nombreux pays d’Asie. Seules les Philippines, marquées par le système commercial américain, se démarquent des autres pays et comptent plusieurs radios rurales, fruits des efforts d’universités et d’organismes de développement.
En Europe, la vague des radios libres a balayé les monopoles d’Etat dans les années 70 avant de céder la place à son tour aux grands réseaux privés. Seuls subsistent quelques rescapés. C’est probablement dans les pays de l’Est (Pologne, Tchécoslovaquie, Russie...)qu’on note l’intérêt le plus marqué pour les modèles alternatifs de diffusion. Mais, par rapport aux pays du Tiers monde, la radio occupe en Europe une place bien moins grande dans la communication sociale.
En Amérique latine, région pionnière en matière de radio participative, multiples sont les initiatives, depuis les petites stations jusqu’aux simples haut-parleurs installés dans les bidonvilles pour que les habitants prennent la parole. Suscitant la participation populaire ou portant la voix de revendications politiques, elles sont mises en place par des groupes divers : associations de femmes, communautés indiennes, syndicats, organisations paysannes, église catholique, mouvements de guérilla...
En Amérique du Nord, les modèles sont aussi diversifiés que dans le sud du continent. Assez engagées sur le plan culturel ou politique, les 300 stations des Etats Unis et du Canada s’adressent souvent à des groupes sociaux minoritaires ou marginalisés. Des groupes noirs ou des associations de lutte contre la pauvreté renouent même avec la tradition des radios pirates grâce à des émetteurs de quartier de faible puissance.
radio, community radio, popular culture, cultural resistance, communication
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Le livre "La passion radio" rassemble 23 récits rapportant autant d’expériences de radios communautaires à travers le monde. L’un d’eux fait l’objet d’une fiche : L’Echo de Moscou.
Book
BERQUE, Pascal, FOY, Evelyne, GIRARD, Bruce, La passion radio, SYROS ALTERNATIVES, 1993 (France)
GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - France - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr